La Voyageuse Astrale

5. Frayeur nocturne

Je me réveille brusquement, le souffle court, mon cœur battant la chamade. Comme à chaque fois que je me réveille à cette heure indue, une étrange oppression me saisie. La lumière faible de la lune traverse les rideaux fins, dessinant des ombres étranges sur les murs de la chambre de Dona. je jette un coup d'œil à l'horloge numérique posée sur la table de nuit : 4h03 .

Ma meilleure amie dort profondément à côté de moi, blottie sous une couverture épaisse. Dona a l'air paisible, un léger sourire flotte sur mon visage. En revanche, mes pensées tourbillonnent.

Pourquoi ce Devon m'obsède-t-il autant ?

Je serre la mâchoire en repensant à notre dernière interaction. Ce gars est apparu de nulle part, bousculant mon quotidien comme une tempête. 

Il est venu, il m'a ignoré, et ensuite ce message... 

Mes sourcils se froncent. Je ne veut pas penser à lui, mais il revient sans cesse, comme une chanson entêtante qu'on ne peut oublier.

Je me tourne sur le côté, glisse un bras autour de Dona et ferme les yeux. Mais même cette proximité rassurante n'efface pas le tumulte intérieur. Après quelques minutes d'insomnie,  je me résigne.

Je me lève silencieusement, prenant soin de ne pas réveiller Dona. Je sens la fraicheur du parquet sous mes pieds nus. Je traverse la pièce faiblement éclairée. La cuisine de Dona est à une vingtaine de mètres, mais dans le pénombre, la distance semble interminable.

La cuisine de Dona est un mélange d'ancien et de moderne, un espace où des bocaux d'herbes séchées côtoient un mixeur dernier cri. Des talismans pendent au-dessus de la fenêtre, censés protéger la maison des mauvais esprits. Mais à cet instant précis, ces objets rassurants ne parviennent pas à calmer mon anxiété. J'ouvre une porte de placard, prends un verre, puis remplit d'eau la moitié du récipient.

Alors que je porte le verre à mes lèvres, un souffle chaud effleure ma nuque. Je me fige. Mon corps entier se couvre de chair de poule. Une voix basse et susurrante chuchote mon prénom.

— Tana... 

Je ferme les yeux instinctivement de peur. Je n'ai pas envie de me retourner. 

"Non. Ce n'est rien. Rien du tout. Respire, Tana... Respire"

J'ai peur de voir des choses pas très nette. Les larmes me montent aux yeux. Les frissons glacés dans mon dos ne disparaissent pas.

Soudain, un rire retenti dans mes oreilles, je me retourne quand je comprend que ce n'est rien d'autre que ma meilleure amie. 

— Bordel Dona! Tu m'as foutue la trouille de ma vie. 

Elle se plie de rire et prend mon verre d'eau pour le boire. 

— Tu devrais voir ta tête ma chérie, me dit-elle. C'est toi qui ferait fuir les fantômes. 

— Ah ah ah! Très drôle... 

Je croise les bras, feignant la bouderie, mais mon cœur commence enfin à ralentir.

Dona sourit et passe un bras autour de mes épaules.

— Aller fait pas la tête. C'était juste une petite blague. Tu sais que tu ne crains rien ici. Mon appart est sécurisé contre toute chose maléfique. Il n'y a que les gentils ici. 

Je regarde autour de moi et ne voit rien. Pour mon plus grand soulagement. 

— Allons nous recoucher. Tu es fatiguée. Demain tu as une longue journée, me dit-elle.