Chapitre 22

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Les deux garçons ne s'étaient donc pas vus du week-end mais ils avaient échangé quelques brefs messages. Il restait maintenant un peu plus de deux semaines avant la finale du Grand Prix. Cette année, c'était au gymnase olympique de Yoyogi à Tokyo au Japon et Sylvain était très excité d'y aller. ll n'avait jamais eu l'occasion encore d'aller dans ce pays et il promit à Pierre de lui ramener un souvenir. Le hockeyeur accepta bien évidemment, bien qu'un peu surpris et gêné.

Le début de la semaine qui suivit fut plus silencieux du côté de Sylvain. Il ne répondait pas trop aux messages et quand c'était le cas, c'était le minimum. Pierre s'inquiétait et ne pouvait pas s'empêcher de faire le lien avec son changement d'émotion de la dernière fois. Aujourd'hui, c'était déjà jeudi et le hockeyeur ne tenait plus. Il fallait qu'il aille voir le patineur pour s'assurer de son état. Alors dans la soirée, après avoir fermé la boutique, il se dirigea vers l'appartement de Sylvain. Il marchait vite, pressé.

Une fois arrivé, il frappa à la porte. Plusieurs fois. Mais pas de réponse. Alors il saisit son téléphone et appela son ami. La sonnerie retentit dans l'appartement et fut coupée instantanément. Il avait raccroché. Donc Sylvain était là mais ne répondait ni au portable ni à la porte. De quoi rendre dingue Pierre. Il prit une grande inspiration et s'approcha de la porte pour parler à travers, espérant que le jeune homme derrière l'entende.

"Sylvain, je sais que tu es là. Je ne veux pas être envahissant mais tu ne me réponds pas trop en ce moment et ça m'inquiète un peu. Si j'ai dit ou fait quelque chose qui t'a fait du mal, faut que tu me le dises."

Pierre resta un instant silencieux, espérant une réponse de la part de son interlocuteur mais rien. Enfin, presque rien. Il venait de recevoir un message de la part de Sylvain. Celui-ci affichait : "Tu ne m'as rien fait. Ce n'est juste pas une bonne période pour moi. J'ai besoin d'être seul, je pense. Désolé de te laisser de côté." Pierre parcourait plusieurs fois les lignes pour être sûr de ce qu'il lisait. Il releva la tête pour répondre.

"Tu es certain de vouloir être seul ? J'aimerais que tu me le confirmes. Et je partirais."

De nouveau un silence de quelques secondes puis un peu de mouvement dans l'appartement avant que la porte ne s'ouvre. Pierre se redressa pour faire face au jeune homme. Il était en pyjama et ses yeux semblaient rougis par les larmes. Le hockeyeur l'observa un instant, ayant peur de dire quelque chose. Alors c'est Sylvain qui prit la parole.

"Tu veux bien rester un peu avec moi ce soir ?

-Oui. Bien sûr.

-Je te garantis pas l'ambiance.

-C'est pas grave."

Sylvain fit entrer son ami avant de fermer la porte derrière lui. L'appartement était étrangement sombre, les seules sources de lumières étant la télévision et des bougies sur la console où trônait toujours la photo de Sylvain et Thomas. Pierre ne fit bien évidemment pas le lien et s'approcha de son ami pour lui prendre la main et entrelacer leurs doigts. Ça lui avait manqué. Il commençait à en avoir de plus en plus besoin de ce contact physique. Et le patineur semblait en avoir aussi besoin ce soir.

"Tu veux m'en parler ?

-Je vais péter l'ambiance...

-C'est vrai que là, elle est au max.

-Rha, tais-toi... Je t'avais déjà parlé de Thomas, tu te souviens ? Demain, ça fera 4 ans qu'il n'est plus là. Forcément c'est pas une semaine très agréable. Et je voulais pas t'imposer ça...

-Je comprends mieux. Et tu ne me l'imposes pas, c'est ok. Ne t'inquiète pas. Je vais rester ce soir, on va regarder un film en mangeant de la pizza. Et si l'envie te vient de me parler de Thomas, c'est avec plaisir. Si tu ne veux pas, ce n'est pas un souci. Je ne t'impose rien, sauf la pizza."

Libéré, Délivré...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant