Chapitre 1

549 13 0
                                    

Je la regarde s'admirer dans le miroir. Sa robe fendue laisse entrevoir ses jambes sculptées et accentue les courbes de sa silhouette. Elle passe ses mains dans ses cheveux auburn pour leur redonner du volume, ajoute une touche de rouge sur ses lèvres et enroule son pendentif autour de son cou. Je m'approche pour l'aider à le fermer.

-Il est encore temps de changer d'avis, tu sais, lui soufflé-je.

Elle pivote pour me faire face et pose ses bras sur mes épaules.

-Non, je veux le faire, répond-elle avec détermination.

Je peux lire dans son regard qu'elle est prête à tout, pour moi, pour nous, pour la justice sociale.

***

Miami, un mois plus tôt

Caden

Les lignes de code défilent sur mon écran d'ordinateur à une vitesse fulgurante. Après quelques secondes, le message en lettres vertes « COMPLETE » s'affiche pour m'indiquer que le téléchargement des données a été effectué avec succès. Je retire la clé USB de son port, satisfait. Mon travail acharné depuis ces six derniers mois allait enfin payer. J'étais parvenu à programmer un ransomware capable de pirater n'importe quel système d'exploitation et d'y voler toutes ses données à l'aide d'un Rubber Ducky. Une fois inséré, ce petit bijou permet de prendre la main sur n'importe quel PC et lancer automatiquement des commandes, tel un clavier, à une vitesse de mille mots par minute et de manière invisible à l'œil nu.

Mes derniers tests s'étaient avérés concluants. J'étais parvenu à m'introduire dans différents ordinateurs et à lancer une playlist de musique, à désactiver le pare-feu, puis finalement à crypter tous leurs fichiers et données. Le virus exigeait ensuite le paiement de la clé de décryptage, sans quoi, les données piégées seraient perdues à tout jamais. Il ne me restait plus qu'à trouver un médiateur, quelqu'un ayant accès à l'ordinateur de ma cible, Delano Gordon, PDG de la multinationale Johnson & Brick, pour y insérer la clé USB ; quelqu'un en qui tout le monde avait confiance et qui pourrait passer la sécurité des locaux de l'entreprise sans attirer les soupçons.

Et pour ça, j'avais trouvé la victime parfaite : Henry Davis, 58 ans, veuf, domicilié au 11481 NW 82nd Street en périphérie de Miami et directeur du département informatique de Johnson & Brick. Je regarde la photo de l'homme à la barbe et aux cheveux grisonnants que j'avais imprimée quelques semaines plus tôt. Tout ce qu'il avait à faire était de s'introduire dans le bureau de son PDG et d'insérer le petit boîtier dans un des ports USB de son PC. Moi et mon équipe nous chargerions du reste. Il n'allait pas être facile à convaincre cependant et aurait certainement besoin d'un peu de persuasion.

Après plusieurs tentatives de soudoiement par e-mail, auxquels il n'a jamais répondu, nous avons décidé de lui faire pression au moyen de son point faible : sa fille. Je regarde la photo de Myla Davis : 28 ans, salariée au sein de la société Greenberry, se rend à son bureau tous les jours de la semaine à 7 :00 et le quitte à 20 :00. Le vendredi, elle sort avec sa meilleure amie, Margaret Pearce puis le dimanche, elle passe le repas de midi chez son père. Mon équipe et moi avons convenu de nous introduire dans la maison de son paternel, le lendemain à l'aube, avec nos armes factices, puis nous ferons venir sa fille, feignant un accident domestique, pour la prendre en otage et s'assurer que son père coopère et exécute sa mission jusqu'au bout. Certes, cette méthode n'est pas des plus catholiques mais je me fous royalement des dommages collatéraux tant que mon objectif est atteint. Davis a choisi de répondre à mes requêtes par le silence, il allait très vite le regretter. La bad USB entre les mains, j'envoie un message à mon frère pour l'informer de mon accomplissement :

C'est dans la boîte !

Je reçois à la seconde près un pouce levé en guise de réponse. Je ferme mon PC et croise les doigts derrière ma tête avant de m'enfoncer contre le dossier de ma chaise de bureau, mes lèvres esquissant un sourire en coin. Qui l'aurait cru un jour, moi, Caden Williams, fils d'entrepreneurs modestes et issu du quartier pauvre d'Overtown dérobant une somme astronomique à l'une des entreprises les plus cotées des USA. J'allais enfin prendre ma revanche et dans moins de 24 heures, je serai millionnaire.

Nos cœurs décryptés [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant