Libéré, Délivré...

Chapitre 10

Les deux jeunes hommes s'étaient donné rendez-vous dans la semaine en fin de journée pour le costume. Ils ne s'étaient pas croisés depuis la soirée chez Sylvain, chacun avait des choses à faire. Le jour venu Pierre avait eu du mal à mettre en ordre son coin couture, il avait son bordel organisé mais pas pratique pour s'y retrouver rapidement. Pendant qu'il triait les rouleaux de tissus dans son grand placard dédié, quelqu'un frappa à sa porte. Avec un peu de mal pour s'en sortir, il se précipita à l'entrée pour ouvrir. Sans grande surprise, c'était Sylvain avec ses affaires. Pierre s'excusa du bazar dans son appartement, il n'avait pas trop pris le temps de ranger cette semaine mais le patineur n'en tenait pas compte et le rassura sur ça. Le couturier demanda à Sylvain de mettre sa tenue et pendant ce temps il préparait les aiguilles, le mètre souple et le tissu transparent prévu. Le patineur commença à se déshabiller au milieu du salon mais Pierre lui indiqua la salle de bain à côté de la cuisine. N'étant pas très pudique il haussa juste les épaules en réponse et poursuivit. Une fois en sous-vêtement il fouilla dans son sac pour en sortir son costume et l'enfiler. Pierre, un peu pris au dépourvu, faisait semblant de fouiller dans un tiroir pour empêcher son regard bien trop curieux de se promener sur le corps presque nu de Sylvain.

Pierre avait commencé par prendre les mesures du haut du corps de Sylvain, qu'il reporta sur un papier. Largeur des épaules, longueur du bras, hauteur du dos et le tour de poitrine. Le patineur gigotait un peu pendant que Pierre faisait ses prises de mesures. Ensuite ils discutèrent de la forme que Sylvain voulait au juste pour les zones de transparence. Alors pendant qu'il expliquait, Pierre posait des repères avec des aiguilles. Sylvain gigotait encore quand il se faisait manipuler au niveau de ses trapèzes, lui provoquant quelques frissons.

"Si tu continues de bouger comme ça, je vais finir par te planter une aiguille dans la peau.

-Je ne fais pas exprès... Je suis méga sensible vers là.

-Je vais essayer de faire attention."

Mais Pierre n'avait pas du tout envie de faire attention. En fait, voir Sylvain réagir ainsi sous ses doigts lui plaisait plutôt pas mal. Une fois les aiguilles installées, il l'amena dans sa chambre pour le mettre face à un grand miroir. Ainsi le patineur pouvait voir ce que ça donnerait et ça lui allait très bien. Ensuite, Pierre s'attaqua aux manches. Il prit la main de Sylvain dans les siennes pour tendre son bras et réfléchir à ce qu'il pourrait faire. Le patineur avait des mains délicates avec de long doigts fins. Le couturier se surprenait à les trouver jolies et à vouloir les manipuler.

Sylvain voulait que les manches continuent sur ses mains et Pierre eut l'idée de passer le tissu au niveau du majeur. Ça donnerait un effet très élégant surtout avec les paillettes qu'il allait rajouter et la gestuelle du patineur pendant ses chorégraphies. Celui-ci était emballé par l'idée alors le couturier testa divers patrons sur ses manches et ses mains pour en choisir un avec lui. Une fois validé, il le mit de côté pour ne pas le perdre.

"Bon, tu vas enlever ton costume en faisant doucement pour éviter de te piquer et d'enlever les aiguilles. Je vais mettre le tissu transparent et découper. Et on verra pour ajuster sur toi après.

-D'accord."

Pierre ouvrit la fermeture éclair dans son dos, qu'il avait galéré à fermer tout à l'heure, pour le libérer. Sylvain retira lentement sa tenue en faisant bien attention mais il galérait un peu donc le couturier lui donna un coup de main le temps qu'il enlève ses manches. Une fois de nouveau à moitié nu, le patineur enfila seulement un t-shirt pour se couvrir. Il s'installa sur le canapé avec la télévision allumée en attendant.

Pierre était assis à sa petite table de couture, concentré sur sa tâche. A l'aide d'un coupe-fils, il décousit l'ancien tissu transparent pour le retirer. Avant d'épingler le nouveau, qu'il avait déjà chez lui, il vérifia contre la peau de Sylvain si celui-ci avait la bonne couleur. C'était parfait, alors il poursuivit. Il avait mis une bonne demi-heure pour faire ça avant de solliciter à nouveau Sylvain. Il l'aida à l'enfiler et le patineur semblait déjà content de ce que ça donnait. De nouveau face au miroir, il ajusta les aiguilles pour que tout soit symétrique. Il pouvait observer le visage du jeune homme dans le reflet. Pierre passait lentement ses doigts sur les épaules de Sylvain, s'attardant sur ses trapèzes et profitant du spectacle qu'il lui offrait. Le plus petit avait les yeux fermés et les sourcils froncés, se forçant à ne pas bouger. Mais son corps parlait pour lui car sa peau frissonnait et ses muscles se contractaient. Rapidement, Pierre arrêta. Cette vision commençait à bien trop lui plaire. Putain qu'il détestait aimer ça. Il ne voulait pas. Il ne pouvait pas trouver Sylvain excitant. Donc il se recula, validant les ajustements.