Partie 12 - Bonus 2 : Soirée.

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Deux semaines plus tard.

« Guillaume ? »

Il jeta un regard par dessus son épaule en entendant la voix de son copain l'appeler dans son dos. Il était sorti prendre l'air un peu en sentant l'alcool lui monter à la tête alors qu'il dansait avec Claude au milieu du salon de ce dernier pendant qu'Aurélien était allé se rafraîchir dans la salle de bain. Il sourit tendrement à celui-ci en le voyant s'avancer vers lui et Aurélien lui offrit un petit sourire timide avant de venir se blottir dans son dos.

« Eh, mon chat... rit-il doucement en le sentant entourer sa taille de ses bras et ils restèrent ainsi un long moment avant qu'il ne se tourne contre la rambarde de la terrasse pour venir l'enlacer de ses bras de même. Ça va ?

— Mm mm... marmonna Aurélien contre lui avant de se redresser doucement. Et toi ? Pourquoi t'es sorti ? T'avais trop chaud à l'intérieur ?

— Ouais... J'ai dû un peu trop picoler, ça m'a fait repenser à des choses...

— Ah bon ? Quelles choses ? lui demanda Aurélien en lui jetant un regard inquiet et il sourit, venant caresser sa joue encore humide de l'eau avec laquelle il s'était rafraîchie de son pouce. Tu veux en parler ?

— C'est rien, Aurél. C'est juste que... Toute cette histoire là, ce qu'il s'est passé à la cité... Plus j'y repense et... et plus je me dis que si réellement j'ai pas cherché à te revoir après... c'est pas parce que j'avais peur que tu sortes avec Claude. Ça c'était pour la blague. En réalité, c'est parce que je m'en voulais. Je savais que toi tu m'en voudrais pas et que tu verrais jamais le lien en un milliard d'années mais... tout est de ma faute.

— Guillaume... Qu'est-ce que tu racontes ? J'ai du mal à te suivre là... Pourquoi ce qu'il s'est passé ce jour-là serait de ta faute ?

— C'est mon frère l'origine de tout, Aurél. Ma mère a raison, bordel. »

Il se passa une main dans les cheveux en disant ça et il vit son copain lui lancer un petit regard inquiet :

« Ta mère a raison sur quoi ? De quoi... tu parles ?

— Elle m'a dit que si mon frère avait tourné comme ça c'était de ma faute. Parce que j'étais parti à l'armée alors qu'il n'était encore qu'un enfant.

— Attends... Ton frère avait treize ans, non, quand tu es parti ? lui demanda Aurélien en fronçant les sourcils et il hocha la tête. Ce n'était déjà plus un enfant. C'était un adolescent. Et même... En quoi le fait que tu partes à l'armée serait la cause de son mauvais comportement ?

— Je l'ai abandonné, Aurél. J'étais pas là pour lui éviter les mauvaises rencontres... Pour l'empêcher de faire de la merde.

— Mais... toi-même à l'époque tu étais en difficulté, non ? balbutia son copain d'un air hésitant, ayant peur de toute évidence de dire quelque chose qu'il ne devrait pas. Donc t'aurais rien pu faire... À part l'entraîner avec toi dans le mauvais chemin... Guillaume, regarde-moi... »

Il releva la tête à la demande de son copain et Aurélien vint caresser sa joue avec énormément de tendresse. Il le laissa faire un moment, puis attrapa sa main de la sienne pour venir en embrasser la paume délicatement.

« Je suis pas souvent revenu à la maison malgré les permissions qui m'ont été accordées ces quatre dernières années. Je l'ai pas vu grandir. J'ai vraiment l'impression que j'ai raté l'éducation de mon frère, Aurél. Et le fait qu'elle le pense aussi... Ça m'a anéanti.

— C'était à elle de mieux l'éduquer, Guillaume. C'est elle la mère, pas toi. »

Il lança un regard noir à Aurélien quand il dit ça et celui-ci recula, surpris. Alors il le rattrapa par le poignet pour l'empêcher de trop s'éloigner :

« Désolé, Aurél, s'excusa-t-il aussitôt puis il sourit doucement à ce dernier. Je sais que tu as raison. Comme toujours, hein ?

— Guillaume... Je te demande pardon. J'aurais pas dû dire ça.

— Si. Elle a foiré notre éducation à tous les deux, tu as raison. Mais l'Armée m'a sauvé.

— Tu le penses vraiment ? demanda Aurélien d'une petite voix en lui lançant un regard inquiet et il hocha la tête.

— Bien sûr. J'ai beaucoup réfléchi à mon enfance quand j'y suis entré, tu sais. Être là-bas, ça m'a apporté la discipline et le respect de l'autorité dont je manquais cruellement. Tout ce qu'on m'avait jamais inculqué. Que ça soit parce que mon père était absent et parce que ma mère n'a jamais rempli ce rôle... ou le fait de grandir dans une cité pourrie... entouré de cassos, dit-il d'un air moqueur et Aurélien exhala un petit rire amusé comme il s'y attendait. C'était p'têtre dans nos gênes aussi d'être teubés.

— Arrête... Tu sais que j'aime pas quand tu te dénigres... murmura Aurélien et il haussa les épaules avant de se pencher pour venir l'embrasser.

— Tout ça pour dire... que je me suis senti coupable de ce qui t'était arrivé à la cité. Que ça soit mon connard de frère qui en soit le premier responsable. Qu'il ait failli tuer la personne que j'aime le plus au monde. Toi.

— Guillaume... commença Aurélien qui détestait il le savait le fait qu'il porte encore de la rancoeur envers son frère malgré sa mort et il posa son index sur sa bouche pour lui intimer de l'écouter jusqu'au bout.

— Et c'est pour ça, inconsciemment, que je me suis empêché de te recontacter tout ce temps. Parce que je m'en voulais de ce qui t'était arrivé, mon chat. Je me suis senti responsable. »

Aurélien lui lança un regard larmoyant avant qu'il ne le voie secouer la tête. Son copain se mit alors sur la pointe des pieds et entoura son cou de ses bras en y enfouissant son visage :

« Tais-toi un peu. T'y es absolument pour rien, Guillaume, tu m'as sauvé toi. »

Il frissonna en sentant le souffle tiède d'Aurélien contre son cou et entoura sa taille de ses bras pour le serrer à lui. C'était pareil pour lui. Aurélien l'avait sauvé. De sa misérable vie. De son début de dépression après la mort de son frère et son départ de l'appartement familial. Ils en avaient suffisamment discuté pour qu'Aurélien sache l'importance que son retour avait eu sur lui. Si ce n'était pas déjà assez évident vu qu'ils sortaient ensemble à présent. Il pensa à Claude qui lui avait crié au beau milieu de la soirée par-dessus la musique alors qu'ils dansaient « T'es pas un peu frapadingue toi de penser que je puisse sortir avec Aurél ?! C'est comme mon petit frère ce gosse ! » et exhala un petit rire discret dans les cheveux noir du plus jeune. Quel soulagement. Il chercha alors sa tempe encore légèrement blessée des doigts pour venir la dégager et y déposa un petit baiser avec tendresse :

« Je t'aime, Aurél. Qu'est-ce que je t'aime, si tu savais. »

Il entendit ce dernier pousser un petit soupir de bien-être au baiser dans ses bras et il sourit contre sa tempe. Oui, il était au comble du bonheur. Et tout ça, c'était grâce à ce p'tit gars qu'il avait rencontré dans le pire moment de sa vie et qu'il aimait maintenant plus que cette dernière. Aurélien.

Fiction OrelxGringe - OlsztynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant