Katell

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« Les amis sont des anges silencieux, qui nous remettent sur nos pieds quand nos ailes ne savent plus voler. »
Victor Hugo

Installés tous les quatre autour de l'ilot central dans la cuisine des parents d'Angela, nous sirotons les chocolats chauds préparés par Juliette, sa mère, qui est un vrai cordon bleu. Je me régale, cette douceur apaise un peu la peine créée par Laurette plutôt.

Lorsque je suis arrivée chez Francky et Juliette les parents de ma meilleure amie, j'ai été accueilli les bras ouverts en renfort de gros bisous sonores. Un cocon familial aimant. Ce qui me fait défaut, mais que je prends plaisir à trouver chez celui de ma copine. Les parents d'Angie m'ont toujours considéré comme leur seconde fille, ils sont au fait de ma relation houleuse avec ma propre mère, alors ils m'apportent leur point de vue en tant que parents sans pour autant juger ma mère même si parfois Francky sort de ses gonds comme en ce moment :

- Tu sais ma belle, si ta mère continue de te traiter ainsi, je vais devoir lui rendre une petite visite et lui rappeler que l'on ne sous-estime pas son enfant. Bordel, c'est quoi cette mère en carton !
- Franck, s'il te plait... tempère Juliette
- C'est vraie Juliette, quand on est une famille, on est soudés, unis, tous là les uns pour les autres. Non ? Vous ne croyez pas ? grogne-t-il.
- Je pense papa que tu vis encore dans le monde des bisounours, se moque doucement Angela de son père.
- En tout cas ma chérie, amorce Francky en se tournant dans ma direction. Tu sais bien qu'au moindre problème tu viens chez nous, la porte t'est toujours grande ouverte. Nous t'aimons beaucoup.

Les mots de Francky me touchent énormément, les larmes me montent aux yeux face à tant d'amour venant de mes - presque-parents adoptifs. Francky a beau être bourru ; brut de décoffrage, il arrive à chaque fois à me redonner le sourire. Tels un vieux sage ou un vieux singe... Mais ça je ne lui dis pas ! Juliette est plus timorée cependant, elle ne se cache pas de marquer son affection pour moi de manière différente, sous forme d'attention culinaire souvent ou avec des gestes tendres.

Je les aime aussi. Ils sont ce que j'ai perdu : mon père.

Je souffle sur mon chocolat en souriant faiblement.

- Katell, je crois que tu ne nous dis pas tout... N'est-ce pas ? Je vois bien que depuis quelques semaines tu n'es pas en grande forme.
- Je suis sûre que tu as dû perdre un peu de poids ma chérie, ajoute Francky le regard scrutateur dans ma direction.

Juliette n'est pas en reste non plus, elle saisit mes mains entre les siennes dans une approche maternelle pour me pousser dans mes confessions.

- Je... je...

Je m'effondre littéralement sur le plan de travail.

Trop d'émotions, trop de poids sur mes épaules, trop de craintes, trop de peur, trop de Clément, trop de Laurette, trop de travail.

Trop de trop !

Le son d'un tabouret qui racle le sol lorsqu'il se recule et soudain je sens deux bras frêles qui entourent mon corps, et une tête qui se niche dans le creux de mon cou. Je reconnais l'effluve du parfum d'Angela. La grande main de Francky s'ajoute à notre duo en la posant sur les bras ou repose ma tête. Et pour parfaire cet instant de soutien, je sens celle de Juliette se pose sur le sommet de mon crâne.

- On est là ma chérie, souffle Angela
- Je sais... murmuré-je
- On vous laisse toutes les deux, avec Juliette nous allons dans le salon.

Le bruit des pas des parents d'Angela diminue signe qu'ils sont arrivés dans une autre pièce, je relève le visage et mon amie reprend sa place face à moi. Elle lit en moi, elle a compris que je ne lui ai pas expliqué toute ma peine. Je suis à bout à tout niveau. Je suis habituellement forte, mais je ne sais pas pourquoi en ce moment je suis démotivée, perdue, lasse.

SAVE US [Terminé  ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant