Chapitre 03 : La chute de Reichenbach

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-Mon meilleur ami, Sherlock Holmes, est mort.

J'arrive à peine à prononcer cette phrase. Encore moins lui expliquer tout ce qu'il pouvait représenter pour moi. Mon colocataire, mon meilleur ami, mon... petit ami. Je l'aimais, je l'aimais tellement.

Je l'aime toujours.

Et il est mort.

Je regarde ma psy, qui prend note devant moi. Comment est-ce que je pourrais même commencer à expliquer ?

Comment je pourrais faire comprendre que cette relation naissante, cachée de tous, était effrayante. Je devais faire attention sur mon blog à ne pas faire dégouliner mon amour et mon admiration pour lui. Et en même temps, rester fidèle  ce que je pensais.

Entre mon blog et ses exploits, il a commencé à être reconnu, à Londres, puis en Angleterre, et même parfois dans le monde. Les médias étaient sur lui, cherchant toujours ses derniers exploits. On venait le voir, non plus parce qu'on avait vu une annonce, ou qu'on avait trouvé le détective le plus prêt de chez soit, mais parce qu'il était Sherlock Holmes.

Bien sûr, cette situation était très loin de lui plaire. Comment peut-on être un détective privé si tout le monde connaît votre visage. Et les affaires devenaient de moins en moins intéressantes. On frappait à notre porte pour tout et n'importe quoi, juste pour dire qu'on avait engagé le plus grand détective des temps modernes. Au contraire, certaines enquêtes qui nécessitaient plus de discrétion lui était refusée en raison de sa nouvelle notoriété.

Alors, on comptait sur Scotland Yard pour nous confier des affaires. Des disparitions et des meurtres, assez pour le maintenir occupé pendant quelques jours, loin des cigarettes et de la drogue.

Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c'est que cette soudaine notoriété avait aussi attiré l'attention d'une autre personne.

Moriarty.

Moriarty, arrêté par le gouvernement, relâché après qu'on lui ait fourni des informations sur sa némésis. Moriarty qui voulait, plus que tout au monde, détruire Sherlock. Au début, parce que c'était marrant d'avoir enfin une personne à sa hauteur. Puis, il se lassa de son nouveau jouet, qui l'empêchait de faire des affaires correctement.

Puis Moriarty fut arrêté. Et relâché.

Et soudainement, il avait disparu. Soudainement, Moriarty devenait une invention de Sherlock. A la place, Richard Brook, acteur fauché, avait son apparition.

Mais non. Je connaissais Sherlock, je savais qui il était en réalité. Je savais que Moriarty existait. Tout simplement parce que jamais, jamais, Sherlock ne m'aurait menti. Pas sur quelque chose d'aussi important. Pas après Baskerville.

Alors quand je l'ai trouvé, sur ce toit... Debout, si loin du sol. Je ne pouvais voir que sa silhouette, sa main qui se dirigea vers moi, comme pour m'arrêter, ou m'atteindre, je ne sais pas.

-John, je ne peux pas descendre alors on va devoir en finir de cette façon. Je te demande pardon. Tout ça était vrai.

-Quoi ?

-Tout ce qu'on a dit de moi. J'ai inventé Moriarty.

-Pourquoi est-ce que tu dis ça ?

-Je suis un imposteur

-Sherlock...

Je veux qu'il arrête de parler, et qu'il descende de ce toit. Je veux le serrer dans mes bras, lui dire que tout ira bien. Mais il continue, encore à me parler, de cette voix tremblante que je ne lui connais. Est-il en train de pleurer ?

Le secret du 221B Baker StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant