Rendez vous (jour 10)

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You Mind Is Not You Friend - The National, feat Phoebe Bridgers
Don't you understand?
Your mind is not your friend again
It takes you by the hand and leaves you nowhere

Malgré son nombre de rendez vous indécent à dire à voix haute, la boule dans son ventre et cette impression qu'elle manquait de s'évanouir à chaque pas ne la laissaient jamais à chacun d'entre eux. C'est dans cet état qu'elle rentra dans la salle d'attente de son docteur.

Le rendez vous se déroula comme tous les autres, mais Eden sentait une émotion chez le médecin et elle comprit que c'était la dernière fois que tout deux se voyaient.

A son bureau, alors qu'elle donnait l'argent pour payer ce rendez vous, il joua nerveusement avec un morceau de papier.

- Hm, Eden ? l'interpella t il avec douceur
- Oui ?
- Je suis heureux d'avoir pu vous connaître, même si j'aurais tout donné pour réussir à vous soigner.
- Merci beaucoup.

Eden lui offrit un sourire sincère, puis se leva et quitta le bâtiment. Une fois dans le taxi qu'elle avait appelé, elle se plongea dans une profonde réflexion, en pinçant ses lèvres.

Arrivée chez elle, elle n'eut pas le temps de se poser que Victoria lui fit boire un milk shake, la faisant s'asseoir sur le canapé.

- Comment s'est passé ton rendez vous ?
- Bien, tenta d'éluder la rousse
- Il a dit quoi ?

Sans surprise, Eden comprit que sa meilleure amie attendait toujours une bonne nouvelle, un miracle, quelqu'un qui dirait "votre amie est guérie !". Mais cela ne se passerait jamais, à son grand malheur.

- Rien de plus que d'habitude.

La lueur d'espoir sans but s'éteint dans les yeux de Victoria, qui se tourna, faisant semblant d'être occupée à laver.

- Tu te sens comment en ce moment ? Tes douleurs sont pas trop horribles ? s'inquiéta cette dernière
- Ça va, mentit la rousse en touillant son milk shake. Et toi ça va ?
- Ça va, prétendit à son tour Tori.

Elles se plongèrent dans le silence. Il fut brisé par la sonnerie du téléphone d'Eden, qui s'empara de celui ci. C'était Bucky, qui l'invitait à le joindre chez lui. Evidemment elle accepta, et Victoria se proposa pour l'emmener.

C'est seulement une fois dans l'entrée de son appartement qu'Eden soupira.

- Fais moi un câlin, supplia t elle

Il ne la fit pas attendre, Bucky vint encercler son corps, d'une fermeté qui rassura toutes ses peurs.

- Qu'est ce qu'il y a ? lui murmura t il

La femme s'éloigna de lui, posa son sac, puis croisa les bras sur sa poitrine.

- J'ai eu mon rendez vous avec un de mes docteurs, aujourd'hui, lui apprit elle.
- Ça s'est mal passé ?
- Non, ça s'est bien passé

Bucky fronça les sourcils, et le sourire nerveux qu'arborait Eden se fissura pour laisser place à des larmes timides.

- En fait, il m'a parlé si gentillement que j'ai compris. Bucky, je vais vraiment mourir, et je ne serai sans doute plus là dans dix jours, confessa t elle

Cachant sa peine, il porta sa main à la joue de la rousse, puis la caressa.

- Je veux pas mourir. J'arrive pas à vous montrer que je suis prête parce que je le suis pas. J'ai vraiment envie de rester avec vous tous.

Les sanglots timides étaient devenus des flots de larmes qui ne s'arrêtaient pas.

- J'ai envie de t'épouser, d'être mère, et de devenir vieille. Y'a tellement de choses que je pourrai jamais connaitre, et j'ai plus le temps !
- Je sais, soupira t il en essayant de contrôler l'expression de sa peine

Eden se laissa tomber dans ses bras, en continuant de pleurer les larmes qu'elle retenait depuis six mois, alors qu'il la rejoignait doucement dans cette douleur.  

Après quelques minutes, elle souffla lourdement, puis lui jeta un regard douloureux.

- Bucky, je...tu es l'homme de ma vie. Sois en certain. Mais, et ce qu'importe ô combien tu m'aimes, tombe à nouveau amoureux.
- Je peux pas, siffla t il douloureusement
- Essaye. Pour moi.

Comme souvent, Eden lui demandait l'impossible, elle lui commandait de lui offrir la Lune alors qu'il ne pouvait aller la chercher : il avait le vertige.

- C'est toi que j'aime.
- Je sais, mais tu pourras en aimer d'autres, et ce même si tu m'aimes toujours. 

Il s'accrocha à ses côtes, soufflant avec difficulté. Bucky devinait qu'elle sentait sur son visage les larmes qu'il versait pour elle. C'était pour cela qu'elle l'enlaçait aussi fort.

- Qu'est ce que tu aurais aimé faire ? se questionna t il
- Avoir une ferme, et adopter des chiens qui auraient gardé les vaches et les moutons que j'aurais sauvé des abattoirs. J'aurais aimé faire partie d'une association et sauver tous les enfants maltraités par leurs parents. J'aurais aimé voir Victoria se marier et la voir avoir des enfants, et j'aurais aimé les serrer dans mes bras. J'aurais aimé me marier (elle marqua une pause) avec toi.

Bucky la dévisagea, alors qu'elle essuyait ses joues. Il sentit qu'elle n'avait pas fini, mais qu'elle garderait le restant secret.

Un mois [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant