Partie 8 - L'accident.

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« Yass... C'est lui... »

Il sortit de ses pensées en entendant Aurélien se mettre à parler, revenant de toute évidence à lui. Le plus jeune avait plutôt l'air de murmurer, comme s'il se parlait à lui-même et il se pencha doucement vers lui, sans jamais cesser de faire pression sur son cou avec son tee-shirt à lui. Aurélien saignait, et à profusion. Ça devenait pire de minute en minute. Il était venu se réfugier avec lui dans ce local donnant sur la cour intérieure de la cité et d'où il pourrait voir son frère et ses amis débarquer si jamais ils arrivaient à les retrouver. Son téléphone se mit à sonner et il décrocha aussitôt, sachant déjà qui serait à l'autre bout du combiné :

« Claude, faut que tu viennes nous chercher. Tout de suite, bouge. Ça presse, Aurél est blessé. »

Son ami poussa un juron dans sa barbe avant d'acquiescer et il lui indiqua où ils se trouvaient précisément dans la cité pour qu'il sache où les trouver. C'était trop tard à présent. La vie du plus jeune était en jeu et il savait que Claude enverrait tout balader à cette seule information.

Il compte énormément pour moi. C'est ce que lui avait dit Claude à propos d'Aurélien la dernière fois qu'il l'avait eu au téléphone. Il se demandait dans quel sens. Et il ne savait pas s'il voulait savoir en réalité.

« Claude...? T'as appelé Claude...? entendit-il Aurélien lui demander d'un air lointain, mais ce dernier rouvrit les yeux sur ses cuisses pour lui lancer un regard interrogateur.

— Oui. Oui, Aurél. J'ai appelé Claude. Il arrive. Il vient te chercher, hein ?

— Super... Quel soulagement... »

Aurélien semblait complètement à l'ouest, comme s'il avait été bourré, ne se demandant même pas comment il pouvait connaître Claude, mais il savait très bien lui que ça avait plutôt à faire avec la quantité de sang qu'il avait perdu depuis qu'il l'avait extrait à son frère, bien qu'il ait essayé de contenir sa blessure au maximum. Le plus jeune referma les yeux par-dessus ses cuisses et il l'observa attentivement d'un air inquiet avant qu'il ne le voie froncer légèrement les sourcils :

« Guillaume... Ton frère... il s'appelle Yass ?

— Oui, Aurél, pourquoi ? s'inquiéta-t-il aussitôt en l'entendant parler de son frère.

— Je crois... que je l'ai déjà rencontré. Un jour que je me baladais avec ma grand-mère il y a trois ans. Un garçon nous a percuté alors qu'on marchait tranquillement et lui a volé son sac à main. Il était avec des amis et c'est comme ça que je sais son prénom. Son ami l'a appelé en riant alors qu'ils s'enfuyait et j'ai préféré rester avec ma grand-mère qui était tombée par terre plutôt que de leur courir après. J'ai appelé une ambulance et le lendemain je me suis rendu à la police pour déposer une plainte. Trois jours plus tard ils m'ont appelé pour que je vienne le reconnaître parmi plusieurs suspects. Quand je l'ai confondu, il m'a fait un signe de mise à mort comme pour me prévenir que j'allais le lui payer. Tu crois que c'était lui ? Il a tellement changé, je ne l'ai pas reconnu...

— Oui, Aurél. Je pense, oui, que c'était lui, murmura-t-il en venant caresser sa joue avec douceur. C'est à peu près à cet âge qu'il a commencé ses conneries. Et le juge l'a toujours laissé ressortir sous prétexte qu'il était mineur au moment des faits. Comme aujourd'hui. Comme moi aussi.

— Tu es mineur ?

— Non, Aurél, rit-il doucement en l'entendant demander ça même s'il savait qu'au vu de son état il ne devrait pas rire. Je veux dire par là que moi aussi à l'époque j'en ai fait des conneries. Des conneries pour lesquelles je n'ai pas été puni et qui m'ont laissé un sentiment d'impunité. Ce qui était une grave erreur. Tu comprends ? »

Fiction OrelxGringe - OlsztynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant