Chapitre 1

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Enfin le week-end !

Je sors de la salle d'histoire en suivant Noémie aussi excitée qu'une pile électrique. Elle dévale les escaliers sans attendre notre groupe d'amis et j'entends déjà Tom se plaindre gentiment. Arrivés en bas des escaliers, j'ignore le regard inquiet de Margot lorsque je trébuche à cause d'un vertige. Je me rattrape in extremis sur Mathieu, mon meilleur ami, il me stabilise avant de me demander si tout va bien. Je le rassure du mieux que je peux mais même moi je ne suis pas convaincu. Comme à son habitude après les cours, il place son bras autour de mes épaules et nous reprenons notre trajet.

Nous discutons tous ensemble, sur la place devant le lycée avant de nous séparer. Même si nous savons que nous nous retrouverons dans quelques heures, nous prolongeons ce moment dans notre bulle de sécurité.

— Vous êtes sûres que vous ne voulez pas venir vous préparer directement chez moi les filles ? nous demande pour la centième fois Noémie.

— Non t'inquiète pas. Je vais rentrer à la maison pour poser mes affaires et enfiler ma tenue tranquillement, je lui indique.

— Pareil, affirme Margot d'une voix douce avec un fin sourire parfait.

Même si Noémie paraît déçu elle ne le montre pas et nous rassure :

— Bon, de toute façon on se voit à ma soirée ! Bisous les filles, à tout à l'heure ! nous salut-elle avant de s'éloigner.

À tout à l'heure... Je pense en soupirant.

— À tout à l'heure, se moque Mathieu et Tom en prenant une voix plus aiguë que nécessaire pour embêter Noémie.

Mon amie rie à la plaisanterie qui est maintenant devenue un rituel et elle grimpe dans la voiture de sa mère.  De leur côté, Tom et Margot partent à pied en se chamaillant, après nous avoir salué. Le silence retombe une fois que le groupe a disparu, nous laissant tous les deux : Mathieu et moi. Je connais mon meilleur ami depuis la maternelle, sa carrure de surfeur, ses cheveux toujours en bataille et ses yeux bleus me sont familiers.

Pourtant, je ne me suis jamais sentis aussi loin de lui.

Seuls au milieu de la rue, il marche devant moi et nous nous dirigeons vers l'arrêt de bus ou je mets mon casque sur mes oreilles. Il respecte mon besoin de silence et je l'en remercie. Je n'aime pas les endroits bondés, mes mains se mettent toujours à trembler sans raison, comme un frissonnement imperceptible. Même si je ne veux pas me l'avouer, cela fait des semaines que cette angoisse sourde pèse de plus en plus lourd.

Après dix minutes de transport en commun et quelques minutes de marche, j'arrive chez moi. J'ouvre le portail rouillé du jardin de ma maison, une façade blanche qui a fini par ternir avec les années. Une fois devant la porte, je prends une grande inspiration et l'ouvre, afin d'accéder à ma vie familiale. Je salue ma mère, d'un petit signe de la main, assise à son bureau dans le salon, en télétravail.

Affamée, je passe par la cuisine me couper une tranche de brioche que je recouvre de pâte à tartiner. J'abuse peut-être un peu avec la pâte chocolatée mais les crampes qui me tordent le bas du ventre me rappellent que le chocolat soulage les douleurs de règles.

Je file ensuite dans ma chambre et une fois assise sur mon lit,  les yeux dans le vague, je mange mécaniquement sans trop me poser de questions. Je finis par me relever, la tête envahie par des milliers de pensées parasites et j'enlève mes chaussures pour libérer mes pieds endoloris. Je me place devant mon armoire pour commencer à me préparer. Ce soir c'est l'anniversaire de Noémie, il faut que je fasse un effort.

J'ai déjà préparé mes affaires, je sais exactement quoi mettre alors je ne me permet pas de réfléchir. Je sors de mon placard cette longue robe noire à bretelles que je porte très rarement. Des sequins argentés ornent le buste et le tulle noir légèrement pailleté retombe parfaitement le long de mes jambes, sans trop de volume. Je m'observe dans le miroir, scrutant le moindre défaut. La robe est vraiment jolie, même si je ne suis pas sûre de la mettre en valeur. Mes cheveux roux sont naturellement bouclés alors je tente de les coiffer légèrement pour les discipliner sans les abîmer. Des tâches de rousseur parsèment mon visage, du bout de mon nez à la pointe de mes oreilles. Mais bientôt elles disparaissent et je ne vois plus que mes boutons. Je n'en ai pas tant que ça, mais là je ne vois rien d'autre.

Je Te PrometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant