Chapitre 10

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Izuku ne le reconnaîtrait jamais à voix haute, mais sa fierté en prit un coup à leur retour au camp, lorsque personne ne sembla surpris qu'il soit présent. Était-il si prévisible que tout le monde savait déjà qu'il n'allait pas les quitter ? Oui, c'était définitivement un coup critique pour sa fierté. La pire de toutes les réactions fut sans doute celle de Mitsuki, qui se contenta de pouffer de rire en voyant Izuku suivre Katsuki et les autres en direction de la source thermale. Le jeune homme fit de son mieux pour l'ignorer, bien qu'elle reste ancrée dans sa tête pendant un long moment.

L'acclimatation s'étant déjà faite, le retour au camp ne fut pas désagréable en dehors de cette blessure à son amour propre. Cette fois-ci aux sources chaudes, il fut bien moins gêné, la faible fréquentation y étant pour beaucoup. Comme la dernière fois, il s'assura que tout le monde était suffisamment immergé dans l'eau pour se permettre de regarder dans leur direction. Si Hanta et Denki le trouvèrent trop pudique, seule leur expression l'indiqua à Izuku. Et c'était tant mieux. Le déserteur n'avait en aucun cas envie de se faire remarquer à voix haute sa gêne de se trouver nu en compagnie d'autant de personnes.

Plus tard, il eut du mal à croire lui-même le soulagement qu'il ressentit en entrant dans le tipi individuel qu'il avait utilisé la dernière fois. Le confort était bien réduit en comparaison de sa chambre à Musutafu. En revanche, il représentait un progrès niveau intimité en comparaison du chariot dans lequel ils s'étaient tous agglutinés.

Cette nuit-là, il ne trouva pas le sommeil facilement. Maintenant qu'il était seul avec ses pensées, elles se bousculaient dans sa tête. La réalisation de ce qu'il avait choisi put ainsi le frapper de plein fouet, avec toutes ses conséquences.

Tenya avait dit qu'il était recherché. Le château allait-il envoyer des chevaliers pour se lancer à sa poursuite ? Concrètement, Izuku n'avait rien fait de mal pour justifier une telle réaction. Son seul crime était d'être tombé sur la bande de Katsuki, s'avérant trop forte pour lui seul. En aucun cas il n'était directement responsable du vol des bijoux. Pourtant, il supposait que n'importe quel argument contre lui pourrait l'emporter. Après tout, n'avait-il pas été bizuté juste parce qu'il avait caressé un vétéran dans le mauvais sens du poil ? Le jeune homme voulait croire que le rang des chevaliers œuvrait pour le bien. Seulement, le bien n'était pas forcément le même selon le point de vue. Il commençait à s'en rendre compte, surtout après avoir entendu les histoires de ses nouveaux compagnons.

Même s'il comprenait un peu mieux le point de vue de Mina et des autres, cela ne changeait pas le fait qu'Izuku n'acceptait pas vraiment leurs pillages, aussi rares soient-ils. Peu importe les intentions derrière, ils restaient des larcins purs et simples. Au fond de lui, le déserteur voulait croire qu'une autre solution était possible. Qui sait, peut-être qu'il finirait par en trouver une s'il restait avec eux. Il avait dit que son séjour parmi eux serait provisoire, mais lui-même ne savait pas combien de temps il allait durer.

D'une certaine manière, peut-être était-il plus avantageux d'avoir le groupe de Katsuki à l'œil, ne serait-ce que pour tenter d'éviter des attaques inutiles.

Izuku ne sut lorsqu'il s'endormit. Il fut néanmoins réveillé par la luminosité extérieure à travers le tissu de son tipi. Lorsqu'il s'en extirpa, une odeur alléchante se propageait dans tout le camp, l'attirant en direction du feu communal. Il lui sembla étrange de se déplacer seul dans le camp. La fois précédente, il avait toujours eu une escorte, ses liens cachés sous ses vêtements. Aucun des autres nomades n'avait osé s'approcher de lui, se contentant de regards en coin. Cette fois-ci, il ne put en dire autant.

— Alors c'est vrai que tu restes avec nous ?

Izuku fut si surpris d'être abordé par derrière qu'il fit volte-face, poussant une exclamation en rien discrète. Il se retrouva face à une jeune femme aux longs cheveux blonds, de fines lunettes ovales en face de ses yeux bleus. Elle était penchée en avant, ses seins menaçant de déborder de son haut trop petit pour elle. À cause de cette vision inattendue, le jeune homme fut incapable de prononcer un mot.

Ton sens de la justiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant