Je Te Promets

Chapitre 10

Ce midi, je n'ai presque rien mangé.

Les paroles de madame Lauriac tournent toujours dans mon esprit et avec le contrôle d'histoire de cet après-midi, j'ai l'estomac noué.

— Il faut que j'aille réviser, j'annonce à mes amies lorsque nous sortons du self.

Je trouve une place un peu à l'écart dans le foyer, je remonte mon casque sur mes oreilles et ouvre mon cahier. Je lis et relis la même phrase, le même paragraphe sans vraiment me concentrer ni comprendre ce qu'il y a devant mes yeux. Pourtant je me remémore mon cours plusieurs fois mais en ayant l'impression d'avoir oublié la phrase précédente au moment d'avoir fini de la lire.

— Tu veux de l'aide ?

Je relève la tête vers la voix en décollant une oreillette de mon casque pour l'écouter. Mathieu se tient devant moi, il s'accroupit pour se mettre à ma hauteur et répète sa question.

— Tu veux que je t'aide ?

— Pour ? lui demandais-je sans comprendre.

Il pointe le cahier que je tiens entre les mains. Je soupire avant de le lui répondre :

— Je pense qu'après avoir relu la leçon trois fois ça devrait être bon.

Mais la vérité c'est que jamais je n'avouerais avoir besoin de son aide. Même s'il me la propose, j'ai trop peur de le déranger. Il me regarde encore un petit instant au cas où je changerais d'avis.

— Un baby-foot ça te changerait les idées.

— Tu sais très bien que je suis nulle.

Je finis tout de même par refermer mon cahier et me lève pour mettre fin à cette mascarade. Je le suis jusqu'au baby-foot et me place face à lui, qui choisit les bonhommes rouges pour me laisser les bleus. J'empoigne fébrilement les poignées, il lance la balle et le jeu commence.

Je ne suis pas du tout à l'aise, je ne suis pas douée, et il doit sans doute regretter de m'avoir proposé une partie. Même si le sourire qu'il affiche sur son visage laisse à penser le contraire.

Il fait sans doute semblant, me chuchote cette petite voix dans mon esprit.

— Bravo Hélie !

— J'ai marqué ? J'ai vraiment marqué ?! je m'écrie.

Je ne suis peut-être pas si mauvaise que ça, finalement.

— Tu m'avais caché ton talent ! se plaint-il.

— Non, je viens de le découvrir, je lui réponds en soufflant par le nez. Mais fais gaffe parce que maintenant je vais te défoncer, j'ajoute un sourire faussement mesquin aux lèvres.

La partie reprend et, bien sûr, il marque les trois prochains buts.

— J'ai blessé ton ego ? je lui demande en récupérant la balle.

— C'est pas de ma faute si je suis plus fort que toi.

— Ça c'est ce qu'on verra, je lui réponds, bien décidée à marquer le prochain but.

Il marque les deux suivants mais je ne me décourage pas. La sonnerie retentit lorsque je réussis à marquer mon deuxième but. Il gagne haut la main mais, je dois bien le reconnaître, c'était assez drôle.

Je le suis jusque dans la cour où il se met à pleuvoir. Mon estomac se noue et je voudrais courir m'enfermer aux toilettes et réviser jusqu'à la fin de ma vie. Je me mets à culpabiliser d'avoir joué au baby-foot, parce que la vérité c'est que je ne suis absolument pas prête. J'ai beau avoir révisé jusqu'à plus de minuit hier soir et avoir relu la leçon trois fois juste avant le cours, j'ai les mains qui tremblent et j'arrive à peine à marcher. Pourtant me voila assise sur ma chaise, la feuille de contrôle sous les yeux et mon stylo à la main.