La chaleur était étouffante, comme tous les étés précédents, après avoir aidé ma tante pour le ménage, je m'étais affalée sur mon lit à l'étage. Le lit grinçait un peu alors que je balançais ma jambe qui pendouillent hors de ce dernier.
Mes yeux se perdaient dans le plafond légèrement dégarni et mon esprit voguait à toutes sortes de sottises. Par moments, je parlais même toute seule, à l'image de tout enfant de onze ans, ou pas, je ne saurais dire.
- Fillette ! Surgit soudain la voix puissante de ma tante, provenant du bas des escaliers.
Je fermai les paupières un instant et soupirai, mais je me levai quand même, ne voulant pas qu'elle continue à hurler comme elle le fait jusqu'à ce que je descende.
-J'arrive, lui répondis-je assez fort pour me faire entendre.
Je posai mes pieds nus sur le sol chaud, malgré la fraîcheur que j'avais réussi à obtenir à peine une demi-heure avant en passant la serpillière avec de l'eau bien froide. Très vite, les 45 degrés à l'extérieur reprirent leur droit, et la pièce était de nouveau d'une chaleur étouffante.
Un pas derrière l'autre, j'arrivai vite au haut du vieil escalier boisé, et depuis que j'avais quitté la chambre, des voix me parvenaient déjà en échos de conversations. Maintenant, j'entendais distinctement la voix d'un homme au timbre sérieux converser avec ma tante en espagnol, et apparemment, ma tante ne semblait pas ravie.
Ils arrivèrent directement en bas de l'escalier et mes yeux se posèrent avec méfiance sur l'homme aux côtés de ma tante.
"Bonjour, petite," me lança la voix grave de cet homme à la carrure imposante en posant sur moi un regard qui se voulait rassurant, mais pour une raison que j'ignorais encore, je ne l'étais pas du tout.
Je tirai soudain sur mon petit short, me sentant mal à l'aise de cette attention soudaine. Je me rendis compte que je n'étais pas du tout présentable avec ce t-shirt délavé et mes longs cheveux détachés en totale bataille derrière mon dos et sur mes épaules. Habituellement, je ne vois pas d'étranger, donc je peux me permettre de me traîner comme ça pendant ces longues et chaudes journées.
Je ne dis rien et lançai un regard interrogatif à ma tante. De toute façon, je n'étais pas très bavarde.
-Regarde-la, sergeant ! C'est un bébé, elle est fragile, frêle et plutôt lente à la détente, débita rapidement cette bonne dame.
Je ne cille même pas. Ce n'est pas la première fois que ma tante fait preuve d'une telle gentillesse. Ça a toujours été ça, aussi loin que mes souvenirs remontent, cette femme n'a jamais su faire un compliment, mais sa langue est toujours prête à déverser les pires insultes.
- Que verrait-ils en elle, pour l'amour du ciel ? continua-t-elle dans sa voix la plus dramatique.
- Callate (Tais-toi)! lui avait-il lancé sans retirer ses pupilles de moi. Descend, petite, me lança-t-il. C'est à nous de juger de ça, ajouta-t-il en posant un regard menaçant sur ma tante.
Cette fois, je fronce les sourcils. De qui parlaient-ils ? Je n'ai jamais vu cet homme, et mon cœur tomba à mes pieds lorsqu'il me tendit une main, me mettant silencieusement sous pression.
Ma respiration s'accéléra, et mes pupilles glissent soudain sur cette ombre debout derrière l'homme qui attendait toujours impatiemment que je descende de cet escalier, un jeune homme, un adolescent d'environ 17/18 ans, le regard sombre et figé. Il regardait droit devant lui, la mâchoire crispée, et était tellement silencieux que j'avais failli ne pas remarquer sa présence. Il était grand mais pas autant que l'homme devant lui, et maintenant que je regardais bien, j'avais l'impression que ces derniers se ressemblaient.
J'analysai ses épaules et le haut de ses bras fins mais dotés d'une musculature sèche et tracée qui ressortait car il gardait les mains derrière son dos comme un militaire. Sa peau était extrêmement bronzée, comme s'il passait ses journées entières au soleil. Mes yeux passèrent sur son large cou avant de revenir à son visage, et c'est à ce moment-là qu'il releva les yeux vers moi. Il battit une fois des cils et posa ses yeux d'un vert vif directement sur les miens. Le contraste entre sa peau et ses yeux était troublant, mais absolument aucune expression n'avait quitté les traits de ce dernier.
Voyant mon impatience grimper dans ce regard sombre face à moi, mes jambes obtempérèrent, et je dévale marche par marche jusqu'à attraper cette paume large et forte dans la mienne, qui en était l'exacte opposée.
-Je ne vais pas te faire de mal, commença-t-il. Il faut que je t'examine, c'est pour ton bien et ton avenir, est-ce que tu comprends ce que je te dis?
Ma tante m'encouragea du regard et je hochai positivement la tête.
-Très bien, allons dans le salon, sourit-il toujours aussi froid malgré l'effort.
Il me tira par la main sans réelle pression, et nous marchâmes tous vers la grande pièce à droite de l'escalier. Une fois là-bas, l'homme dont je ne voyais plus le visage tant il était grand se mit soudain à genoux face à moi. Mes yeux plongèrent inconsciemment dans les siens pendant que ces derniers m'examinaient minutieusement le visage. Ses mains passèrent sur mes cheveux, puis il plaqua son pouce sur ma cerne pour tirer vers le bas et examina l'intérieur de mes yeux, puis de l'autre.
Mon cœur battait fort dans mes tempes. Mon regard alla vers ma tante pendant que l'expression neutre de l'homme à mes pieds continuait de m'inquiéter. Après avoir passé plus de trente minutes à passer mon corps au peigne fin, il finit par se mettre debout.
- Je vais faire mon rapport, on sera de retour très vite, expliqua-t-il à ma tante, qui ne semblait pas ravie.
- Sergent, lança-t-elle avec une claire volonté de surenchérir.
- Ne te mets pas en danger bêtement. Le devoir reste le devoir. Tu dois avoir honte d'essayer d'éloigner l'enfant de son destin, cracha-t-il, haineux.
- Tu sais très bien pourquoi je fais ça, plissa-t-elle les lèvres.
Elle le regarda, apparemment pleine d'espoir. Sa mine s'adoucit, je pense, l'espace d'une seconde, alors qu'il passait ses pupilles aiguisées sur la pauvre robe usée de ma tante.
- Ne me pousse pas à rapporter ton comportement, lâcha-t-il de but en blanc, revenant directement à son attitude de départ.
Soudain, je sentis un regard sur moi, et je relevai les yeux vers le jeune homme toujours quelques pas derrière ce "sergent".
Je vis que ses yeux étaient fixés sur mon visage, et je crus rêver lorsqu'il esquissa un micro-sourire réconfortant à peine visible avec un regard plus doux, comme compatissant pour l'incompréhension totale dans laquelle je baignais.
Et l'espace de cette fraction de seconde, mon cœur ralentit et la pression qui menaçait de faire couler mes larmes s'estompa assez pour ne pas me faire craquer.
Mais à l'instant où ce sergent se retourna vers lui, le jeune homme retrouva en un battement de cil son regard indéchiffrable et sa mine neutre.
"On se revoit bientôt, petite," me lança-t-il. "Allons-y," lâcha-t-il certainement à l'égard du jeune garçon, sans pour autant le regarder.
Leurs pas s'emboîtèrent lorsqu'ils quittèrent la pièce, et après leur départ, la maison sembla soudain froide, occultant la chaleur autour de moi. Je frissonne sans réellement savoir pourquoi.
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If you Wanna Use Me (IYWUM)
Romansa- Je vous dis que c'est safe à deux milles pour-cent ! C'est la meilleur idée jamais proposée ! On entre dans la cour des grands , je changerai pas de proposition, c'est le jeu, hoche-t-il en finissant enfin sa bière . Le fameux « Jeu » auquel il fa...