Hôpital (jour 16)

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Tear up this town - Keane
I need a friend but a friend is so hard to find
I need an answer but I'm always one step behind

Une dernière fois, Éden vérifiait qu'elle avait tout ce dont elle avait besoin dans son sac : jouet, doudou, et encore d'autres merveilles que les enfants se feraient un plaisir de découvrir et de serrer dans leurs bras maigres.

- Tu as tout ce qu'il faut ? s'enquit Victoria, qui ne lâchait pas du regard son téléphone, posé plus loin.

Elle attendait une réponse de Sam, étant donné qu'ils avaient parlé tout la nuit.

- Oui. Tu es sûre de ne pas vouloir venir ?
- Bucky t'attend pour passer une journée avec toi, alors oui je suis sûre.
- D'accord. Bon, j'y vais.

La rousse embrassa la joue de son amie, puis sortit de sa maison, retrouvant ensuite la rue, où elle appela un taxi, qui s'arrêta devant elle. Elle monta à l'intérieur, puis lui donna l'adresse de l'hôpital, où elle allait rejoindre Bucky, qui attendait impatiemment sur le parking. Quand enfin il la vit arriver, c'était comme un feu d'artifice de soulagement et de joie, qu'il ne put exprimer qu'en l'enlaçant, très fort, contre son cœur.

- Comment tu vas ? s'inquiéta la femme, en soupirant d'aise en caressant son corps
- Bien, et toi ?
- J'ai un peu peur d'y aller, je t'avoue, confessa t elle

Il afficha une expression compréhensive, puis attrapa sa main.

Une fois dans le bâtiment, Bucky comprenait de plus en plus l'appréhension qu'éprouvait la femme, qu'elle n'affichait pas, bien trop occupée à saluer diverses infirmières, infirmiers et docteurs, qui semblaient tous la connaître. L'homme savait qu'étant malade, Eden avait dû passer un temps inestimable dans ce lieu, mais cela le perturbait. Les sourires encourageants semblaient parfois un peu forcés, comme s'ils savaient qu'il lui restait si peu de temps à vivre. Même si la plupart paraissait ravi de voir Eden, un docteur ne put s'empêcher de jeter un regard circonspect à leurs mains entrelacées, affichant alors qu'il trouvait cela stupide. Rougissant, elle lâcha la main de Bucky, puis plaqua ses bras sur sa poitrine. Lorsqu'ils furent éloignés du docteur, le brun ne put s'empêcher de marmonner :

- J'aime pas trop la manière qu'il avait de te dévisager.

La rousse leva un yeux peine vers lui, et grimaça.

- Je sais, il a toujours été désagréable. Je suis désolée s'il t'a mit mal a l'aise.
- C'est pas ça, je...J'ai l'impression que les gens pensent que tu fais une erreur.
- C'est pas le cas. T'es pas une erreur.

Si l'idée de douter lui était venue, elle n'aurait de toute manière pas tenue longtemps : ses iris marrons lui affirmaient qu'elle disait vrai, et ses pupilles tremblaient de tendresse et de passion.

En lui rendant ce regard, le couple continua de marcher, s'arrêtant ensuite devant la porte de l'unité pédiatrique pour enfants atteints de cancer. Prête pourtant à rentrer, Eden leva un œil inquiet vers son copain.

- Tu es sûr de vouloir rentrer ? Ça peut être dur, tu sais, lui signala t elle
- Je sais, mais je t'accompagne.
- Si tu te sens que c'est trop, tu peux partir. Je veux pas te forcer.
- Je sais. Je suis là parce que j'en ai envie.

Comme pour valider son geste, Bucky hocha la tête, avec fermeté, ce qui parut la toucher, mais elle ne commenta pas, s'occupant d'abord d'ouvrir la porte. Dès que celle ci fut ouverte, l'odeur de l'hôpital vint caresser les narines de Bucky, qui porta un regard aux murs, tatoués par des autocollants de personnages de dessins animés, comme si colorer cet endroit par des images enfantines le rendrait moins douloureux. Cette odeur le faisait souffrir, d'autant plus qu'il entendait les enfants, et ce simple son lui donnait le sentiment d'être dans une cour. Mais le parfum qui aurait dû titiller son nez n'était pas celui des produits médicaux, non, mais celui des goûters, des biscuits à la fraise chimique et des gâteaux semblables à des éponges. Son cœur se fit douloureux.

Après une énième embrassade avec une énième infirmière, cette dernière leur indiqua que les enfants étaient dans le salon de l'unité, pièce que le couple ne tarda pas à rejoindre.

Lorsque les enfants virent Éden, une exclamation de joie vint tordre leurs jolies bouilles. Elle paraissait presque aussi enjouée qu'eux, et elle écouta leur récit avec un air investi, que Bucky ne lâchait pas des yeux. Quelque chose lui disait qu'elle aimait tendrement tous ces enfants, et que, quelque part, ils se comprenaient.

Même si chaque matin Eden se voyait dans le miroir, qu'elle voyait sa maigreur, sa maladie et sa mort arriver, elle ne supportait pas le de voir sur des enfants. Leurs crânes lisses, leurs yeux aussi petits que des perles, indiquant leur fatigue, tout cela la rendait malade. Aucun enfant ne devrait mourir, pas aussi jeune, jamais. C'est pour cela qu'Eden ne croyait pas en dieu : s'il existait, jamais il ne laisserait des gamins mourir comme si de rien n'était.

Quand elle ouvrit son sac pour dévoiler tout ce qu'ils allaient considérer comme des trésors, Bucky vit leurs yeux devenir encore plus brillants de félicité. Cependant, quelques regards s'étaient accrochés sur lui, et il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise.

Un garçonnet, son jouet en main, s'approcha d'Eden, puis lui murmura :

- C'est qui ?

La rousse lança un regard joueur à l'homme, qui attendait d'entendre sa réponse.

- Mon amoureux, répondit elle, d'une voix forte qui réchauffa le cœur de Barnes.

Un murmure surpris, d'un étonnement ravi cependant, s'éleva parmi les rangs, et une fillette se redressa puis marcha jusqu'à Bucky.

- Je peux avoir un câlin ?

Cherchant une confirmation dans les yeux de l'infirmière, cette dernière répondit en adressant un rictus approbateur à Bucky, qui se pencha pour laisser la fillette aux yeux bleus le serrer dans ses bras. Celle ci parvint à enlacer son corps avec difficulté de ses petits bras, mais quand elle s'éloigna, elle paraissait sincèrement contente.

Le regard de Barnes chercha celui d'Eden, qui l'observait, fière, et, malgré elle, émue, ce qu'il devinait à cause de la manière qu'elle avait de pincer les lèvres.

Elle vint le rejoindre, le laissant placer son bras autour de ses hanches, puis, ensemble, ils discutèrent avec les enfants.

Quand l'heure de partir arriva, ce fut toujours avec bonne humeur.

Une fois sur le parking de l'hôpital, alors qu'Eden raccrochait avec le taxi qui serait là d'ici dix minutes pour les ramener chez la femme. Elle soupira, puis avoua :

- J'aurais adoré être une mère.

D'abord surpris, Bucky réalisa que ce n'était pas étonnant.

- Tu aurais été une bonne mère, je crois.

Il porta son regard, au loin, le cœur serré, puis l'entendît lui demander :

- Et toi ? Tu veux des enfants ?
- Oui, mais...avec toi. Pas avec quelqu'un d'autre.
- J'aurais vraiment aimé aussi, approuva la rousse, en sentant sa voix se briser.

Mais elle retînt ses larmes, et attrapa la main gauche de l'homme, qui lui adressa un demi sourire, avant de voir le taxi arriver.

Un mois [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant