« Guillaume...? Comment il s'appelle ton frère ? »
Il se retourna vers Aurélien quand celui-ci lui posa cette question alors qu'il tenait le tee-shirt ensanglanté de ce dernier dans ses mains, étant sur le point de mettre ce dernier à laver dans la pièce voisine. Aurélien était allongé sous ses draps, dans son lit, un tee-shirt à lui sur le dos et semblait sur le point de s'endormir. Il était adorable. Le voir ainsi quasiment sans défense et sur le point de s'abandonner au sommeil des justes lui faisait étrangement quelque chose. Il fallait qu'il se reprenne. Il n'était plus à l'armée, mais chez lui, merde.
« Pourquoi tu veux savoir ? demanda-t-il, peut-être un peu trop sur la défensive, mais Aurélien ne s'en offusqua pas, le cerveau déjà bien trop engourdi par la fatigue.
— Je sais pas... C'est ton frère alors ça m'intéresse... répondit le plus jeune dont les yeux se fermaient doucement et il sentit son cœur rater un battement dans sa poitrine en l'entendant dire ça de manière si sincère.
— T'as pas besoin de le savoir, Aurél. Je préfère pas. Tu comprends ? »
Celui-ci ne répondit rien un long moment alors il posa le tee-shirt sur son bureau avant de revenir s'asseoir à ses côtés dans le lit.
« Aurél ? l'appela-t-il, se demandant s'il s'était endormi, et il posa doucement une main sur son épaule pour le secouer. Tu m'entends ?
— Mm... Je comprends... Est-ce que... tu me crois, Guillaume...?
— Par rapport à quoi ? dit-il en fronçant les sourcils, se demandant de quoi il voulait parler.
— Ta mère... Tu lui as dit... Quand elle t'a demandé si tu savais toi ce qu'il se passait ici... T'as dit peut-être. Tu ne me crois pas ?
— Je... Je sais pas, Aurél. Sûrement, oui. Mais pourquoi... Enfin comment... comment tu saurais exactement ce qu'il s'est passé sur place ? Sans y être toi ?
— Parce qu'ils nous ont appelé en renfort. Enfin... Des policiers qui étaient dans mon commissariat, pas moi. Alors on a pu tout entendre via la radio. Leur discussion... Le coup de feu... Les pleurs du gamin... Je te promets, Guillaume, que je ne te mens pas. C'est comme ça que ça s'est passé.
— Je vois. Je te crois, Aurél, murmura-t-il en venant passer délicatement ses doigts dans les cheveux lisses du plus jeune quasiment endormi près de lui. Promis.
— Ta mère... Elle aime pas trop les policiers, non ? murmura à son tour Aurélien et il fut étonné de le voir pas encore endormi, se battant de toute évidence contre le sommeil.
— Ouais, rit-il doucement, amusé par la question innocente du plus jeune et il se mit à caresser ses cheveux afin de l'amener à s'endormir. On peut dire ça, en effet.
— Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'on lui a fait...?
— Toi rien, Aurél. Mais on va dire que mon père a eu beaucoup de problèmes avec la justice. Ce qui lui a coûté la vie. Enfin la liberté plutôt. Il est en prison. Et mon frère... c'est une tête brûlée qui commence à prendre le même chemin. Donc elle doit avoir peur pour lui.
— Oh, je vois... Alors c'est pour ça que tu veux pas me dire son prénom...?
— Entre autres... Allez, dors Aurél. Quand tu te réveilleras je te sortirai de là. J'ai des contacts, ne t'inquiète pas.
— Ah bon... D'accord... »
Le plus jeune ne dit plus rien ensuite et il sentit une immense chaleur l'assaillir en le voyant tomber dans les méandres du sommeil. C'était étrange, jamais il n'avait connu ça auparavant. Il s'arracha à contre-coeur d'à ses côtés et sortit de sa chambre en se forçant littéralement à ne pas se retourner vers le plus jeune. Il se rappela simplement de prendre son tee-shirt pour le mettre à laver. Bordel, dans quoi est-ce qu'il s'était embarqué encore ?
***
« Guillaume ? C'est toi ?
— Salut mon pote. Comment tu vas ? »
Claude. C'était lui qu'il connaissait qui pouvait sortir Aurélien de là. S'il n'était pas déjà présent. Il devait encore le croire dans le désert vu qu'il ne l'avait pas rappelé en rentrant en France.
« Attends, Guillaume... Pourquoi tu m'appelles ? T'es pas en mission ?
— Non, je suis rentré. Il y a trois jours à peine. J'ai pas pensé à t'appeler avant, je passe mes journées à dormir. Même si y'a pas vraiment beaucoup de décalage avec le Mali...
— Guillaume, je veux pas te faire paniquer mais... T'es chez toi ? Je veux dire chez ta mère ?
— Ouais, j'ai eu une permission et au vu de ses dernières lettres, j'ai préféré rentrer. Je sais ce qu'il se passe. Je suis à l'intérieur de la cité.
— Bordel, Guillaume... C'est la merde. Ça a dégénéré et... j'ai besoin de toi.
— Je sais, j'ai besoin de toi. »
Ils avaient tous deux dit cela en même temps et Guillaume fronça les sourcils en entendant son ami lui demander cela de même. Il avait l'air terriblement inquiet.
« T'as besoin de moi ? Comment ça ?
— Deux choses... Tu dois le savoir depuis mais... le leader des émeutiers... C'est ton frère, Guillaume.
— Quoi ?! s'exclama-t-il, s'étranglant presque en entendant son ami lui dire ce qu'il redoutait depuis le début, mis au courant par sa mère dans une de ses lettres du mauvais coton que filait son frère en se rapprochant des dealers du quartier.
— Yass... C'était lui le deuxième ado qui a pris en chasse les policiers. Il est aveuglé par sa haine. C'est lui qui a démarré tout ça en poussant les gamins à s'armer et à foutre le feu partout. Et s'il ne dépose pas les armes et s'obstine à pousser à la révolte... ça risque de mal finir pour lui, Guillaume. On a un p'tit gars enfermé avec eux. On ne sait pas s'il est encore en vie. C'est mon ami. J'ai pas réussi à empêcher qu'ils l'envoient lui aussi alors que ça fait à peine trois mois qu'il a commencé. Si on apprend qu'ils l'ont tué... je ne sais pas si je pourrais un jour me le pardonner. Et je ne sais pas si je pourrais retenir mes hommes.
— Aurélien... murmura-t-il en voyant alors le visage du plus jeune dans son esprit.
— Qu'est-ce que t'as dit ? lui demanda d'une voix surprise son ami contre son oreille.
— J'ai dit Aurélien ! C'est lui n'est-ce pas, Claude ?! s'exclama-t-il et il entendit son ami acquiescer de l'autre côté du combiné. Il est avec moi. Il est en sécurité. Je t'appelais justement par rapport à lui !
— Guillaume, mon dieu, tu peux pas savoir à quel point je suis soulagé. Ce gosse, il est innocent, il n'y est pour rien dans toute cette merde. Et il compte pour moi.
— Je comprends pourquoi. C'est vrai qu'il est assez... attachant ? »
Il entendit son ami rire en voyant l'adjectif qu'il avait choisi pour qualifier le plus jeune. Mais il ne savait pas quoi dire d'autre sans se cramer en fait. Claude rit longtemps, semblant tellement soulagé d'enfin savoir qu'Aurélien était en vie et en bonne santé avant qu'il n'entende son rire s'estomper peu à peu.
« Guillaume. Où est-ce que t'as caché Aurél ? »
Il fronça un instant les sourcils en l'entendant poser cette question avant de se rappeler de son frère. Le leader de tous ces émeutiers selon Claude. Celui qui devait le plus vouloir attraper ce satané flic soit pour se venger contre lui directement soit pour exiger un échange avec un plus haut gradé.
« Oh, bordel. Je te rappelle. »
Il raccrocha sans attendre la réponse de Claude et se précipita vers son bâtiment. Maman.
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Fiction OrelxGringe - Olsztyn
FanfictionGuillaume, habitant d'une cité parisienne qui s'embrase, tombe sur la personne recherchée par les émeutiers dont fait partie son petit frère qui en a même pris le commandement. Un choix cornélien s'offre alors à lui : protéger ce garçon ou bien rejo...