JUILLET 2020
Trois ans de dur labeur, mais j'y suis arrivée. J'étais certaine d'obtenir mon diplôme, j'ai travaillé dur pour ça. Je n'avais aucun doute quant aux résultats et Dan non plus. Il m'a toujours poussé vers l'avant, dès le début de notre rencontre.
Mais le voir écrit noir sur blanc est une délivrance.
Je suis officiellement infirmière !
Travailler aux côtés de Dan, se trouver enfin un appartement pour vivre à deux... Tous ces projets remplissent mon cœur de joie.
Maintenant place à la fête, une petite semaine de vacances et en avant pour commencer ma carrière.
— Tu es splendide ! lance Dan dans mon dos.
J'ai laissé tomber mon éternel chignon sévère pour de belles boucles lâchées sur mes épaules. Dan est adorable, il est passé chez mes parents afin de me faire un petit coucou avant que je parte à la soirée.
— Merci ! Dommage que tu n'aies pas pu déplacer ta garde ! Vilaine chef à la noix !
Il m'attire à lui, passe ses mains dans mon dos et m'embrasse. Je l'aime tellement.
Les prochains jours ne seront que merveilleux. Je vois déjà les ragots circuler sur nous à l'hôpital : "Le couple infirmier ". J'ai tellement hâte.
— J'aurais préféré venir tu sais, mais là, c'était impossible. En tout cas, amuse-toi bien ma puce. Bois pas trop ou reste sur place sinon, d'accord ?
— Mais oui, mon clown protecteur !
Il esquisse son sourire charmeur.
— Tu sais que je suis l'infirmier le plus adoré des petites filles ? dit-il afin de me taquiner.
Je prends une veste et mon sac, sans le regarder.
— Tu es beau et tes blagues sont excellentes, tu m'étonnes ! Je suis jalouse ! dis-je en me retournant.
Il m'embrasse tendrement et file pour accomplir sa nuit. Je ne sors de ma chambre que quelques minutes plus tard, salue mes parents et quitte la maison à bord de ma petite citadine.
Nous ne serons pas beaucoup ce soir, six filles et peut-être les compagnons de ces dernières. J'aurais tellement aimé que Dan soit là. Moi, j'étais à sa fête l'an dernier, quand lui aussi a obtenu son diplôme avec brio. Etienne, son ami Don Juan, nous avait animés toute la soirée et avait pécho deux filles. J'avais du mal à croire que lui aussi ait son diplôme. Entre nous, il potassait plus les filles que ses cours.
Au bout de quelques minutes de route, j'arrive à l'adresse indiquée. Aucune place dans la rue devant la maison. Je décide de me garer dans une rue un peu plus loin, devant une vieille Twingo défraîchie. Je ferme ma voiture à clé et je file en direction de l'autre rue, fêter mon diplôme avec mes amies. J'ai hâte de relâcher toute la pression accumulée de cette année.
Je ne suis pas en retard, mais pourtant la petite fête bat déjà son plein. Mes cinq camarades sont là. Déjà un verre à la main. La musique tambourine à mes oreilles.
— Salut ! Vous avez commencé sans moi ? dis-je de façon taquine en posant ma veste et mon sac à main sur le canapé du salon.
Iris fait la grimace et m'intime de la suivre dans la salle de bain. Je crois que je vais apprendre un ragot de qualité. Mais quand elle ferme la porte et se retourne, je crois que c'est sérieux.
— Oui désolée ! Chloé s'est fait larguer dans l'après-midi... Elle est venue plus tôt et elle boit plus pour sa rupture que pour son diplôme... Bon, cela dit, elle ne veut pas trop ébruiter le truc ce soir... Alors, fais mine de rien et amusons-nous ! Bientôt on soignera des patients ! ajoute-t-elle avec un sourire goguenard en quittant la petite pièce exigüe.
Pauvre Chloé.
Je rejoins donc la fête, salue mes autres amies et commence par une Tourtel sans alcool, car j'ai vraiment soif, le temps est lourd. Il fait chaud dans la pièce, je sens déjà que je transpire. On danse, on mange des amuse-bouche, puis alors que mes amies sont déjà super soules, on crie comme des tarées à plusieurs reprises :
— On l'a eu ! On l'a eu ! On est infirmières !
Puis on boit notre boisson d'un trait. Pour ma part, je suis passée à la bière. La première de toute la soirée. Voir mes amies aussi soules ne me donne pas envie de l'être non plus, je me sens comme proclamée gardienne de la soirée. Je reste donc raisonnable. Si quelqu'un doit vomir, je serai là pour lui tenir les cheveux.
Je pense aussitôt à nos trois années ensemble alors qu'on se marre entre filles sur une chanson des années 2000. On était toutes si sérieuses et là, de vraies bêtes de foire. Ça fait peur. Nos professeurs ne nous reconnaîtraient pas.
Alors qu'il est seulement moins d'une heure du matin, je rejoins le canapé où mon sac se trouve, pour en extraire mon portable et voir si Dan ne m'a pas envoyé un message. Rien ne s'affiche à l'écran.
Surprise d'abord, je clique tout de même sur l'icône des messages, rien. Puis je constate que je ne capte absolument rien dans la maison. Désirant trouver un endroit où capter et prendre l'air par la même occasion, je sors dehors. Près de la maison, c'est pareil, je ne capte aucun réseau. Je m'éloigne un peu, atterrissant dans la rue où je voulais initialement me garer. Enfin, j'ai du réseau ! Trois ou quatre notifications arrivent en même temps, dont un message de Dan.
Alors que j'ouvre son message et en lis le premier mot, une main se pose sur mon épaule. Je sursaute, pousse un petit cri et fais tomber mon téléphone.
— Excusez-moi, je ne voulais pas vous effrayer, je ne me sens pas bien...
L'homme, d'une quarantaine d'années, brun, semble mal. Alors que j'allais lui répondre, il s'affaisse soudain sur moi. Je le rattrape comme je peux. Il est lourd.
— Monsieur !
Je me rappelle que j'ai tout le nécessaire dans ma voiture pour lui venir en aide si la situation tourne mal. Le temps devient encore plus lourd et de la fine pluie commence à tomber.
L'homme toujours accroché à moi, j'avance difficilement en direction de ma voiture. Je dois mettre en sécurité la victime et contacter les pompiers. Une fois devant celle-ci avec l'homme qui semble avoir perdu connaissance, je me rends compte que je n'ai ni mes clés ni mon téléphone avec moi. Je jure à haute voix sur cet oubli.
— Merde mes clés !
Alors que j'allais le positionner au sol, il se redresse soudain et me donne un coup violent au visage. Je perds quelques secondes connaissance avant de revenir à moi.
Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
J'entends alors une portière s'ouvrir et trop rapidement un chiffon est mis devant mon visage par l'homme qui un instant plus tôt allait mal. Mes yeux ont à peine le temps de bien le regarder qu'ils se ferment. Là, tout devient noir.
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Tue le ! - Thriller - TERMINÉ (TW)
Misterio / SuspensoSasha et Dan, deux étudiants en médecine, ne pensaient jamais être séparés. Du moins, pas comme ça. Vivant une parfaite idylle amoureuse, tout change du jour au lendemain. Sasha disparaît sans laisser de trace, alors qu'elle fête son obtention de di...