Chapitre 29

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Face au miroir de la salle de bain, je dévisage la fille en face de moi. Ses yeux sont rouges à force d'avoir trop pleuré et les cernes violettes sous ses yeux témoignent des ces trop nombreuses nuits qu' elle n'a toujours pas rattrapées.

Mes mains renferment dans leurs poings tremblants la chaîne de mon petit frère. Mes parents me l'ont ramené quand ils sont revenus de la morgue tout à l'heure.

Malgré les quelques heures de sommeil que j'ai réussi à récupérer dans les bras de Mathieu je pense qu'il manque au moins un siècle de repos à mon organisme.

Mon regard fixe le vide depuis un temps indéterminé et c'est à peine si je réagis lorsque je remarque dans le miroir la porte s'ouvrir pour laisser entrer mon meilleur ami.

Mon sauveur.

Celui qui a toujours été là pour moi et l'est encore maintenant. Il s'approche doucement et vient poser sa tête sur la mienne. Ses mains puissantes passent autour de ma taille qu'il enlace avec délicatesse.

Mes yeux s'embuent de larmes

— C'est tellement dur... je murmure.

Il me serre un peu plus contre lui.

— J'y arriverai pas, j'ajoute

Ma voix déraille et mon souffle est de plus en plus lourd.

— Je sais que tu en es capable. C'est dur mais tu y arriveras, tu passeras cette épreuve que la vie met sur ton chemin comme tu as passé tous les autres.

— J'peux pas ! J'y arrive pas ! C'est trop dur... je lache avec désespoir.

Il se dégage et se place devant moi pour prendre mon visage entre ses mains. Ma respiration est de plus en plus courte, je tremble comme une feuille, incapable tenir en place. Mon cœur bat à toute vitesse.

— J'y arriverai pas, je lui réponds, pendant que mes larmes inondent mon visage.

— Je t'aime, me dit-il en déposant un baiser sur mon front.

*

C'est dans un état second que je rentre dans l'église aux côtés de mes parents et nous nous installons au premier rang sur le côté droit réservé à la famille. Mes grands-parents sont là, avec mes oncles et mes tantes, tout comme mes cousines. Après avoir perdu l'un de mes grand-père l'année dernière, j'ai l'impression de regarder un vieil épisode d'une série, dont seul le personnage principal aurait changé.

J'entends le prêtre commencer la cérémonie mais je ne suis pas vraiment là. J'entends ce qu'il dit mais je ne l'écoute pas. Je porte ma main à la chaîne de mon frère que mes parents ont récupéré toute à l'heure et joue avec autour de mon cou.

Ce collier n'est pas prêt de me quitter.

Lorsque le silence retombe, je mets un moment avant de comprendre que le prêtre vient de m'appeler pour que je prononce mon discours. Je me lève tremblante de ma chaise, le morceau de papier dans lequel se trouve mon texte pèse soudain une tonne et les quelques pas jusqu'au micro me paraissent insurmontables. Je monte les marches au ralenti, je pose ma feuille sur le présentoir et lève les yeux vers le public. Les émotions sur les visages qui se trouvent en face de moi ne sont que des fragments de ce que je ressens. Leur regard de pitié me donne envie de vomir et je sens la bile remonter le long de ma gorge. Mais je me rappelle que c'est pour mon frère que je suis là et qu'aucun de ces inconnus ne connaissait vraiment Timothé Joubert.

J'inspire profondément pour empêcher les larmes de parler à ma place et je me lance :

— Timothé.

Je Te PrometsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant