Le pirate au cœur ardent (ACE X OC)

20. Fausse alerte!

« Je ne ferai rien que je puisse regretter un jour. »

Portgas D. Ace

- Sora -

Après une nuit reposante dans un vrai lit, je descends jusqu'au comptoir d'où un délicieux fumet se dégage de la cuisine. Sybille, un torchon sur l'épaule est déjà d'attaque pour cette nouvelle journée. Elle dépose une assiette remplie devant moi tandis que je m'enquiers de mon compagnon de voyage qui apparemment n'a pas encore pointé le bout de son nez.

Mon petit déjeuner englouti, je monte à l'étage et m'arrête devant la porte d'Ace. Il n'est toujours pas levé et d'après ce que j'ai compris nous avons du chemin à parcourir. Je frappe de bon cœur à la porte et tend l'oreille afin de percevoir une hypothétique réaction.

Pas le moindre son ne s'échappe de sa chambre... J'ouvre la porte non verrouillée et me glisse à l'intérieur.

Les rayons du soleil me dévoilent ce qui s'y trouve. Ace est assoupi sur le ventre, la tête à moitié nichée dans son oreiller. Quant à son corps, le draps en recouvre la partie inférieure.

Je ne réfléchis plus, et oublie ce pour quoi je suis ici. Mes pas avancent d'eux-mêmes vers le lit puis mon cœur attendri laisse mes yeux contempler l'homme endormi.

Mon regard se pose sur ses cheveux en bataille puis glisse vers sa main crispée sur le coin de l'oreiller dont la couleur blanche contraste avec sa chevelure sombre. Mes iris dévient vers ses larges épaules sur lesquelles il serait si facile de s'accrocher. Enfin, j'admire l'immense tatouage qui recouvre son dos musclé.

Je tends la main vers son bras droit plié faisant ressortir l'inscription 'ASCE'. Du bout de mon index, je parcours la croix qui barre le S. 

Alors que je réalise que je suis en train de le caresser, je retire promptement ma main. Aussi vif qu'un serpent, Ace attrape mon poignet empêchant ainsi toute retraite de ma part.

« - Est-ce que je peux savoir ce que tu me fais encore pendant que je dors... ? me questionne-t-il d'une voix à moitié étouffée par l'oreiller.

N'ayant pas de justification pour ma défense, il ne me reste que l'attaque.

- Nous devrions déjà être partis ! Il n'est plus l'heure de rester vautré au lit alors va prendre ta douche et rejoins-moi en bas ! » je m'exclame en me dégageant de son emprise.

Je me marche à reculons jusqu'à la porte alors qu'il s'assoit sur le bord du lit en se passant une main sur le visage, le draps enroulé autour de ses hanches.

Le son de mon corps butant contre la porte me sort de mon hébétude. Le beau brun hausse un sourcil et je quitte les lieux sans demander mon reste.

(...)

Finalement, je n'ai pas eu à attendre longtemps. Le retardataire a pris un petit-déjeuner éclair et Sybille nous a donné quelques rations pour la journée qu'Ace s'est empressé de mettre dans son sac.

La patronne ainsi que ses trois enfants nous ont accompagnés jusqu'au seuil de la porte pour nous souhaiter une bonne route et après quelques effusions nous nous sommes quittés en espérant que nos routes se croiseraient à nouveau.

Je suis en toute confiance Ace qui nous mène vers l'île d'Aku afin que nous puissions ensuite accéder au port. C'est dans un silence apaisant que nous quittons le village pour marcher à travers la plaine.

« - Pourquoi tiens-tu absolument à m'accompagner jusqu'à la flotte de mon père ? me demande-t-il soudain après une heure de marche.

Ce dernier mot me fait tiquer puis je me rappelle la règle de Barbe Blanche qui, dans le but de construire une famille, fait que tous les membres de son équipages ne sont pas ses subordonnés mais ses fils. L'idée que nous considérions le même homme comme notre père m'interpelle quelque peu. Impossible de voir en Ace un frère...

Ace ignore que je suis la fille biologique de Barbe Blanche et je ne vois pas l'intérêt de l'informer.

- Je veux juste m'assurer que tout rentre dans l'ordre. J'ai tiré un trait sur ma carrière, je ne veux pas que ce soit en vain... j'explique.

Il s'arrête alors et se retourne pour me faire face. Je m'immobilise à mon tour.

- Est-ce que tu regrettes ? » me demande-t-il avec un sérieux que je lui ai rarement vu.

Je n'ai pas le temps de répondre, car deux membres de la Marine apparaissent dans mon champ de vision. Je réagis au quart de tour en me jetant sur Ace qui sous le coup de la surprise n'a pas le temps d'anticiper la chose.

Sous la violence de l'assaut, il s'étend de tout son long dans les fourrés et nous nous retrouvons l'un sur l'autre.

« - Prise d'une envie subite ? » me questionne-t-il en haussant un sourcil.

Je plaque ma main sur sa bouche pour lui intimer le silence. Afin de vérifier si nous sommes repérés, je me relève discrètement la tête.

Je me détends lorsque j'avise le couple habillé en bleu et blanc que j'avais pris pour des soldats. Quelle cruche ! Je crois que je suis un peu trop sur les nerfs en ce moment...

Une sensation étrange dans le creux de ma main vient interrompre ma fustigation intérieure. Est-ce qu'Ace vient vraiment de passer le bout de sa langue sur ma paume !?

Ahurie, je baisse les yeux vers lui et ses iris me renvoient ses pensées lubriques. Je retire avec d'infinies précautions ma main comme pour ne pas exciter un animal sauvage. Il se redresse avec lenteur puis regarde autour de nous.

Quand un sourire narquois se dessine sur ses lèvres, je sais qu'il a repéré le couple et compris ma méprise.

« - Je te trouve un peu tendue...» susurre-t-il en laissant planer le sous-entendu.

Sa main vient se glisser le long de mon cou et d'un mouvement d'une lenteur exquise il repousse mes cheveux en arrière. Je retiens ma respiration et n'ose plus esquisser le moindre geste. Quand il agit comme ça, je dois faire preuve de prudence, car dans ces moments ce n'est plus un pirate que je vois mais un homme. Un homme terriblement séduisant.

« - Est-ce que j'ai ta permission cette fois ? m'interroge-t-il.

- Il n'en est pas question ! » je m'exclame en repoussant sa main.

Ce qui se passe entre nous n'est absolument pas prévu au programme. Je ne le laisserai pas m'embrasser à nouveau.

Il m'attrape par les hanches et alors que je pense qu'il va encore m'embrasser, il me soulève et me dépose sur le côté.

« - Comme tu voudras. » déclare-t-il en se relevant.

Il vient juste de prendre ma réponse en considération alors pourquoi la lame sournoise de la déception me transperce le cœur...?

Pas le moins du monde rancunier, il me tend une main secourable et m'aide à me hisser sur mes pieds. Je m'agrippe à son avant-bras tandis qu'il se détourne.

« - Ace.

Ses yeux se posent de nouveau sur moi puis son regard glisse sur mes doigts l'enserrant.

- Je n'ai aucun regret. » je lui confie pour répondre à sa question laissée en suspens.

Surpris par la sincérité et la vigueur de mon ton, il relève vivement la tête. Sans développer davantage je le lâche et reprends la route.

Je suis persuadée d'avoir sauvé des vies en prenant cette décision mais surtout je me rends compte que j'ai sauvé SA vie et elle vaut tellement plus qu'un grade dans la Marine.