Hasard (jour 120)

99 6 2
                                    

Begin Again (Taylor's version) - Taylor Swift
I've been spending the last eight months
Thinkin' all love ever does is break and burn and end
But on a Wednesday, in a café, I watched it begin again

- T'es prête ?

Exaspérée d'ennui, Éden s'amusa avec la poignée de l'armoire, en la faisant tourner, et s'arrêta seulement quand Victoria répondit :

- Oui, j'arrive.

La femme aux cheveux roses dévala les marches, faisant alors face à son amie, qui s'étirait.

- Je m'ennuiiiiiie, soupira Eden
- On y va, répliqua son amie

Les deux meilleures amis sortirent de la maison de Victoria, dans laquelle Eden habitait également depuis déjà de longs mois, étant donné qu'elle avait arrêté de travailler. L'héritage de ses parents ne lui permettaient pas de s'acheter une maison, ou un appartement, et, de toute manière, vu les circonstances, la rose avait refusé que son amie vive seule. De toute façon, avait elle argumenté, je gagne assez pour pouvoir m'occuper de toi. Eden se rappelait encore de son rire à cette phrase, et à cette idée qu'elle était un enfant dont il fallait prendre soin.

Victoria saisit le sac qui renfermait les cadeaux pour les enfants qu'elles allaient distribuer ce jour là, en ce Noël qui approchait. Elle tendit à la rousse son manteau, qui l'enfila en fredonnant.

Puis, la rose ouvrit la porte, laissant alors passer son amie, et cette dernière se dirigea vers la voiture, qu'elle ouvrit grâce aux clés qu'elle avait subtilisé auparavant.

- Je conduis, Éden, la rappela à l'ordre Victoria, en roulant des yeux
- Compris, s'exaspéra cette dernière, en ouvrant la portière du côté passager.

Parfois, être indépendante lui manquait, et elle aurait aimé conduire des heures durant une voiture, les fenêtres ouvertes, musique à fond, en chantant les paroles entêtantes d'une chanson de Taylor Swift. Elle aurait tout donné pour pouvoir voir sur l'autoroute un coucher de soleil, seule. Mais depuis qu'elle était diagnostiquée de son cancer, Victoria refusait qu'elle soit seule trop longtemps. C'était stupide, d'autant plus que Eden rendait parfois sa vie impossible, mais sa meilleure amie avait tellement peur de la laisser.

Une fois dans le véhicule, la rousse soupira, en frissonnant : tous les ans, il faisait un froid infernal à New York, pourtant jamais elle ne s'y habituerait. Elle échangea un dernier coup d'œil avec son écharpe, qui disparaissait derrière la porte que la rose fermait, puis regretta de ne pas l'avoir autour du cou à cet instant.

Victoria la rejoint à l'intérieur, en se frottant les mains.

- J'imagine que tu n'as toujours pas appelé le garage pour réparer le chauffage de la voiture ? s'amusa cette dernière en lançant une œillade complice à Eden
- J'ai oublié, gémit elle en se tapant le front.
- Tête de linotte, ricana la rose

La rousse ouvrit la bouche, prête à répliquer en développant toutes les fois où Victoria avait également oublié quelque chose, mais elle se retînt, en se souvenant que celle-ci avait bien plus d'exemple à donner.

La voiture démarra, roula durant de longues minute, puis s'arrêta devant une épicerie. Les deux amies descendirent, rejoignant rapidement la chaleur du magasin. En attrapant un panier, elles commencèrent à ramasser tout ce dont elle avait besoin : paquet de pâtes, quelques légumes, des éponges. Un appel vint cependant arrêter leur progression, et Eden saisit son téléphone : il s'agissait de sa tante, qui l'appelait si souvent que cela devait être urgent. Elle fit un signe à son amie, lui faisant alors comprendre qu'elle devait sortir pour répondre à l'appel. Une fois dans la rue, elle répondit : en réalité, la sœur de son père avait besoin d'un renseignement. Était il enterré au nord de New York, ou ailleurs ? La femme répondit la plus rapidement possible, puis rangea son téléphone dans sa poche.

La rousse parcourut la rue du regard, mais le trottoir à sa droite attira tout de suite son attention, et elle devina pourquoi en remarquant alors Bucky marcher sur celle ci, l'allure raide, accompagné d'ailleurs par un autre homme. Enchantée par cette retrouvaille incongrue, Eden s'approcha, arrivant alors au bout de quelques minutes à sa hauteur

- Hey ! salua t elle, en face de lui, en levant sa main gauche

Il parcourut son visage du regard, et, vu l'expression déstabilisée de sa tête, la rousse devina qu'il pensait à la dernière fois qu'ils s'étaient vus.

- Hey.

Toujours aussi aimable, se figura t elle. La femme pensa à tous ces gens qui disaient que faire l'amour était désormais quelque chose qu'on ne célébrait plus, et elle comprit pourquoi. Il était toujours le même, et ce malgré le fait qu'il avait vu son corps entier nu. Elle eut un rictus.

- Eden, se présenta t elle en tendant sa main à l'autre homme
- Sam.

La femme jeta un coup d'œil à l'intérieur de la boutique, et sourit.

- Je dois rentrer, retrouver mon amie. Cheveux roses, précisa t elle pour Bucky, qui hocha la tête, alors qu'il ne se rappelait même pas du visage de la femme. J'ai été contente de te revoir. On remet ça ?

Sans un mot en plus, elle s'éloigna, les quittant sans dire rien de plus. Elle n'avait pas l'impression qu'elle plaisait à l'homme, en tout cas pas plus que cela, et elle n'avait pas l'envie de lutter encore plus longtemps. Elle n'avait pas le temps, après tout.

- C'était qui ? s'intéressa aussitôt Sam, en ayant un air intrigué
- Personne, grommela le brun
- Tu plaisantes ? Elle te dévorait du regard.
- C'est personne.

Sam roula des yeux.

De son côté, Éden retournait auprès de Victoria, qui avait un petit rictus amusé.

- Je t'ai vu parler avec deux hommes, fredonna t elle en posant dans son panier une conserve de haricot. Qui étaient ils ?
- J'ai eu une petite aventure avec le brun. Même pas une soirée, rien du tout, expliqua la rousse en attrapant une boite de soupe. Et ça peut être bon, ça.
- Ça ira pas plus loin ?
- Je crois pas. Il n'a pas l'air de vouloir plus en tout cas.

Eden haussa les épaules, prétendant que cela lui importait peu, puis leva le regard vers la rue que l'on voyait à travers le magasin. Il était là. Il marchait, les yeux rivés sur les passants qu'ils croisaient. Toujours vigilant. Et elle se trouva bien stupide de ne pas réussir à le lâcher du regard.

Un mois [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant