Rencontre mouvementée

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Extrait du journal d'Elsa.
Je suppose que tout le monde a en lui une forme de colère qu'il ne laisse pas percevoir.
Une sorte d'émotion incontrôlable, qui apparaît souvent lorsqu'on s'y attend le moins. Elle vous prend aux tripes, vous retourne l'estomac et vous fait hurler, frapper, pleurer...
Pour ma part, je n'ai jamais ressenti ce genre de frustration. J'ai toujours été heureuse et gaie. Banale, mais enjouée.
Toute la haine que peut contenir mon âme, je la transforme en joie.
Je vois toujours le bon côté des choses, je relativise et cherche le bon en chaque être vivant sur cette planète. Car la vie est bien trop courte pour ne pas être vécue comme il nous plaît.
Je ne me contente pas seulement  d'exister, je vis.
Comme si chaque seconde était la dernière, comme si chaque instant était un oiseau en cage qui menaçait de s'envoler...
Certains diront que cette façon de penser est mauvaise et que je suis juste suis prétentieuse.
Je me fiche de ce que disent ces gens-là. Je suis moi-même, et tant pis si ça ne plaît pas à tout le monde.


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Banlieue de Paris-9 h 30.
ELSA
-Elsa ! Elsa !
Ma mère m'appelle depuis la cuisine. Elle m'a dit plus tôt dans la matinée qu'elle voulait me parler d'une chose importante. Cela fait des jours qu'elle me cache quelque chose, je le sens. Son comportement a changé, elle semble plus heureuse, plus détendue et épanouie. J'ai hâte de connaître la chose qu'elle garde si secrète. Ma mère est moi avons une relation très fusionnelle alors il est rare qu'entre nous, il y est des non-dits.
Je dévale les marches qui mènent à ma chambre et la rejoins derrière l'îlot central de la cuisine.
À ma grande surprise, elle n'est pas seule dans la pièce.
Elle est accompagnée d'un homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux blancs, aux yeux perçants et au visage jovial. Il me salue. Je lui rends son geste de la main.
À côté du frigo, se trouve un autre homme beaucoup plus jeune. Il doit avoir à peu près mon âge et a un air froid. Je lui souris, mais il tourne la tête. Je suppose que je dois me contenter de cette réponse...   

-Ma chérie, dit ma mère, je te présente Jake, mon... Nouveau compagnon.

Je saute de joie en entendant cette nouvelle.
Ces mots font vibrer mes membres.
Des frissons de bonheur parcourent mon corps et je souris jusqu'aux oreilles.
Cela fait si longtemps que ma mère veut retrouver un copain depuis la mort de mon père ! Je suis ravie pour elle. La revoir enfin heureuse me comble de bonheur, car après tout ce qu'elle a vécu ces dernières années, elle mérite de goûter à nouveau à la douceur de la vie.

-Je suis contente pour toi maman ! M'exclamais-je.

-Merci mon cœur, répondit ma mère. C'est important pour moi que tu apprennes à connaître Jake, ainsi que son fils. Ils viennent d'arriver de Naples et ne parlent pas bien français. Je compte sur toi pour les mettre alaise et faire en sorte qu'ils s'imprègnent de notre langue.

-Compte sur moi, la rassurais-je.

Je me tourne vers ledit Jake et lui dis bonjour.
Il me répond avec un accent très prononcé qui me fait rire.
Je pense comprendre pourquoi ma mère a eu le béguin pour cet homme. Il a l'air gentil et je dois bien avouer que son accent lui donne un charme qui pourrait conquérir n'importe quelle femme en manque de tendresse.
En revanche, le grand brun adossé au frigo semble être tout l'opposé de son père. Il n'a pas dit un mot depuis son arrivée.
Je ne mets pas longtemps à comprendre que si les deux inconnus qui se trouvent chez moi viennent d'arriver, ils n'ont pas encore de logement. Il y a donc de grandes chances pour qu'ils restent vivre avec nous un moment.
Je veux que la cohabitation se passe pour le mieux, alors je décide d'engager la conversation avec le garçon, histoire de briser la glace.
Heureusement pour moi, j'ai fait 5 ans d'italien au collège et au lycée... Alors je me lance et lui dit :

-Benvenuto! Sono felice di incontrarti. Sei fortunato, parlo la tua lingua! (bienvenu ! je suis heureuse de te rencontrer. Tu as de la chance, je parle ta langue !).

Je suis certaine de l'avoir impressionné. J'ai un bon accent et n'es pas fait de fautes d'accord.
Il lève les yeux vers moi, et je constate qu'il a les mêmes que son père. Verts émeraude.
Voyant que j'attends une réponse de part, il me fixe quelque instants avant de rire.
Un rire moqueur et hautain.

-Tu n'avais pas besoin de te ridiculiser... Ma mère est française, idiote, dit-il d'une voix grave.

Je sens mes joues rosirent et mon nez me piquer.
Bon sang, pour qui se prend-il ?
Je veux simplement être courtoise et il se permet de m'insulter ?
La journée va être longue...
Je décide de quitter la pièce, qui empeste les mauvaises ondes que dégage cet odieux personnage.
Depuis le couloir, j'entends Jake sermonner son fils en italien.
Je n'y prête pas attention et cours m'enfermer dans ma chambre, espérant ne plus jamais recroiser cet imbecile.
Je n'aime pas les gens qui sont désagréables gratuitement. Surtout quand tu es polie avec eux.
Cette cohabitation va être un enfer...

Fuis moi, je t'aime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant