Tue le ! - Thriller - TERMINÉ (TW)

Chapitre 15 : 9 mois - Sasha MARS 2021

Mars 2021

Le jour j est arrivé. C'est aujourd'hui que je vais pouvoir m'échapper. Dans un premier temps je jouerai l'épouse idéale, puis une fois dans la cuisine, comprenant une porte vers l'entrée, je filerai vers ma liberté. Si ça ne fonctionne pas, je sortirais pas la fenêtre des toilettes. Je suis presque sûre qu'il y aura une fenêtre.

Je contacterai la police, ils l'arrêteront. Pour Victoire, j'aimerais le tuer. Mais peut-être qu'une mort rapide est bien trop douce pour ce qu'il nous a infligé. En prison on se chargera certainement de lui, de la pire des façons.

Sinon, ma dernière chance sera sa mère.

Je porte une jolie robe bleu marine, près du corps, des chaussures plates. Je suis bien maquillée, coiffée d'un chignon, histoire qu'on ne remarque pas la coupe approximative que je me suis faite. J'essaye de faire bonne figure, mais je ne tiens plus en place.

Dan, ne perds pas espoir, ma liberté est pour aujourd'hui.

Le bruit de la clé dans le cadenas m'informe de sa présence. Il entre. Il ne porte pas sa cagoule. Son visage d'homme lambda me revient en mémoire. Depuis mon enlèvement j'avais oublié son portrait. De prime abord, il ressemble à monsieur tout le monde. J'imagine aisément comment il a berné la police. Son regard sur moi est lubrique, mais j'y vois également autre chose. De l'admiration ? Il semble fier de mon allure. De quoi le mettre de bonne humeur.

— Je suis comme il faut ? osé-je demander.

Norbert me scrute de nouveau.

— Oui, tu es parfaite.

Son regard devient plus doux, mais se durcit soudain, comme s'il venait de penser à quelque chose.

— Aucun faux pas, je te préviens. Je saurai te punir si tu fais quelque chose de travers, avant même que plus d'un homme te passe dessus, compris ?

— Compris.

Je fais profil bas, je ne veux pas qu'il se doute de quelque chose. Nous montons à l'étage. Pour me montrer exemplaire, j'ai pour mission de commencer à cuisiner, seule, quand sa mère sera parmi nous.

Il me répète encore une énième fois ses instructions, avant que la sonnette ne retentisse. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je me rapproche inexorablement de ma liberté. Je pense à toute ma famille, Dan et mes amis.

Norbert me pousse près de la porte d'entrée, une main au creux de mes reins.

Je le déteste.

La pression monte, il actionne la poignée.

— Bonjour, lance une voix féminine avant que j'aie pu l'apercevoir.

Mais avant de l'observer, elle, je regarde furtivement l'extérieur. Une rue pavillonnaire, quelques voitures, des passants...

"Clac".

Je n'en vois pas plus. La porte est refermée. Je me reconcentre sur mon rôle. Elle est là, devant moi, pour me fixer. Je remarque que Norbert n'a pas refermé à clé derrière elle.

— Bonjour maman, dit-il en lui faisant la bise. Je te présente ma compagne, Catherine.

Je m'avance, essayant d'être la plus à l'aise possible. Sa mère est grande, fine, habillée de façon chic. Un petit foulard lui entoure le cou. Elle porte de belles boucles d'oreille en perles blanches, un beau collier assorti. C'est une très belle femme. Pourtant, son regard critique sur moi me fige. Mais Norbert m'avait prévenu.

— Bonjour, Madame, ravie de vous rencontrer, dis-je d'une voix assurée.

Norbert me frotte le dos en signe d'approbation. Un frisson de dégoût me parcourt, mais je n'en laisse rien paraître.