Tulipe (jour 180)

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Normal - Sasha Alex Sloan
But I'ma keep on dancing til I feel okay
So keep on playing that song that I don't like
I just wanna feel normal for the night

Dans la brouette qu'elles traînaient depuis déjà de longs mètres, les deux femmes se saisirent d'une dizaine de tulipes. La femme aux cheveux roses examina l'appartement, l'air songeuse.

- Tu penses qu'on arrivera à toutes les vendre ? demanda elle, en se tournant vers son amie rousse
- J'en suis sûre, Victoria.

La prénommée Victoria se dirigea vers la porte de l'immeuble, rejointe quelques secondes après par la rousse.

- À celle qui en vend le plus, alors, la défia t elle
- Avec plaisir, Éden.

En se jetant un regard joueur, elles ouvrirent la porte puis se jetèrent a l'intérieur, partant l'une et l'autre dans une direction opposée. Éden rencontra d'abord un homme bourré qui lui referma la porte au nez, puis un second qui accepta avec joie d'acheter deux tulipes, quand la rousse lui apprit que c'était pour une association dont elle faisait partie pour les enfants malades. La femme toqua ensuite à la porte d'une vieille dame, qui sembla se forcer pour acheter une fleur, puis elle sonna à un appartement vide.

Dans le dernier immeuble qu'elles avaient fait, Éden avait fini par décrocher un rendez vous avec un joli blond et un joli châtain, et elle n'en était pas mécontente. La rousse savait que ce n'était pas pour cela qu'elle réalisait cette tâche, mais elle adorait rencontrer des gens, connaître leur chemin et le destin qu'ils pensaient emprunter. Elle pouvait passer des heures à parler, à blaguer pour essayer d'illuminer leurs journées et à rire aux réponses qu'ils pouvaient lui donner. La joie qu'elle affichait avait tendance à attirer les hommes, et c'était ainsi qu'elle se retrouvait à passer des soirées torrides avec un homme différent chaque soir. Pourtant, jamais elle n'oubliait de leur dire qu'elle était heureuse d'avoir passé la nuit avec eux, mais elle ne voulait rien de sérieux. La plupart comprenait et proposait de nouveaux rendez vous après.

Éden avait accepté de vendre les tulipes avec l'aide de sa meilleure amie, Victoria, il y a quelques jours, mais en l'échange, elle avait demandé à Inez, la présidente de l'association, un rendez vous avec son frère, qui, même s'il était à peine âgé de vingt sept ans, avait l'air terriblement mature. Habituellement, la rousse préférait les hommes plus âgés, mais il arrivait parfois qu'elle s'égare. New York était plus petit que ce qu'il paraissait.

Songeuse, elle s'arrêta finalement devant une porte qui s'apprêtait à se fermer, et s'appuya dessus.

- Attendez ! signala t elle, et la porte s'ouvrît.

Éden ne regretta pas de l'avoir empêcher de fermer : c'était un homme brun, grand comme elle l'était, aux yeux d'une beauté rare mais qui pourtant la foudroyait du regard. Les coins des lèvres de la rousse s'élevèrent, alors qu'elle montrait les tulipes.

- Éden, enchantée, je vends des tulipes. Pour les enfants atteints de cancer.
- J'ai déjà dit oui à votre collègue.

Minimaliste, froid, elle adorait ça. La femme fit sembler de chercher de qui il parlait.

De son côté, l'homme, Bucky, examina rapidement son visage : des yeux marrons, un nez bossu. Elle paraissait grande, et il voyait que son visage étaient parcourus par des millions de taches de rousseur, qui s'alliaient plutôt bien à sa rousseur automnale.

- Les cheveux roses, l'air perdu ? s'intéressa t elle
- Ouais. Elle est partie en chercher; elle en avait plus.

La rousse éleva le bouquet vers le visage de l'homme, qui l'observait sans rien dire, bien trop fasciné par cette envie qu'il éprouvait de caresser ses lèvres.

- Moi, j'en ai. Faites moi rentrer pour payer.

Sûrement forcé, il accepta de la laisser passer. Il ne craignait pas qu'elle voit le désordre chez lui, puisqu'il n'y avait que très peu de meuble, et tous ses déchets étaient dans un sac poubelle quelque part dans sa salle de bain.

- Vous venez d'emménager ? s'enquit la rousse, en baladant son regard dans la pièce
- Hm.
- Je peux avoir un verre d'eau ?

En roulant des yeux, il alla lui servir un verre : il regrettait déjà d'avoir dit oui.

- Merci beaucoup...?
- Bucky.
- Merci Bucky. J'aime beaucoup, j'imagine que c'est un surnom.

Il l'observa, désabusé, et elle pouffa.

- Les fleurs, déclara t il, avec lenteur, comme si la rousse était trop stupide pour comprendre
- Bien sûr. Vous en vouliez combien ?
- Trois.

En comptant à voix haute, elle sépara de son paquet trois tulipes, puis elle posa le restant sur la table.

- Vous auriez un vase ? l'interrogea Éden, en lui lançant un coup d'œil en coin

L'homme haussa les épaules, puis disparut dans sa cuisine, où elle le suivit. Alors qu'elle le remplissait d'eau, il porta sur elle un regard désireux. Lorsqu'elle lui tendit, il le prit dans ses mains, troublé par son toucher électrique et brûlant, et elle déposa les tulipes dans le vase. Éden leva un œil vers lui, remarqua ses lèvres mordillées, puis sourit.

- Bon, il me reste plus qu'à m'en aller, déclara cette dernière.
- Le reste des fleurs, l'alarma t il, en l'observant s'en rendre compte de manière feinte

Alors qu'elle les reprenait en main, Bucky décida de n'écouter que ses pulsions. C'était probablement stupide, mais voilà, il avait envie d'elle. Elle se tourna vers lui, s'apprêtant à partir, et il déposa durement sa bouche sur celle de la rousse, qui encadra aussitôt son visage.

Éden sentait les mains de l'homme l'encadrer, la menant doucement jusqu'à une pièce qu'elle ne connaissait. Il glissa ses doigts sur le bouton de son jean, et murmura :

- Je peux ?

La rousse eut un rictus.

- Oui.

Bucky n'attendit pas plus longtemps.

Ce jour là, alors qu'Eden jouissait, que Bucky réapprenait à écouter son cœur et son corps, la femme pensait en son for intérieur : ça m'aurait fait une belle activité pour mon 180 jour à vivre. Plus que 179.

Un mois [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant