Je Te Promets

Chapitre 28

Je suis assise entre mes parents.

La boule présente dans mon estomac est tellement forte qu'elle en devient presque insoutenable. Mes jambes tremblent sans que je ne puisse rien faire. Je ne sais pas ce que je fais là. Mais c'est comme si mon organisme s'était préparé à cette information et avait débranché le câble des émotions. Je sais ce que le médecin en face de moi va nous annoncer, sinon je ne serais pas là.

Il ouvre sa bouche comme pour nous parler et remue ses lèvres. Sauf qu'aucun son ne sort.

Soudain tout tangue et se mélange dans mon esprit. Comme un trou noir.

— Je suis désolé... Il nous a quittés cette nuit... me parvient un murmure éloigné.

Je ne suis pas sûre d'avoir compris.

A moins que je ne veuille pas comprendre...

Lorsque j'entends ma mère hurler et se mettre à pleurer je sais que je n'ai pas rêvé. Cette femme d'habitude très calme et toujours souriante s'effondre à mes côté. Des larmes coulent aussi sur le visage de mon père qui se précipite vers sa femme pour essayer de la contenir.

Mais peine perdue.

Elle vient de perdre son fils.

Et moi mon frère.

Je suis pétrifiée sur place, les sons se font de plus en plus loins. Mes mains tremblent et bientôt c'est tout mon corps qui est pris de tremblement incontrôlable. De forts sanglots s'échappent de ma gorge.

J'ai besoin d'air. Je suffoque. Je tente de me lever mais je titube.

Pourtant un pas après l'autre. De plus en plus vite. Une foulée après l'autre et bientôt je me mets à courir le plus rapidement possible à travers ces couloirs vides et sans vie, pourtant animés par des centaines de personnes en blouse blanche.

Il me semble entendre mes parents m'appeler au loin, mais je les ignorent. Je cours a travers ces couloirs que je connais si bien pour rejoindre l'extérieur, pendant qu'un ouragan de pensées m'engloutit peu à peu.

Je viens de perdre mon frère.

Mon guerrier.

Mon ange...

Chaque respiration que j'effectue m'est insupportable. J'inspire l'air extérieur mais il me brûle les poumons.

Pourquoi aurais-je le droit de respirer si lui ne le peut plus ?

Je suis prise d'un haut le cœur et il ne me faut pas plus de temps pour porter mes mains à ma bouche. J'ai à peine le temps de me diriger vers un carré de pelouse que la bille quitte mes lèvres pour venir se répandre sur le sol.

Ma tête bourdonne. J'ai l'impression qu'elle va imploser.

J'ai besoin d'oublier.

Je veux oublier.

A quoi bon vivre s' il n'est plus là ?

Les larmes inondent mon visage sans pouvoir les contrôler. Je remonte mon casque sur mes oreilles et met le volume à fond ; afin de faire taire les voix des démons qui me hantent. Les mains tremblantes dans les poches de mon sweat, j'avance sans trop savoir où je vais.

Les larmes me brouillent la vue et je ne vois rien d'autre que des formes floues et difformes.

J'accélère le pas comme pour fuir, fuir un démon. Fuir le démon de ma réalité.

Je traverse la route, plusieurs voitures me klaxonnent mais je n'en n'ai pas grand chose à faire.

Elles peuvent m'écraser si elles le veulent, ça m'arrangerait bien.