Alma
Une fois encore, je me trouvai assise devant mon miroir à contempler mes mains. Celles que je haïssais plus que tout. Pourquoi m'avait-il fait ça ? Après dix-sept ans d'existence, cette question resta sans réponse. Plus jeune, je pensai que tout cela ne fut qu'un simple accident, jamais il n'aurait pu me faire de mal. N'est-ce pas ? J'étais obéissante, et je me pliais à tous ses désirs.
Alors, pourquoi ?
Je ne comprenais pas...
– Alma ! Sa voix rauque et dure me fit sursauter. Descends, j'ai à te parler. Mon père cria depuis son bureau.
Pendant un moment d'absence, je me rappelai des souvenirs douloureux que je souhaitai d'oublier, tant bien que mal. Cette sensation d'être répugnante s'intensifia lorsque je me vis une nouvelle fois dans ce miroir. En voyant mon corps, ou du moins ce qu'il en restait, je me remémorai pourquoi j'avais décidé de le cacher d'un grand voile opaque, me résignant à revoir cette image repoussante de moi-même.
Il m'avait détruite, mais cela l'importait peu.
J'étais sa marionnette, son jouet et son souffre-douleur, car d'après lui "je l'avais bien mérité".
Sans plus tarder, je pris mes gants, les enfilai puis cacha de nouveau mon reflet immonde qui me donnait des haut-le-cœur. Avec un pas peu assuré, je me rendis devant la grande porte de son bureau, toquant trois fois avant d'avoir la permission d'entrée. La tête baissée, je refermai la porte derrière moi sans un bruit, afin de ne pas l'irriter. Puis, mon regard toujours dirigé sur le sol, j'avançai jusqu'à apercevoir les pieds de son bureau.
– Oui père, dis-je simplement d'un ton doux et respectueux.
– Mi hija, mira me. Ma fille, regarde-moi, m'annonça-t-il d'un ton dur. Sans hésitation, je m'exécutai. Faisant croiser ses yeux sombres, dénués d'âme ou d'affection à mon égard aux miens. Mon père arbora un faux sourire bienveillant, avant de venir à ma hauteur.
Ses mains qui avaient marqué mon corps de bien différentes façons, virent se poser fermement sur mes épaules afin de m'empêcher de bouger.
Qu'avais-je fait ? Allait-il me punir ?
Non, j'étais resté dans ma chambre à étudier toute la journée. Faisant en sorte de ne sortir qu'en cas de nécessité, pour ne pas le croiser et me prendre ses foudres. Aujourd'hui, il n'avait rien contre moi. Alors pourquoi je pouvais sentir ses doigts pénétrer ma chaire comme il savait si bien le faire ?
La peur remplaça progressivement mon sang, rendant ma vision floue. Ma respiration se coupa, me faisant presque évanouir dans ses bras. Je pouvais entendre mon cœur résonner dans mes tympans.
J'avais peur.
À l'aide.
Par réflexe, je mis mes mains sur les siennes, voulant apaiser ses colères, mais cela ne changera rien.
Après quelques secondes sous sa poigne, il sentit que tous mes muscles s'étaient crispés à son toucher, laissant apparaitre de l'amertume dans son regard. Dégoûté, il me relâcha avant de s'adosser à son bureau fait spécialement sur-mesure pour lui.
– Alma, comme tu le sais, dans quelques mois, tu auras bientôt dix-huit ans. Il attrapa son meuble de ses mains, laissant apparaitre chacun de ses muscles sur ses bras. Il est temps pour toi de me servir à quelques chose. Sous son commentaire rempli de dédain et de haine, je ne pouvais qu'acquiescer. Les Sanchez viendrons demain soir dîner, ton mariage à son fils Andres est déjà arrangé. Mes yeux s'écaillèrent à cette annonce. Tu l'épouseras un mois après tes dix-huit ans.
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𝐂𝐎𝐋𝐋𝐀𝐏𝐒𝐈𝐍𝐆
Roman d'amourLa discorde. Ce mot définissaient bien les Sanchez et les Llorente. Ces deux familles ennemies bien différentes, ou presque, finirent par s'entendre sur un point; le mariage de leur enfant. Andres Sanchez et Alma Llorente deux âmes liées par le dest...