Chapitre 3 - Brooke ⛸️

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Après une longue et ennuyeuse journée à l'université, je me rends chez mon mécano à l'aide de mon vélo qui a connu des jours bien meilleurs.

Devant le garage, je descends de mon moyen de locomotion et le laisse dans un coin avant d'entrer. L'endroit pue l'essence, l'huile à moteur ainsi que la peinture. Arranger des caisses, les gars de l'atelier s'y connaissent.

Je passe devant le petit bureau où se tient monsieur Anderson, le père de Tray, qui parle en ce moment même au téléphone, mais qui n'hésite pas à me sourire de toutes ses dents et à me faire un « coucou » de la main.

Jason, un autre mécano, sort d'en-dessous d'une voiture et me reluque pendant quelques instants.

— Tray ! gueule-t-il. Ta chérie est là !

Il me gratifie d'un clin d'œil, je lève les yeux au ciel.

Je viens ici au moins deux fois par semaine, et il ne rate jamais l'occasion de me titiller. Je ne prends même plus la peine de lui expliquer que Tray et moi ne sommes rien d'autre que des amis d'enfance. S'il ne l'a pas encore compris, il ne le fera jamais.

Ses insinuations m'agacent, surtout parce que Tray a une copine qui étudie dans un autre État. Je n'aimerais pas qu'il ait des problèmes simplement parce qu'il a accepté de réparer ma caisse.

En parlant du loup, il vient justement vers moi, en train de nettoyer ses mains à l'aide d'un chiffon. Un sourire illumine son visage, déjà radieux de base, et il me prend dans ses bras. Tray fait au moins deux têtes de plus que moi, sans parler de sa corpulence. Lorsqu'il m'étreint, j'ai l'impression de disparaître sous ce tas de muscles.

— Brooke, Brooke, Brooke, ta présence dans ce lieu crasseux réchauffe mon petit cœur.

— Le mien aussi, la ramène Jason.

— Ta gueule, Jay. Au boulot !

Amusée, je me laisse entraîner par mon ami avant de tirer la langue à son collègue, qui s'esclaffe pour ensuite retourner sous la voiture.

Cela fait deux mois que Tray travaille assidument sur la Mustang Flashback de mon père. Depuis que je suis arrivée à Oak Ridge, j'ai recyclé certaines de ses affaires. J'ai retrouvé cette berline dans un sale état dans le garage de ma grand-mère. Mon grand-père s'occupait de son entretien, mais depuis sa mort, cette beauté est restée cachée sous une bâche pendant près de quatre ans. L'inactivité a bousillé le moteur, ainsi que certains circuits internes. Sans parler de la carrosserie qui a également pris cher.

Du coup, en découvrant cette beauté abîmée, je me suis dit que ce serait sympa de la retaper et de lui offrir une deuxième vie. En plus, j'ai besoin d'un moyen de transport. J'aime bien pédaler, mais je préfère nettement me retrouver derrière un volant.

— Ça avance bien alors ?

— Oui, très, me rassure Trayvon. Ça prend juste un peu plus de temps que prévu. Mais s'il n'y a pas de pépins, je pense que d'ici la fin de la semaine prochaine je pourrai te remettre les clefs.

— Non ? Vraiment ? m'exclamé-je, excitée comme une puce, en sautillant sur moi-même telle une gamine de dix ans.

Je me vois déjà la conduire, aller sur le campus, à mon boulot – qui commence la semaine prochaine justement – et peut-être partir le week-end avec ma grand-mère visiter les villes voisines. J'ai investi une grosse partie de mes économies, voilà pourquoi dès que Tray m'a transmis son devis, j'ai décidé qu'à côté de mes études, je prendrais un petit boulot. Il s'agira de mon premier. Ma grand-mère m'a aidé à le décrocher. Il se trouve que la patinoire municipale avait besoin d'une professeur de patin pour les activités extra-scolaires. À partir de lundi prochain, j'aurai à ma charge un petit groupe d'enfants d'entre cinq et six ans. À moi de leur apprendre les bases de ce sport et faire en sorte qu'ils s'y intéressent de plus près. Ce sera un petit boulot après les cours, trois fois par semaine, ça me fera du bien.

Oak Ridge Campus #1 King © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant