Louve Banshee

Chapitre 1

Pourquoi partir faire le tour du monde au moment où sa vie semble être parfaite ? La question je me la suis posée des dizaines de fois sans jamais trouver la réponse. Même maintenant, au volant d'une voiture de location, sur la côte ouest des Etats Unis, je ne suis pas sûre de l'avoir.

J'avais tous pour être heureuse : ma propre boîte ; un appartement de rêve sur la côte Basque ; suffisamment d'argent pour palier à mes besoins et ceux de Maman ; et un petit ami qui acceptais la relation, parfois envahissante, entre Maman et moi. Bref, les années de galères étaient terminées et j'avais une vie de rêve. Mais en me levant tous les matins, j'avais l'étrange impression que je n'étais pas à ma place. J'avais beau cocher une par une les cases de ma bucket list, ce sentiment était de plus en plus fort.

Après plusieurs mois à repousser mes limites et à tester toutes sortes d'aventures, il ne me restait qu'une chose à cocher : faire le tour du monde. Bertrand, mon petit ami hyper compréhensif, ne comprenait pas pourquoi je voulais partir seule pendant plusieurs mois.

- Mais enfin pourquoi je ne peux pas t'accompagner ?

- Parce que j'ai besoin de faire ça seule.

- C'est quoi ? Une retraite spirituelle ? ajoutait-il avec un ton ironique.

- T'es un crétin, Bertrand.

- Roh ça va, je rigole. Je te charrie avec ça. Tu sais bien que je respecte tous ces trucs de méditations et de yoga que tu pratique. Mais ...

- Non, tu ne respects rien. Tu n'y comprends rien parce que tu es trop con pour t'y intéresser.

Le ton montait et je savais très bien où cette conversation allait nous mener. Mais il était hors de question que j'accepte ses conditions. Depuis le début de notre relation j'avais toujours été conciliante et j'essayais toujours de trouver une solution pour lui faire plaisir, à lui. Mais pas cette fois.

- C'est terminer, avais-je dit d'un ton calme. Je veux que tu partes.

- Quoi ? Tu me quittes ? C'est vraiment ce que tu veux ?

Je m'étais contenté d'hocher la tête. Il avait quitté l'appartement en claquant la porte. C'était la dernière fois que je le voyais.

Maintenant que j'y repense, j'aurais dû faire ça depuis longtemps. Pas seulement le quitter mais m'affirmer et choisir de faire ce que je désire vraiment. En presque neuf mois de périples, j'ai vécu des aventures extraordinaires, j'ai rencontré des gens merveilleux et j'ai découvert des paysages à couper le souffle. Alors c'est vrai au début j'étais flippée au moindre problème qui survenait et qui chamboulait mon planning. Car oui j'avais tout prévu : chaque ville, chaque visite, chaque déplacement, tout était soigneusement étudiés. Mais après plusieurs crises d'angoisse suite à des avions manqués ou à cause des intempéries, j'ai vite abandonné l'idée de tout prévoir. J'ai appris que les imprévues font le voyage et que souvent de belles choses peuvent en découler. Et en voyant les paysages américains défiler sous mes yeux, j'en prends pleinement conscience. Avec surprise je constate que j'aime beaucoup cette partie des Etats Unis. Les paysages sont sublimes, les gens sont d'une gentillesse incroyable et les coutumes sont empreintes de magie.

J'ai profité du soleil de Los Angeles pendant plusieurs jours et je prends maintenant la route pour San Diego. Selon le GPS de la voiture, je devrais arriver avant la tombée de la nuit. Mais après plusieurs heures de route, le soleil commence à tomber, et l'ombre de San Diego ne se dessine toujours pas à l'horizon. La raison ? Je ne suis plus sur la bonne route, je me suis aventurée dans la forêt de Californie, éblouie par le panorama. Heureusement je rencontre enfin une ville : Beacon Hills, petite bourgade typique de cet état. Je décide d'y passer la nuit avant de repartir à l'aube.