Victor

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« L'amour c'est l'incompréhension exacte du sentiment. »

Dawhens Débot

Je suis allongé dans mon lit les bras croisés sous ma tête et je fais dérouler les derniers jours. Comme un film qui passe devant mes yeux, les images défilent à grande vitesse.

Voilà deux jours que je vois Katell en train de s'éloigner de moi. Elle me fuit. Je ne comprends pas ce qui lui arrive. Elle me dit qu'elle est fatiguée, je m'en rends compte, mais ce que je n'arrive pas à savoir c'est pourquoi elle refuse de me parler. Elle se soustrait quand j'essaie une approche physique. Je pourrais l'aider, la soulager cependant elle continue d'éconduire mes propositions. Elle m'a même demandé à ce que l'on prenne un peu de distance et que nous ne dormions plus dans le même lit.

Ça a été un vrai uppercut. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Je bouillonne de colère, parce que je ressens des sentiments inconnus pour cette fille. Tout se passait pour le mieux entre nous. Quand je suis avec elle, je me sens vraiment bien, presque à ma place. Comme si nous étions en parfaite osmose. Je crois même qu'un mot que je n'ai jamais dit à personne s'infiltre dans mon cerveau quand je pense à elle.

Est – ce qu'elle attend que je lui dise ces mots ? Et si, elle se rendait compte que l'on faisait une sacrée erreur en étant ensemble ?

Je rage intérieurement. La simple hypothèse qu'elle disparaisse de ma vie me fait angoisser. Elle a pris trop de place au fond de mes entrailles. Mon muscle cardiaque se contracte bien trop fort à la moindre idée de la voir s'éloigner. Mes mains sont en manque de ses courbes, ma bouche de ses lèvres, mon nez de son odeur. Mon corps a besoin de sa chaleur. Mon irritation doit se sentir à des kilomètres, je suis maussade et les traits de mon facies sont fermés. L'incompréhension de son comportement me donne des nœuds au cerveau. Je réfléchis et réfléchis encore à ce qui a pu se produire, pour qu'elle se ferme complètement.

Son visage parle pour elle, ses yeux sont creux, son teint est blanc. Son dos est vouté et ses pieds trainants. Je souhaite juste la prendre dans mes bras et la bercer pour qu'elle se laisse aller près de moi. Qu'elle me dise ce qui la tracasse.

Aujourd'hui nous devons aller chez nos amis Angela et William pour un repas. Afin de ne pas laisser ma mère seule, nous avons fait appel à un service d'aide à domicile pour veiller sur elle. Est-ce pour cette raison qu'elle stresse ? Pourtant elle devrait être contente de retrouver sa meilleure amie et surtout son filleul, Evan.

Je m'avance vers Katell qui termine de donner les instructions à la personne qui va rester à la maison avec ma mère. Je lui effleure le bras pour lui signaler ma présence et elle se retourne vivement.

— Tu es prête ?

— Oui, allons-y, puis elle se tourne vers la femme et ajoute : surtout, n'hésitez pas à nous joindre s'il se passe quoi que ce soit. Nous ne sommes pas loin.

La dame acquiesce, nous partons en direction de la maison de nos amis. Dans la voiture l'ambiance est pesante. Katell reste murée dans son silence, j'ose poser ma main sur sa cuisse et je sens qu'elle se raidit sous mon contact.

— Tu es sûre que tu vas bien ?

— Oui, ne t'inquiète pas, répond-elle le visage fermé.

— Que se passe-t-il Katell ?

— Tout va bien, je suis juste un peu fatiguée.

— Pourquoi... je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'elle me coupe :

SAVE US [Terminé  ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant