Partie 5 - La mère.

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« Guillaume, c'est quoi cette histoire ? »

Il sursauta quand une femme qui avait l'âge d'être sa mère – en un peu plus vieille – entra dans la chambre dans laquelle il se reposait en attendant le retour de Guillaume. Celui-ci lui avait dit une dizaine de minutes plus tôt qu'il devait s'absenter un instant pour aller chercher quelque chose pour son ventre – s'étant vite rendu compte qu'il était blessé à la taille de même – et il commençait à s'inquiéter de son absence quand il avait entendu la porte d'entrée s'ouvrir. Il avait évidemment pensé que c'était le plus grand qui revenait de son excursion mais quasi aussitôt, il avait eu un doute en entendant des bruits de pas qui ne ressemblaient pas aux siens s'approcher de la chambre. Jusqu'à ce que cette femme ouvre la porte de cette dernière.

« T'es qui toi ? Il est où mon fils ? »

Il se mit à paniquer en comprenant que c'était la mère de Guillaume qui se tenait là devant lui mais il n'eut pas même le temps de réfléchir à quoi lui dire qu'il entendit la voix de ce dernier parvenir de ce qui devait être le salon :

« Maman ! »

Cette dernière se retourna juste à temps pour voir son fils apparaître et il poussa un petit soupir soulagé silencieusement à sa vue tandis que son cœur menaçait de sortir de sa poitrine.

« Guillaume ! C'est qui lui ? Je ne t'ai pas toujours interdit d'inviter des gens sans me prévenir à l'avance ? Et c'est quoi cette histoire ?!

— Maman, arrête j'ai plus huit ans, j'en ai 23 maintenant... Et pourquoi t'as été si longue ? Je t'ai dit que tu te devais t'en aller, c'est en train de dégénérer ici.

— Oui, merci bien. Ta tante m'a tout expliqué. Encore un pourri de flic qui a descendu un de nos petits ! Qu'ils crèvent tous, merde ! Qu'est-ce qu'ils veulent à la fin ?!

— Maman, arrête. T'as trop bu, tu sais même pas ce que tu dis. Tu sais même pas ce qu'il s'est vraiment passé.

— Ah parce que toi si ?! »

Guillaume releva légèrement le visage pour le regarder par-dessus l'épaule de sa mère et il baissa aussitôt la tête, une boule coincée dans la gorge. Ces pourris de flics. Qu'ils crèvent tous. Ce n'était pas la première fois qu'on lui reportait des paroles telles, mais cette fois il les entendait pour de vrai. Crachées à quelques mètres à peine de lui. Lui faisant repenser à l'attaque d'un peu plus tôt, où les insultes et les cris l'avaient assaillis tant la violence était présente.

« Peut-être oui, répondit Guillaume et il sentit les larmes lui monter aux yeux, se rappelant de ce qu'il lui avait raconté un peu plus tôt alors qu'il soignait son visage tuméfié. Plus que toi en tout cas. Va préparer tes affaires et pars te mettre en sécurité s'il te plaît.

— Je n'ai aucune intention de partir. Encore moins sans ton frère.

— J'irai le chercher, maman. Mais s'il te plaît, fais ce que je te dis.

— Non, tu ne me donnes pas d'ordre. On est pas à l'armée ici. C'est moi qui commande. »

Il fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi la mère de Guillaume lui disait cela et en relevant la tête, il vit que ce dernier semblait se contenir de répondre quelque chose à sa mère. Il ne sut pas quoi. La mère s'en alla sans même un regard en arrière vers lui et le plus grand la regarda partir avant de secouer la tête et de refermer la porte de la chambre derrière lui.

« Désolé pour cette scène, s'excusa Guillaume et il secoua la tête, la gorge nouée, pour lui dire que c'était pas grave. J'ai réussi à trouver des bandages chez la voisine pour ton ventre. Tu me laisses voir ? »

Il hocha la tête puis s'allongea sur le lit avant de relever doucement son tee-shirt par-dessus sa peau. Guillaume vint s'asseoir à ses côtés sur le lit et il le vit contenir avec peine une grimace en apercevant son ventre. 

« C'est si grave que ça ?

— Non... Mais t'as un joli hématome on va dire, murmura ce dernier et il déglutit en le sentant poser avec délicatesse ses doigts sur son ventre près de sa taille. Ça te fait mal quand j'appuie ?

— Oui, beaucoup.

— Comment c'est arrivé ? Je veux dire... tout à l'heure tu ne m'as pas répondu quand je t'ai demandé ce qu'il s'était passé. Et après j'ai oublié. Mais... ils t'ont pris en chasse, non ? Les ados.

— Comment... t'es au courant ? demanda-t-il, soudainement inquiet de l'entendre dire ça.

— Ça m'a réveillé. Comment ils criaient, expliqua Guillaume tandis qu'il le voyait déboucher un petit tube de pommade et s'en mettre sur les doigts d'un air consciencieux. Au début, j'ai cru qu'ils jouaient à la guerre. Comme d'hab. Avant de m'apercevoir qu'il y avait des policiers avec eux. Des vrais. Alors je me suis précipité dehors pour aller chercher mon frère. Ma mère était encore chez ma tante, dans le bâtiment d'en face. C'est quand je suis arrivé en bas que je les ai entendus dire qu'ils allaient le chopper. Le keuf. Qu'ils allaient l'attraper et le... »

Guillaume se tut en se rappelant qu'il parlait de lui là et il lui jeta un regard effrayé, les larmes aux yeux. Celui-ci s'arrêta un instant de caresser sa peau afin de faire pénétrer la pommade à l'intérieur avant de reprendre en serrant la mâchoire.

« C'est comme ça que je sais. Je les ai entendus parler de toi. Ça avait l'air d'une vraie zone de guerre en bas, entre la fumée et les cris des autres. Alors je me suis mis à chercher mon frère. Et je t'ai trouvé toi à la place. »

Guillaume se perdit un instant dans ses pensées et il ferma les yeux, les larmes coulant silencieusement sur ses joues, avant de les rouvrir doucement en repensant à ce qu'avait dit la mère de ce dernier un peu plus tôt :

« Toi... Tu sais à quoi ça ressemble ?

— De quoi ?

— Une zone de guerre, explicita-t-il sa pensée en voyant le plus grand froncer les sourcils en confusion. T'en as déjà vue une ? De tes propres yeux ? »

Guillaume hésita un instant avant d'acquiescer et il l'observa d'un air curieux, se demandant ce qu'il ne lui disait pas. Il ne lui demanda pas de lui expliquer.

Fiction OrelxGringe - OlsztynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant