Katell

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« La distance n'est pas un obstacle, mais un beau rappel de la force du véritable amour. »

Anonyme


Je suis en train de boire un verre d'eau dans la cuisine, quand je sens une présence dans mon dos. Deux mains se posent sur mes épaules qui se crispent sous son toucher. Il se rapproche de moi collant son torse à mon corps. Son souffle chatouille ma nuque. Je suis saisi par un sentiment de trahison envers Victor.

Je lui cache la vérité. Je ne peux pas lui dire mon secret. Gabriella m'a promis de ne rien lui dire le temps que je réussisse à trouver les bons mots pour lui annoncer mon état.

— Comment vas-tu, demande-t-il d'un ton langoureux.

Je m'éloigne de quelques pas sur le côté sans oser le regarder. Lira-t-il en moi ? Comprendra-t-il que je lui mens ?

— Ça va. Victor, il faut que... il faut que je te parle, chuchoté-je.

Je m'avance vers la table et tire une chaise pour m'asseoir, Victor prend place face à moi le visage fermé. Il voit à mon facies que quelque chose me taraude.

— Victor, euh...

— Vas-tu enfin cracher le morceau ! éructe-t-il.

Je sursaute au ton dur de sa voix, je ne m'attendais pas à le voir en colère.

— Je voulais te parler de ta mère. Elle n'est vraiment pas en forme, tu as bien vu cette semaine, elle ne sort pour dire plus de son lit, elle s'alimente de moins en moins.

Il hoche la tête, assimilant mes mots. Ses doigts sur la table se serrent jusqu'à en faire blanchir ses phalanges. Il contracte ses mâchoires et ferment les yeux, quand il les ouvre je les trouve humides.

— J'ai eu son médecin au téléphone ce matin pour faire le point et... Son diagnostic n'est pas encourageant.

Il ne répond pas. Je tente de toucher ses mains avec les miennes, mais ils les retirent dès qu'elles entrent en contact comme si je venais de le brûler avec un fer chauffer à blanc.

— Il... ma voix se serre suite aux mots qui vont suivre. Il pense que...

Victor ne me laisse pas terminer ma phrase et me coupe la parole :

— Combien de temps ? chuchote-t-il.

— Quelques jours peut-être, prononcé-je.

L'homme que j'aime secrètement se lève si brusquement qu'il en fait tomber sa chaise au sol. La douleur se peint sur son visage.

— Je suis désolée Victor.

— Je vais essayer de me libérer au travail pour rester près d'elle. À plus tard.

Victor sort de la maison comme s'il était suivi par une bande de hyènes affamée derrière lui. J'ai l'impression d'être la porteuse de mauvaise nouvelle, mais je ne peux pas lui cacher encore plus longtemps que l'état de sa mère devient alarmant.

J'entre discrètement dans la chambre de Gabriella et m'installe dans le fauteuil qui colle à sa couche. Elle ouvre ses yeux.

— J'ai senti ton parfum souffle-t-elle.

Je pose ma main sur la sienne et la serre.

— Je suis si fatiguée, ma douce.

— Je reste près de toi, tu peux te reposer, susurré-je.

SAVE US [Terminé  ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant