Colère (jour 23)

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Kick it - BLACKPINK
So what are you gonna do now?
I'll break your, break your heart
Never asked for much

Eden s'était réveillée avec une boule au ventre, avec l'impression qu'aujourd'hui était un grand jour, et s'était lavée sans même penser à déjeuner. À nouveau, elle s'était réveillée seule, Victoria étant partie travailler. Leur discussion l'avait énormément troublée, et, pour une fois depuis presque une semaine, elle ne se levait pas sourire aux lèvres, le cœur battant la chamade, mais les organes tordus, l'esprit brumeux. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que tout aurait été si simple si elle n'était pas tombée amoureuse de Bucky.

En soupirant, elle brossa ses cheveux, qu'elle n'eut pas la force d'attacher en une couette comme espéré, puis rangea le restant de la maison, les jambes lourdes. Lorsque la rousse passa dans sa chambre, brièvement, elle jeta un regard envieux à son lit : comme elle aurait aimé y passer le restant de la journée, seule, à serrer contre elle une peluche en ronflant.

Bucky sonna chez elle vers midi, et elle s'approcha de la porte, sans la moindre envie de le voir. Eden ne savait pas pourquoi elle se sentait soudainement si loin de lui, mais elle était persuadée que cette impression allait disparaître en restant auprès de lui. Elle lui ouvrit, et ne put s'empêcher de voir, qu'à nouveau il portait un bouquet de fleur dans ses mains, contre lui. Eden força un rictus, puis embrassa sa joue.

- Salut, exposa la rousse. Rentre.

Elle le laissa passer, sans qu'il ne dise quoi que ce soit.

- Tu vas bien ? demanda le brun, d'une voix aussi vide de toute intonation
- Oui, je suis un peu fatiguée, mais ça va. Et toi ?
- Ça va.

Un silence embarrassant les envahit, puis il lui tendit le bouquet, en lui adressant un "tiens". Elle le remercia, puis le quitta quelques minutes, le temps de remplir un vase. Eden se mordilla les lèvres, envahie par un sentiment d'angoisse qui grandissait, encore et encore, comme une mauvaise herbe tuant par la même occasion la plus belle des fleurs. La femme prit tout son temps, fuyant peut être Bucky par cette occasion.

Quand elle revint dans le salon, Bucky était assis sur son canapé, en feuilletant un magazine, et elle s'installa auprès de lui.

- Où veux tu qu'on aille ? s'intéressa la rousse, en posant la paume de sa main sur l'avant bras du brun
- Comme tu veux. Je m'en fiche.

Cette dernière phrase surprit Eden, faisant serrer son cœur.

- D'accord, je vais prendre ma veste. A moins que tu veuilles boire quelque chose ?
- Non.

Les lèvres pincées, la femme quitta la pièce, montant dans sa chambre pour se réfugier, et surtout pour prendre une veste, étant donné que dehors, une teinte grise, synonyme de nuages, parsemait le ciel de la ville. Elle l'enfila sur ses épaules, puis descendit avec lenteur les escaliers. De retour dans le hall, Éden ne put s'empêcher de s'inquiéter :

- Tout va bien, tu es sûr ?

Les iris bleutées de Bucky se levèrent vers elle, et cette manière de la regarder lui rappela le premier jour de leur rencontre, quand il ne la connaissait pas, quand elle n'était rien.

- Tu vas vraiment partir en vacances ? cracha t il

Éden se figea, posant sa main sur l'encadrement de la porte, jouant avec son pouce nerveusement sur le mur en pierre, et réfléchit avant de répondre.

- Je ne vois pas pourquoi je me retiendrais, répliqua t elle, le plus doucement possible
- Okay.

En se frottant les mains sur ses cuisses recouvertes par son jean, Bucky se leva, en l'ignorant, rejoignant à son tour le hall.

- Ça te pose un souci, de toute évidence ?

Comme une adolescente frustrée, Eden ne réussissait pas à calmer l'amertume dans ses mots.

- Je pensais qu'on était un couple, et que tu voulais qu'on soit ensemble.

Avouer cela semblait avoir coûté à l'homme, mais la rousse n'en avait que faire.

- Je ne vois pas le rapport, rétorqua t elle, avec aigreur
- C'est simple, tu comptes partir, comme ça, alors que tu vas mourir. Et moi alors ?

En roulant des yeux, elle plaça ses bras croisés sur sa poitrine, puis eut un rictus moqueur.

- C'est vrai, toi. Que je sache, c'est moi qui va mourir. Et j'ai encore le droit de faire ce que je veux, Bucky.
- Ce n'est pas la question.
- Si, c'est absolument ça le souci. Et tu sais, je te l'avais dit. T'es pas obligé de rester avec moi par pitié. Je m'en sortirais très bien sans toi, aussi.

Blessés, la modération avait quitté leur conversation, et la fureur faisait tambouriner leur cœur.

- C'est toi qui a voulu qu'on continue de se voir ! Je te l'avais dit que ce serait horrible, et tu ne m'as pas cru, de toute évidence !

Eden sentait que ses joues prenaient une teinte rouge, mais cela n'avait rien à voir avec un quelconque sentiment amoureux, cela correspondait plutôt à de la rage à l'état pure.

- Je l'ai voulu, oui, parce que je pensais que tu n'étais pas aussi égoïste que ça ! Et parce que je pensais qu'au lieu d'aller dans des croisières ridicules, tu te soignerais !

Outrée, les yeux brûlants de larmes de courroux, la femme s'écria :

- Parce que tu penses que je ne l'ai pas fait ? J'ai tout fait, Bucky. J'ai tout essayé, tous les médicaments, toutes les solutions, et rien n'a marché.
- Comment veux tu que je le sache ? Tu ne me dis rien, siffla t il

Sa poitrine se soulevant d'horreur et d'émotion, Eden posa sa main sur la poignée de la porte d'entrée, qu'elle ouvrit, sans le quitter des yeux.

- Pars, tout de suite. Je veux plus jamais te revoir.

Il ne paraissait pas vouloir rester, de toute manière; et elle ne comptait plus jamais le retenir.

- Connard, souffla t elle alors qu'il quittait sa maison.

Alors qu'il se tournait pour répliquer, elle lui ferma la porte au nez, en verrouillant ensuite tout ce qui pouvait être verrouillé. Une fois que tout était loin d'elle, inatteignable, intouchable, Eden déambula et se laissa tomber sur son canapé, hébétée. La femme jeta un coup d'œil rapide et bref à la pièce, en le revoyant l'instant d'avant, partant. Elle saisit son téléphone sur la table, puis appela Victoria.

- Coucou ! s'exclama cette dernière à l'autre bout de la ligne
- Hey, répondit Eden, la voix enrouée, les yeux se fermant, les joues bien trop sèches alors qu'elle pleurait en son for intérieur
- Oh. Est ce que...tu vas bien ?
- C'est fini, je pense. Je suis à nouveau célibataire, exposa t elle
- Tu n'as pas répondu, tu vas bien ?

Comme si cette question éveillait les sentiments de la rousse, elle leva les yeux vers le plafond, retenant de vives larmes.

- Oui, mentit elle alors que sa voix se cassait
- Je vais venir. Je vais simplement dire que je suis malade. J'arrive.
- T'es pas obligée.
- Je sais. Tu peux rester au téléphone, si tu veux. Parle moi si tu en as envie.

Victoria revint à la maison une trentaine de minutes après, en se pressant. Elle retrouva son amie, assise, devant un dessin animé, assise les jambes croisées sur le sol, et elle la serra dans ses bras, encore les clés de sa voiture en main. Eden fondit en larmes.

Un mois [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant