Partie 7 - Yass.

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« Mm... Gui...llaume...? »

Quand il revint à lui, il avait mal à la tête et il tenta de se toucher la joue en sentant quelque chose de visqueux y couler. Il fut surpris de voir qu'il n'arrivait pas à bouger les mains et lorsque l'information monta enfin à son cerveau, il se mit à paniquer. Il avait les mains liées. Il releva alors la tête brusquement et il sursauta en tombant nez à nez avec un garçon qui le fixait attentivement, les sourcils froncés. Et c'est là que ça lui revint. Ce garçon, tout à l'heure, il était venu le réveiller. Il avait senti quelqu'un le secouer alors qu'il dormait profondément dans le lit de Guillaume – s'il avait bien compris, c'était sa chambre dans laquelle ce dernier l'avait amené ? – et il avait appelé son prénom, pensant que c'était lui – comme à l'instant – seulement pour se rendre compte là aussi que ce n'était pas Guillaume mais ce garçon.

« Qui... Qui es-tu...? bégaya-t-il en se rendant compte que le garçon devant lui n'était qu'un adolescent et il chercha à s'éloigner le plus possible de lui en le voyant plisser les yeux de manière menaçante.

— Ton pire cauchemar. » répondit ce dernier d'un air sérieux et il écarquilla les yeux, à présent tout à fait terrifié.

Ce garçon... il l'avait frappé tout à l'heure quand il avait ouvert les yeux. Il lui avait demandé ce qu'il foutait dans le lit de son con de frère avant de le frapper au visage avec une barre de fer. Alors ça voulait dire...

« Tu es le frère de Guillaume ?

— Me parle pas de ce vendu, toi ! l'apostropha l'adolescent qui ne ressemblait en rien au plus grand si ce n'était la couleur de leurs cheveux et il écarquilla les yeux en voyant dans quel état d'énervement cette simple question le mettait.

Vendu...? osa-t-il tout de même demander et le garçon lui jeta un regard meurtrier qui le fit frissonner. Pourquoi... tu dis ça ? Qu'est-ce qu'il a fait ?

— Mon frère est un vendu à cette salope de République, c'est tout.

— La République ? répéta-t-il en fronçant les sourcils, confus. Tu veux parler... de la France, c'est ça ?

— Ouais, c'est ça, la France. Ce pays de merde là, jura le garçon avant de cracher au sol, juste à ses pieds, et il resta longtemps à observer son crachat avant de reprendre.

— Mais... tu es français, non ? Alors pourquoi tu craches sur ton pays ?

— C'est ce pays qu'a foutu mon père en zonz. Et à cause de ce même pays de merde que ma mère se casse le cul tous les jours pour pouvoir ramener du bifton à la maison !

— Tu penses pas... que c'est plutôt la faute de ton père si elle se tue autant à la tâche ?

— Ferme ta gueule, enculé ! »

Il n'avait pas voulu dire tout ça à voix haute, mais ça lui avait échappé. Trop tard. Le frère de Guillaume tenait une machette à présent dans sa main et tenait cette dernière tout près de son cou, le pétrifiant de terreur. Mais comment un adolescent de son âge avait-il pu se procurer une telle arme ? Il ferma les yeux un instant afin d'essayer de reprendre sa respiration, celle-ci s'étant bloquée dans sa poitrine à la sensation du métal froid contre sa peau sensible, puis il rouvrit les yeux en déglutissant :

« Pourquoi tu dis que ton frère est un vendu à la France ? Qu'est-ce qu'il a fait qui t'énerve autant ?

— Il a quitté la cité pour aller s'enrôler dans l'armée ce bouffon, cracha le frère de Guillaume et il écarquilla les yeux en l'entendant dire ça, comprenant alors l'allusion à l'armée de sa mère un peu plus tôt ainsi que l'allusion aux zones de guerre.

— Vraiment ? Guillaume est dans l'armée ?

— Parle pas de mon frère toi ! Je t'interdis de dire son prénom, t'entends ?! »

L'adolescent s'énerva en l'entendant prononcer le prénom de son frère et il écarquilla les yeux de plus belle en le sentant pousser la lame de la machette contre sa peau. Il sentit du sang couler le long de celle-ci venant rencontrer le col du tee-shirt blanc que lui avait passé Guillaume avant qu'il n'aille dormir et il se mit à tourner de l'œil en imaginant l'incision que la machette venait de faire sur son cou. Qu'est-ce qu'il lui avait fait...? C'est à ce moment-là que la porte du lieu où ils se trouvaient – il ne savait même pas où il était – s'ouvrit dans un fracas monstre et en tournant la tête, il aperçut Guillaume.

« Yass !! Je te jure que si jamais... s'écria ce dernier avant de s'interrompre soudain en l'apercevant. Mais qu'est-ce que t'as foutu bordel ?! »

Il vit le regard de Guillaume s'arrêter sur son cou qui devait à présent pisser le sang – en tout cas c'est ce qu'il lui semblait à lui – et lorsqu'il vit ce dernier écarquiller les yeux d'effroi, il comprit qu'il avait bien compris. Guillaume sortit alors une arme de sa ceinture et il fronça les sourcils faiblement, à bout de force, en le voyant pointer le canon de cette dernière sur son frère qui se tenait à ses côtés.

« Gui...llaume... Qu'est-ce que tu fais ? » balbutia-t-il alors qu'il sentait ses dernières forces l'abandonner et il entendit alors un coup de feu résonner dans la pièce.

Il perdit tout à fait connaissance, se demandant s'il n'avait pas tout simplement rêvé ce coup de feu, et la voix de Guillaume hurlant le prénom de son frère résonnant dans sa boite crânienne. Yass !! Et pourquoi soudainement ce prénom trouvait écho en lui ?

Fiction OrelxGringe - OlsztynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant