Professeur de mon cœur

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Voici la suite du Professeur de notre cœur :)

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PDV Harry

Dix minutes s'étaient déjà écoulées, et pourtant on était là, tous les deux accoudés au bar de la cuisine, assis sur les tabourets, une tasse de thé à la main, sans décocher le moindre mot.

Je voyais bien qu'il tentait de me dire quelque chose, mais qu'il se ravisait à chaque fois. Du coup, il fixait avec grand intérêt son mug, sans relever les yeux une seule fois.

Et moi dans tout ça ? J'étais bien trop heureux qu'il soit là, avec moi, dans ma cuisine, après tant d'années. Donc je n'allais pas me mettre à parler en premier.

Je me connais trop bien. Étant bien trop émotif, je laissais souvent parler mon cœur. Et dans notre situation actuelle, je risquais de laisser passer des mots qui pourraient le blesser et le faire fuir, donc je préférai m'abstenir et le laisser démarrer la conversation.

Mon horloge comtoise sonna trois heures, ce qui nous sortîmes de nos pensées et nous ramenâmes à la réalité. Louis toussa pour se donner contenance et osa enfin lever son regard dans ma direction.

Il ouvrit la bouche, la referma, baissa la tête de nouveau en touillant son thé. Puis, dans un élan de courage non dissimulé, il me fixa de nouveau et s'apprêta à me dire quelque chose, comme s'il voulait m'avouer son plus grand secret. Mais il se ravisa, sans me quitter des yeux pour autant.

Et il resta ainsi, sans bouger.

Il fallait que je désamorce la situation, sinon on y passerait la nuit. Alors, contrôlant mes pensées et émotions, je pris une profonde inspiration tout en réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir lui dire.

« Tu m'as énormément manqué Louis, et je t'ai toujours aimé, tu sais ? J'ai toujours été amoureux de toi. Même encore aujourd'hui, je ne voulais me l'admettre. »

Non. Jamais je ne lui dirai ces mots. Ils resteront ancrés profondément dans mon esprit sans nullement en sortir. Et de toute façon, après tant d'années je pouvais difficilement partir sur ce terrain-là.

— Je suis désolé.

— Je suis désolé.

Nous avions parlé en même temps, d'une même voix, et la même sincérité se lisait sur nos traits, ce qui nous fit sourire.

— On est toujours sur la même longueur d'onde, nous deux, pas vrai ? me demanda-t-il avec un sourire malicieux.

Il ne pouvait pas s'imaginer à quel point sa phrase était bien loin de la réalité. S'il pouvait lire mes pensées, il apprendrait la vérité et fuirait à toutes jambes.

— Apparemment, me contentai-je de répondre, en masquant ma gêne en buvant une gorgée de mon darjeeling.

Le silence s'installa de nouveau, mais cette fois-ci il n'était pas gênant. C'était plutôt agréable de seulement être en sa compagnie, de sentir sa présence à mes côtés. Ça faisait si longtemps !

Je sentis mes joues chauffer. Il ne fallait pas que je me mette à rougir et qu'il le remarque, ça serait la fin de tout.

— Alors, que dev...

— Alors, que dev...

Il éclata de rire, et même si ce doux son cristallin m'avait manqué, lui aussi, je lui priai de faire moins de bruit pour ne pas réveiller Thomas, qui avait dû retourner se coucher, depuis le temps. Il s'excusa rapidement.