Chapitre 4

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Caden

Je jette un coup d'œil nerveux à ma montre. Une heure s'est écoulée depuis que j'ai rejoint mon équipe dans la cuisine. Mon frère Hayden et mon coéquipier Luka sont concentrés sur leurs écrans de PC.

-Le téléchargement des données est fini ! S'exclame soudain Luka, en levant son poing en signe de victoire.

-Et le paiement ? Demandé-je, le ton lugubre.

-Les données bancaires n'ont toujours pas été saisies. Répond Hayden.

-Ils vont craquer, t'inquiète ! Tente de me rassurer Luka.

Je m'assois lourdement sur la chaise à côté de mon frère qui pianote toujours sur son clavier.

-Comment elle va ? S'enquiert-il, en tournant sa tête vers moi.

-Elle s'en remettra. Lui dis-je, peu sûr de moi.

Myla Davis s'est montrée beaucoup moins coopérative que je ne l'ai anticipé et j'ai dû la menacer plusieurs fois et l'attacher pour être sûr qu'elle ne tente plus de s'échapper. Je jette un œil en direction du salon. J'y ai ligoté ce pervers de Graham à une chaise en attendant que l'opération se termine. Après ça, je lui donnerai sa part et le laisserai déguerpir. Je n'ai pas le choix, je ne peux pas prendre le risque qu'il nous dénonce.

J'ai pensé un moment à infecter son PC de photos compromettantes et le balancer à la police mais il devinera que cela proviendra de moi. Je bouillonne en revoyant sa silhouette massive écraser le corps frêle de Myla, l'attoucher et l'étouffer de sa main. J'aurai pu le tuer sur place. Une vague de culpabilité m'envahit. Cate, aka Alpha, a raison. C'est ma faute. Je n'aurai jamais dû la laisser avec lui. J'aurai dû la surveiller moi-même mais mon équipe a besoin de moi pour les superviser.

Graham est ancien militaire et je l'ai embauché le temps de l'opération pour son expérience avec les prisonniers et ses contacts qui nous ont permis de nous procurer nos armes. Mes autres coéquipiers, Luka et Cate sont de loin les meilleurs hackers que je connais. Mon frère et moi, tous les deux ingénieurs informatiques, les avons embauchés quelques années plus tôt dans notre entreprise de cybersécurité, alors en recherche de main d'œuvre.

Nous nous sommes tous les quatre accordés pour substituer de l'argent aux entreprises les plus cotées via des méthodes de piratage qui ont déjà fait leur preuve. Notre première opération d'hameçonnage à New-York six mois plus tôt a marché du tonnerre. Nous sommes parvenus à détourner des centaines de milliers de francs au détaillant numéro un des USA à l'aide d'un e-mail de phishing envoyé aux employés. Cette fois-ci, et pour éviter d'attirer les soupçons, nous avons dû opter pour une autre méthode, qui s'est avérée tout aussi efficace.

Henry Davis s'est rendu au siège de son entreprise et est parvenu à insérer la bad USB dans le PC de Gordon. Nous avons laissé six heures à Johnson & Brick pour effectuer le paiement, sans quoi ses données seront perdues à tout jamais. Le vieil homme doit maintenant s'assurer que Gordon consente à saisir ses coordonnées bancaires au terme du compte à rebours. Une fois saisies et le virement transféré, sa mission sera accomplie et il sera libre de revoir sa fille. L'argent sera alors viré sur un compte offshore que j'ai ouvert à Malte sous couvert d'une société fantôme et mon équipe et moi pourrons en disposer comme bon nous semblera. Il reste deux heures trente avant le moment fatidique. Gordon va-t-il craquer ? Pour sûr... Autrement, il peut dire adieu à toutes les données personnelles de ses clients, cartes de crédit incluses.

Je me lève de ma chaise et saisis mon sac à dos qui git sur une des chaises de la cuisine. J'y ai fourré un roulé à la cannelle et une bouteille d'eau en guise de petit-déjeuner pour notre captive. Après l'avoir stalkée pendant une semaine et vue s'arrêter plusieurs fois dans la chaine de pâtisseries Cinnabon, j'ai vite deviné qu'il était son dessert préféré. Je monte lourdement les escaliers et vois Alpha, assise dans le couloir, les yeux rivés sur son smartphone. Je lui fais un signe et pénètre dans la chambre. Myla Davis est assise contre la tête de lit, les mains toujours ligotées aux barreaux. Elle lève ses yeux tristes, mais déterminés sur moi. Je m'avance vers elle et dépose le sac plastique sur la table de nuit située à côté du lit.

-C'est l'heure du petit-déjeuner ! Dis-je, sur un ton qui s'efforce de paraître enjoué.

Puis je sors mon couteau et la détache, en prenant soin de ne pas la couper.

-Je n'ai pas faim. Dit-elle sèchement.

-L'appétit vient en mangeant. Et ça vient de Cinnabon.

-Et bourré de cyanure ? Lance-t-elle, sarcastiquement.

-Si tu ne le manges pas, je peux te rattacher illico ! La réprimandé-je, irrité par son entêtement.

Elle me jette un regard furieux et ouvre le sachet. Elle fixe un moment la brioche recouverte de sucre glace et la bouteille d'eau qu'elle saisit et ouvre avant d'en boire quelques gorgées.

-Ce sera tout ? Lui lancé-je.

-Oui, dit-elle froidement.

Je l'empoigne pour la rattacher mais elle se dégage.

-Non, je ne tenterai rien ! Se défend-elle.

-Je ne te crois pas une seule seconde.

Je ne vais certainement pas la laisser libre de ses mouvements après ses multiples tentatives. Elle se débat, m'obligeant à resserrer mon étreinte.

-Vous me faites mal ! Me reproche-t-elle.

-Cela ferait moins mal si tu arrêtais de te débattre ! Répliqué-je.

-Je n'essaierai pas de de m'échapper, je vous le promets ! Couine-t-elle, d'une voix brisée.

Je la fixe suspicieusement. Ses yeux sont bordés de larmes, sa respiration se fait saccadée.

-Très bien, mais si tu tentes quoi que ce soit, je t'attache au lit de la tête aux pieds, c'est clair ?! Finis-je par dire.

Elle se retourne rageusement et s'allonge de nouveau dans son lit.

-C'est clair ?! Répété-je.

-Oui, c'est clair ! S'agace-t-elle.

-Bien. Dis-je avant de sortir.

Alpha me regarde d'un air réprobateur mais je l'ignore. Je ne vais pas me justifier d'utiliser la manière forte. Je dois m'assurer que nous mènerions notre mission à bien et que cette peste de Davis ne s'évade pas pour appeler la police.

Je descends rejoindre mon équipe qui attend maintenant patiemment que Gordon paye la rançon.

-Toujours rien ? Leur demandé-je.

-Non, je crois qu'il est temps de leur mettre un peu la pression ! Lance Luka en se frottant frénétiquement les mains.

-Ok, je m'en charge.

Je prends mon portable et fouille dans les appels récents à la recherche du numéro d'Henry Davis.

Nos cœurs décryptés [Dark romance soft]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant