Chapitre 2 : 1 mois sans elle - Dan / JUILLET 2020

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JUILLET 2020

Rien n'a plus la même saveur. La nuit, à l'hôpital, avec mes parents, avec mes amis, ses amis à elle, ses parents. Un mois qu'elle a disparu. Je m'en veux de ne pas l'avoir accompagné, de ne pas avoir réussi à la dissuader d'aller à cette soirée pour fêter l'obtention de son diplôme. Personne n'a rien vu, rien. Même moi, je n'aurai pas pensé à une chose pareille. Ça n'arrive qu'aux autres, non ? Là, nous sommes manifestement les autres.

Un mois sans elle et je suis toujours aussi triste et en colère. En colère contre ses nouvelles amies, qu'elle connaissait depuis sa première année d'étude pour devenir infirmière. Nous avions un an d'écart concernant nos études. Je n'étais pas à cette soirée. Je n'étais pas là pour la protéger.

Elle vivait encore chez ses parents la semaine, mais venait dormir le week-end chez les miens, dans ma chambre. Sasha, ma première vraie petite amie, moi le mec trop décalé qui ne pensait qu'à plaisanter avec la gent féminine sans jamais oser franchir le cap. Comme me prendre un appartement. Tout ça, c'était en projet. Elle voulait qu'on soit deux à payer cet appartement, même si de mon côté je travaille déjà dans l'hôpital de la ville voisine depuis un an. Tout ça, nos projets, c'est à l'arrêt.

Avant ce drame, j'étais le mec le plus drôle de la terre. C'est ça qui lui a plu. "Mon clown à moi". J'adorais l'entendre me dire ça à l'oreille. Aujourd'hui, l'hilarité a quitté ma personne. Rien n'est plus drôle désormais.

Je n'ai pas changé mes draps depuis qu'elle a disparu. Mais son odeur s'évapore et ma mère me suggère de les mettre au sale. Je n'y arrive pas.

Quand je vais chez elle, voir ses parents à la mine prostrée, je file dans sa chambre, avec à chaque fois l'espoir de la voir assise à son bureau en train de réviser, avec son chignon spécial révision sur le haut du crâne. La chambre, la chaise de bureau, demeurent vides. Cependant, rien n'a bougé dans la pièce, tout est comme elle l'avait laissé, malgré le passage de la police. Heureusement, ses parents m'y laissent me réfugier. Ça me fait du bien d'être dans son environnement.

La police, quatre jours après sa disparition, est venue fouiller sa chambre à la recherche d'un indice. "Elle aurait pu fuguer, c'est dur la médecine" avait rétorqué un policier. N'importe quoi, elle vient d'obtenir son diplôme !

Sasha, ce petit bout de femme confiante n'est pas une petite chose fragile. En trois ans de relation avec elle, je l'ai compris. Elle ne se laisse pas abattre. Ma petite brune est forte.

Où es-tu Sasha ?

Depuis un mois, j'ai l'impression que l'enquête n'avance pas. Étant une personne majeure, il aura fallu attendre deux jours pour signaler réellement sa disparition "inquiétante", et qu'une possible enquête commence. Ses parents et moi étions les principaux sujets de convoitise. Moi, le petit ami, le principal suspect.

Ils sont venus fouiller ma chambre, mon ordinateur, mon portable. Ils voulaient savoir où on en était dans notre relation. "Vous savez, le cap des trois ans peut-être difficile, on peut comprendre". Foutaise !

Ils ont aussi interrogé mes proches. J'ai vite été innocenté.

Parmi mes textos, le dernier que j'ai envoyé à Sasha est resté sans réponse.

Profite bien, ne bois pas trop quand même. Tu me préviens quand tu quittes les lieux.

Le seul indice qu'on ait, c'est son portable, retrouvé dans une ruelle plus loin. Portable par terre, fracassé, ne fonctionnant plus. Pas d'empreinte, il avait plu ce soir-là. Il n'y avait pas non plus de caméra dans cette rue.

Des avis de recherche sont passés à la télé, on a collé des affiches dans les vitrines, aux carrefours, sur des pylônes électriques. Les personnes habitant la rue ont aussi été interrogées. Deux battues organisées, mais ça n'a rien donné. Rien, bordel !

Assis dans ma chambre, j'essaie de comprendre encore une fois ce qu'il a pu se passer. En plus des interrogatoires faits par la police sur les personnes présentes à la soirée, j'ai moi-même interrogé de nouveau ces personnes. Au vu des réflexions stéréotypées des services de l'ordre, je me trouve plus compétent qu'eux. Quoique, de mon côté, je n'ai pas beaucoup avancé non plus.

Le problème, c'est le degré d'alcool qu'elles avaient ingurgité à ce moment précis de la soirée. Le moment où Sasha a disparu. Elles ne se souvenaient que de très peu de choses. Apparemment, Sasha n'est sortie qu'une seule fois dehors. Mais pour quelle raison ? Elle ne fumait pas. Et de ce qu'ont pu me dire "ses amies", elle n'avait presque pas bu.

Dans la rue du lieu de fête, il n'y a rien. Des pavillons, tous bien barricadés par de hautes haies, une machine à pain, un réverbère, un défibrillateur. D'ailleurs, cette rue est toujours le lieu préféré des gens pour stationner et laisser des véhicules volés ou autres, plusieurs semaines. Mais aucun véhicule n'a bougé. Deux voisins ont pu le certifier.

C'est comme si elle avait disparu comme ça, d'un claquement de doigts. Ça me rend fou. Je ne sais pas où elle est, si on lui fait du mal en cet instant... J'enfonce mon poing dans le matelas à plusieurs reprises.

— My son ? Tout va bien ? me demande ma mère en passant la porte.

Mes parents sont inquiets pour Sasha, mais également pour moi. Je ne suis plus le même. Ils ne sont plus les mêmes également. Ma mère a les yeux tirés. Sasha, c'était comme sa fille.

— Non. Seulement j'ai priorisé le matelas plutôt que le mur pour extérioriser ma colère.

Elle s'approche de moi et vient s'installer sur mon lit.

— Ne perds pas espoir. Les recherches continuent.

Que dalle ! Au départ, la disparition de Sasha était relatée au 13h et au 20h de chaque journée. Aujourd'hui, un mois plus tard, on en parle encore, mais beaucoup moins. Comme si ma Sasha n'était déjà plus. Ça me rend dingue.

📖📖📖📖

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Prochain chapitre : Chapitre 3 : Dan et Sasha. 

Tue le ! - Thriller - TERMINÉ (TW)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant