Il était allongé sur le ventre, blotti contre Guillaume – par-dessus sa jambe droite et non pas entre ses jambes – et ce dernier était adossé contre son oreiller dans le lit de ce dernier. Nu. Ils venaient de faire l'amour. Et ça avait été tellement... tout. Guillaume l'entourait paresseusement de son bras, caressant du bout des doigts son dos et il frissonna. Il releva alors le visage, un petit sourire timide sur les lèvres, et Guillaume lui sourit de même – d'un air si tendre qui lui vola la respiration un instant – avant que celui-ci ne caresse ses lèvres de son pouce avec douceur :
« Eh, mon chat... À quoi tu penses ?
— Je pense au fait... que tu m'as tellement manqué ces dernières semaines. » dit-il d'une petite voix et il ne put empêcher un petit sanglot de passer le seuil de ses lèvres en disant ça malgré son petit sourire.
Il ferma les yeux et se mordit la lèvre en entendant la façon dont sa voix sortit sous son émotion et il sentit le pouce de Guillaume migrer vers sa joue pour caresser cette dernière.
« J'ai eu peur, Guillaume. De ne plus jamais te revoir. Même si on avait ce minuscule lien... qui est Claude... entre nous. Il ne réussissait pas à te joindre au téléphone alors il a émis l'idée d'aller te chercher chez toi directement mais moi je voulais pas, expliqua-t-il en fronçant les sourcils, revoyant la scène derrière ses paupières closes. Pas là-bas... Cette cité... J'avais trop peur pour lui...
— Et pourtant... si tu as eu mon adresse, c'est bien parce qu'il y est allé et a demandé à ma mère où j'habitais maintenant, non ? lui demanda doucement le plus grand en glissant sa main dans ses cheveux et il secoua la tête.
— Non, c'est pas lui... C'est moi qui y suis allé.
— Quoi ? s'étonna Guillaume et il le vit froncer les sourcils quand il rouvrit les yeux. Aurél... Vraiment ?
— Oui, je refuse que ne serait-ce un seul de mes amis remette le pied là-bas. Ça fait trop de souvenirs douloureux... Et puis... je devais le faire seul. Alors je m'y suis rendu en me cachant le visage avec mon pull à capuche au cas-où... Après avoir cherché l'adresse de ta mère dans la base de donnée de la police... Je ne me rappelais plus ni le numéro ni l'étage, tout s'était passé si vite... Mais grâce au nom de ton frère... J'ai pu retrouver son adresse... Et je suis même... Je suis même passé devant l'endroit où ça s'est passé, dit-il en hésitant et sa voix se brisa en y repensant. Il y a encore la trace au sol et... Je suis tellement désolé, Guillaume... Ça a dû être horrible. Je comprends pourquoi t'as préféré rester avec lui.
— Aurél, c'est du passé ok ? Je ne veux plus y penser et toi aussi, tu devrais oublier. T'aurais jamais dû voir cette trace déjà. C'est malsain. Ma mère a préféré rester là-bas pour être avec ce qu'il reste de son fils. Je n'ai rien pu y faire. Mais dis-moi qu'elle t'a pas violenté. Elle a dû te reconnaître quand même, non ?
— Mm... Je n'étais pas en uniforme de policier évidemment, j'ai même pris un arrêt maladie avec l'hôpital et... tout ce qu'il s'est passé... expliqua-t-il en essayant de bien choisir ses mots. Mais elle m'a quand même reconnu. Je voulais simplement savoir où tu étais, vu qu'elle me disait que tu faisais plus partie de sa vie maintenant, dit-il et il ferma les yeux en se rendant compte de ce qu'il venait de dire mais en les rouvrant la seconde suivante, Guillaume lui offrit simplement un petit sourire triste et acquiesça.
— Continue, Aurél. C'est pas grave. Je suis au courant, lui dit le plus grand en continuant de caresser ses cheveux.
— J'ai pas trop compris mais... elle a dit que c'était à cause de l'armée tout ça. Si tu étais comme ça... Si tu... aimais les hommes ? demanda-t-il dans un murmure, ayant peur de faire une gaffe malgré le fait qu'il était en ce moment précis à poil dans son lit à ses côtés.
— Ouais, soupira Guillaume en fermant un instant les yeux. C'est là bas que je m'en suis rendu compte on va dire. Et je le lui ai balancé le jour de mon départ lors d'une énième dispute alors qu'elle critiquait encore mon parcours de vie. Mon choix professionnel. J'ai essayé de rester calme le temps de l'enterrement de Yass mais après une semaine je pouvais plus rester dans le même environnement qu'elle. C'était trop pour moi.
— Je vois... Ça m'a surpris qu'elle me prenne à partie ainsi alors que je cherchais juste à savoir où tu étais, murmura-t-il, se perdant dans ses pensées, et il en sortit en sentant Guillaume lui caresser la joue tendrement. J'ai même cru qu'elle pensait que c'était moi qui t'avait... détourné du droit chemin ? Tellement elle était virulente. Et ensuite elle m'a donné ton adresse et m'a claqué la porte au nez.
— Non, mon chat. T'y es pour rien, toi. »
Il se blottit contre Guillaume, les larmes aux yeux, les images de sa rencontre avec sa mère jouant en boucle dans son esprit. Ça avait été violent. Même si au moins elle ne lui avait pas mis la mort de son plus jeune fils sur les épaules. Le plus grand, lui, le serra doucement dans ses bras et continua de caresser ses cheveux avec douceur avant de dégager sa tempe sur laquelle des points de suture étaient à présent apposés. Il le sentit déposer un petit baiser à cet endroit avec infiniment de douceur et il ferma les yeux, la scène où la meute lui avait sauté dessus ce jour-là avec ses collègues flasha devant ses yeux.
« Et Claude ? murmura-t-il alors en repensant soudain au fait que son ami avait fait l'armée avec Guillaume.
— Quoi Claude ?
— Tu avais dit... que vous aviez fait l'armée ensemble, non ? dit-il en se redressant contre le plus grand.
— Oui ? Enfin c'est Claude qui te l'a dit mais oui.
— Alors est-ce que tous les deux...? À l'armée...? »
Guillaume le regarda d'un air confus avant qu'il le voit enfin comprendre où il voulait en venir. Le plus grand haussa les sourcils puis écarquilla les yeux avant de se mettre à pouffer de rire.
« Quoi ? Mais non... Jamais, Aurél. Jamais avec Claude, rigola Guillaume en se tordant de rire sur le lit et il dut même se redresser à son tour pour éviter qu'il ne lui tombe dessus. Qu'est-ce que tu vas imaginer ? On était juste dans la même division et on s'est rendus compte qu'on s'entendait bien. Mais rien de plus. Il était complètement fou et moi bien trop pragmatique. Ça nous a fait du bien à tous les deux.
— Tu me promets ?
— Mais oui, mon chat. J'ai pas couché avec ton ami, lui sourit Guillaume de toutes ses dents avant de lui dérober un baiser. Par contre faudra que j'ai une petite discussion avec lui, pas envie qu'il te raconte toutes mes conquêtes là-bas. Tu vas être jaloux après.
— T'en as vraiment eu tant que ça ?
— Je rigole, Aurél. C'est une blague. Viens-là, murmura Guillaume en l'attirant à lui. J'ai eu ce qu'on appelle des aventures, c'est tout. C'était excitant avec le fait de devoir se cacher aux autres, aux gradés... Mais rien de fou. Ça m'a juste aidé à comprendre que j'aimais les hommes. Aussi. Ou que, je sais pas encore... Mais c'est toi la première personne qui m'a fait ressentir ce truc. Cette flamme. Tu vois de quoi je veux parler ?
— Mm... Je crois, oui. Je l'ai aussi ressentie.
— Rien ne pourrait me faire plus plaisir, mon ange. Enfin si c'est moi qui te l'a fait ressentir, hein. »
Il se redressa imperceptiblement contre Guillaume pour pouvoir l'observer avec attention, s'arrêtant sur ses taches de rousseurs qui avaient été les premières il se rappelait à l'avoir marqué chez lui, puis il lui sourit doucement :
« Bien évidemment. C'est toi. Personne d'autre. »
Il se pencha vers Guillaume pour l'embrasser et il sentit ce dernier sourire dans le baiser. Le plus grand les fit basculer de telle sorte qu'il se retrouva sur le dos avec lui au-dessus et il exhala un petit rire en comprenant ce que ça voulait dire. Va pour un second round. Il enfouit son visage dans le creux du cou de Guillaume et sourit alors qu'il fermait les yeux. À cet instant précis, il était heureux. Et il aurait voulu que jamais ça ne s'arrête.
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Fiction OrelxGringe - Olsztyn
FanfictionGuillaume, habitant d'une cité parisienne qui s'embrase, tombe sur la personne recherchée par les émeutiers dont fait partie son petit frère qui en a même pris le commandement. Un choix cornélien s'offre alors à lui : protéger ce garçon ou bien rejo...