Partie 1 - Cité Olsztyn.

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Il ne savait plus ce qu'il faisait là. Aurélien se réveilla avec un mal de crâne horrible, sans savoir ni où il était ni quelle heure du jour il pouvait bien être. Puis, soudain, une douleur atroce lui déchira le ventre et tout lui revint dans un flash. Le commissariat, l'appel paniqué des collègues sur le terrain, l'angoisse de Matthieu et Ablaye à ses côtés dans le camion, l'embrassade de Claude qu'ils avaient retrouvé malgré le fait que ce dernier fasse partie d'une autre unité qu'eux, plus élevée elle, lui prouvant à quel point la situation était grave... puis le plan d'attaque mis au point par le brigadier-chef qui leur avait ensuite crié d'attaquer. Enfin attaquer... attaquer avec l'obligation de ne pas aller trop loin, de ne pas se servir de leurs armes. De ne pas faire de blessés graves. Sinon, c'était eux qui seraient bons pour aller entre quatre murs. S'ils ne se retrouvaient pas entre quatre planches avant. Il ne comprenait pas comment ils étaient censés pouvoir faire régner la loi et faire retrouver l'ordre dans cette cité perdue qui venait de s'embraser sans faire usage de la force. C'était de la folie. Même Claude – qui avait suivi attentivement le plan – avait essayé de rétorquer quelque chose à son chef avant de se faire clouer le bec. Les ordres venaient d'en haut, et ça on pouvait rien y faire. Alors il se rappela du regard que lui avait lancé son ami avant de secouer doucement la tête comme pour lui dire : N'y va pas, Aurél. N'y allez pas. C'est trop dangereux. Mais il n'avait pas le choix, c'était son devoir. Et il savait que c'était de la folie mais il avait eu espoir de faire reculer les émeutiers. Au moins le temps que les familles arrivent à s'enfuir de la cité. Mais celles-ci n'étaient pas sorties des barres d'immeubles à leurs appels et ils s'étaient presque aussitôt retrouvés – son équipe ainsi que les trois autres de la ville venues en renfort – pris au piège. Littéralement. Les émeutiers les avaient entourés et il avait fermé fortement les yeux en les voyant tirer aux mortiers dans leur direction, ses collègues criant des ordres aux émeutiers qui ne les écoutaient pas. Reculez ! Arrêtez ! Vous ne savez pas ce que vous faites ! Déposez vos armes ! Il avait rouvert les yeux en entendant un de ses collègues crier Retraite ! à leur intention mais, avant qu'il n'ait pu faire le moindre pas en arrière, les émeutiers s'étaient jetés sur eux. Comme une meute assoiffée de sang. Il les avait alors regardés d'un air pétrifié s'élancer sur ses collègues et commencer à se battre avec, matraque contre barre de fer, les yeux lui piquant déjà à cause des mortiers lancés un peu plus tôt. Il s'était pris un coup de pied au ventre, par dessus son gilet pare-balle, puis un coup de barre de fer sur le dos et était tombé par terre sans rien pouvoir faire de plus pour se défendre. Il se rappela alors des coups de pieds dans la tête et de barres de fer sur tout le corps qu'il s'était ensuite reçus sans jamais réussir à se relever pour contre-attaquer avant qu'enfin, un de ses collèges ne jète une grenade de désencerclement pour faire reculer leurs assaillants. La fumée, en effet, avait fait reculer ces derniers sur le moment mais quand il avait entendu ses collègues crier Retraite ! encore une fois, il n'avait pas réussi à se relever assez vite tant il avait eu mal dans tout le corps. Il s'était alors retrouvé seul, perdu dans cette scène de chaos à travers les cris, les rires et la fumée, sans savoir dans quelle direction aller pour rejoindre ses collègues. Puis, c'est là qu'il les avait entendus : Là ! Il en reste un ! Attrapez le ! Et il avait su que les émeutiers parlaient de lui. Il était devenue une proie. C'était une scène de guerre. Il était blessé et la meute s'élançait sur lui. La meute ne cherchait qu'à se venger et il était devenu la proie parfaite pour leur vengeance. Alors il s'était enfuit avec le peu de force qu'il lui restait, essayant de se cacher dans les dédales de cette cité qu'il ne connaissait pas. À présent, sa vie ne tenait plus qu'à un fil : son instinct de survie.

Il aurait dû écouter Claude, il n'avait pas assez d'expérience encore.

Il était en train de se dire ça quand il entendit des bruits de pas venant de sa droite, adossé comme il l'était à un des murs extérieurs d'un des bâtiments de la cité, et il sursauta, effrayé à la seule idée que les émeutiers puissent l'avoir retrouvé. Il tomba alors sur un homme le regardant d'un air froid autant que méfiant et il faillit tourner de l'œil en remarquant l'arme qu'il tenait dans ses mains, le mettant en joue :

« Qu'est-ce que tu fais là ? dit alors l'homme en fronçant les sourcils de plus belle et il secoua la tête doucement alors qu'il sentait son cœur se mettre à battre la chamade de panique dans sa poitrine.

— Non... Ne me faites... pas de mal... S'il vous plaît... »

Il ne put rien dire de plus avant de tomber dans les pommes, sa panique ayant enfin raison de lui. Qu'est-ce qu'il allait devenir bon dieu.

Fiction OrelxGringe - OlsztynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant