Chapitre 5

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Myla

Je lève les yeux vers le réveil de mon père. Deux heures nous séparent de nos retrouvailles. Je fixe la photo de ma mère qu'il garde sur sa table de nuit. Elle me sourit, de son regard paisible. Je prends le cadre photo et le serre contre ma poitrine qui se soulève brutalement au rythme de mes sanglots. Elle me manque plus que tout au monde, elle si douce, si affectueuse, si forte. Elle aurait été tellement désespérée si elle avait été encore là. Mais elle m'aurait dit de me battre, de faire valoir mes droits et de faire confiance en mon père. Je sens mes forces peu à peu revenir en moi et ma respiration reprendre un rythme régulier avant de sécher mon visage.

-Quelqu'un au téléphone pour toi. Retentit soudain la voix du meneur derrière moi.

Je me redresse et saisis aussitôt le portable qu'il me tend.

-Papa ?

-Mon dieu, Myla, ça va ? Tu n'as rien ?

Mon cœur flanche lorsque j'entends sa voix.

-Où es-tu ? Qu'est-ce qui se passe ?

-Je suis à l'entreprise, je ne peux pas t'en dire plus, mais je voulais juste entendre ta voix mon ange, juste m'assurer que tu allais bien. Ils t'ont fait du mal ?

-Quand est-ce que tu reviens ? M'enquiers-je, en tentant de ravaler les larmes qui me remontent à la gorge.

-D'ici deux heures. Ma puce, tout va bien se passer, d'accord ? Dès que j'ai fini, je rentre et tout ça sera derrière nous, je te le...

Le meneur me retire alors le téléphone de mon oreille.

-Non, attendez ! M'exclamé-je.

-Encore deux heures, Henry, tâche d'être convaincant d'ici là. Dit-il à mon père avant de raccrocher et donner le portable à Alpha qui s'en empare et disparait dans le couloir.

-Vous êtes un monstre ! M'écrié-je. Pourquoi vous faites ça ?!

-Tu ne comprendrais pas. Souffle-t-il, en s'asseyant lourdement sur le sol et en s'adossant contre le mur.

-Il n'y a rien à comprendre, rien n'excuse de menacer un homme et de garder sa fille en otage !

-Sauf si c'est pour un plus grand bien.

-De quoi est-ce que vous parlez ?!

-Je ne peux pas t'en dire plus, Princesse.

Je contracte ma mâchoire. Qu'il aille au diable, lui et toute sa clique de « faiseurs de bien ». Si mon père dit vrai, dans deux heures, ils seront partis. Il faut que je patiente. Je ne peux plus prendre de risques. Je sens mes veines tambouriner dans mes tempes et ma vision se trouble. Je n'ai pas mangé depuis la veille au soir et je me sens soudain fébrile. Je saisis rageusement le roulé à la cannelle et croque dedans. Sa texture moelleuse et son goût sucré me détendent légèrement.

-Vous êtes en train d'hacker Johnson & Brick ? Osé-je alors.

Je sens son regard intrigué se poser sur moi.

-Je vois que Madame est observatrice.

-Comment ? Continué-je.

-Un bon hacker ne révèle pas ses secrets.

-Si vous utilisez mon père, c'est que vous aviez besoin de quelqu'un sur place, pas vrai ?

Il se tait.

-Si mon père a des ennuis à cause de vous, je...

-Il n'aura aucun ennui, me coupe-t-il, on a effacé toutes les traces de son passage, personne ne le soupçonnera.

Nos cœurs décryptés [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant