Chapitre 19 : 11 mois - Sasha MAI 2021

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Mai 2021

— Euh... Mon Dieu, mais bien sûr entrez ! exprime soudain la femme en face de moi après quelques secondes d'hésitation.

Elle ouvre en grand sa porte.

L'odeur est agréable, beaucoup mieux que cet effluve de javel que j'ai respiré bien trop longtemps. Le lieu est chaleureux, surencombré d'objets et de décorations. Elle m'assaille ensuite de questions sur mon état, me propose à boire, mais je la coupe gentiment, préférant qu'elle me prête son téléphone pour que je puisse appeler la police.

— Oh, oui bien entendu, tenez.

Tremblante, j'empoigne l'objet et tape le 17. La sonnerie est longue, mais quelqu'un décroche. Je prends une grande inspiration avant de dévoiler mon identité. L'homme au bout du fil est dans tous ses états, il me pose quelques questions afin de s'assurer qu'il s'agit bien de moi. Je semble être convaincante, je me doute qu'ils ont dû essuyer des arnaqueurs...Il me demande ensuite l'adresse où je me trouve. La dame m'ayant accueillie me la transmet. Ils se mettent en route avec le Samu, même si je lui ai assuré être en bonne santé.

J'étais à seulement une demi-heure de chez moi, bordel.

— Puis-je encore m'en servir ? je demande.

La femme acquiesce.

Je compose le numéro de fixe de mes parents, d'une main encore plus tremblante. Après une seule sonnerie, une voix féminine répond :

— Allo ?

Les larmes coulent sur mes joues instantanément. C'est si bon d'entendre une voix familière.

— Maman, c'est moi.

Le silence ne dure pas plus d'une seconde. Elle fond en larme et hurle :

— Oh, mon Dieu, Sasha, c'est bien toi ?

— Oui maman, c'est moi.

— Frédérique ! Sasha est en vie ! Où es-tu ma chérie ? Nous arrivons tout de suite.

Je lui signale que j'ai contacté la police et lui donne l'adresse, leur demandant de ne pas se précipiter. Je ne crains plus rien. J'omets de dire que j'ai commis un meurtre. Cette pensée me hante.

Je raccroche, le baume au cœur. Entendre la voix de ma mère est comme un pansement. La propriétaire des lieux, me regarde toujours, les larmes aux yeux, elle tapote des sms sur son portable. Elle doit certainement avertir ses amis que la jeune femme kidnappée a trouvé refuge chez elle. Ça doit être une anecdote incroyable à raconter... Mais je ne lui en veux pas. Je tape ensuite le numéro de Dan sur le fixe.

Il sonne trois fois et une voix neutre décroche.

— Allo ?

Je fonds de nouveau en larme et m'assois à même le sol.

— Dan, mon amour, c'est moi.

— Sasha. Je... (sa voix tremble et il pleure). Sasha, j'ai toujours su qu'on te retrouverait. Mon Dieu, si tu savais comme je t'aime, comme j'ai envie de te voir. Tu... tu vas bien ? Où es-tu ?

— Je t'aime Dan, je n'ai jamais cessé de t'aimer de penser à toi chaque jour. Je vais bien.

Je lui donne ensuite l'adresse et il s'empresse de me dire qu'il arrive. Quelques minutes après, j'entends les sirènes de la police.

J'angoisse soudain. Mais je n'ai plus le temps de penser. La police, des membres du Samu entrent dans la maison. Ils me prennent en charge, confirment une fois de plus qu'il s'agit bien moi. Nous sortons de la maison, une couverture de survie sur le dos. Le voisinage ne tarde pas à sortir sur le devant de leur porte, à filmer ou à commérer. Mais je m'en fiche. Je n'attends qu'une seule chose, revoir mes parents et Dan. C'est enfin que je remarque la devanture de la maison de mon ravisseur. Un petit pavillon qui passait totalement inaperçu.

Tue le ! - Thriller - TERMINÉ (TW)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant