Chapitre 48

749 51 4
                                    

Point de vue Noa Nianga.

Juillet 2022, Paris

Dès que je fus de retour chez Nathan, je m'effondrais à nouveau. Je me sentais prise au piège, aucune des solutions qui s'offraient à moi n'était la bonne. Accepter le plan de Clément et retourner avec lui, ou accepter qu'il divulgue les vidéos de moi. Dans les deux cas, j'allais perdre ce qui comptait le plus dans ma vie, ma liberté, ma musique, ma réputation. Sauf qu'un des cas pouvait affecter Charles et pas l'autre.

Je passais ma journée du samedi à me morfondre dans ma chambre. Il n'y avait même plus de larmes dans mon corps pour me permettre d'évacuer les émotions qui m'envahissaient. J'étais amorphe. Abattue.

J'avais perdu.

Et le plat était difficile à diriger. La vérité c'est que jamais je n'avais cru possible que je sois véritablement forcé de retourner avec Clément. J'avais intégré que la situation était compliquée pour le moment, je m'étais aussi fait à l'idée que peut-être que la situation ne se décanterait pas dans un temps suffisamment proche pour être en mesure de reprendre ma relation avec Charles. Mais la situation dans laquelle je retournais volontairement avec Clément celle-là ne m'avait jamais effleuré mon esprit.

J'avais expliqué la situation à Nathan lui faisant jurer de n'en parler à personne. Si les vidéos avaient été tournés à mon insu, il n'empêchait qu'elles existaient. Personne ne devait savoir quelle existait. Je ne serais jamais en mesure de sortir à nouveau de chez moi, si quelqu'un en dehors de Nathan venait à savoir qu'elles existaient.

Le dimanche, je passais de ma chambre au canapé dans le salon pour regarder le grand prix. J'aurais dû être là-bas. J'aurais dû être avec Charles au lieu de ça, je comptais les secondes qu'il me restait avant vendredi prochain. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire et je ne voulais pas y penser.

-Ça commence, je dis alors que le générique de F1 TV débutait.

-Tu veux un bière ou coca, demanda Nathan.

-Un gin tonic avec beaucoup de gin.

-Je te ramène un coca. Si je ne peux pas te forcer à sortir de cet appartement, je ne vais pas t'aider à tomber dans l'alcoolisme.

-C'est une bonne idée. Admettons, je retourne avec Clément. Si je parviens à trouver la bonne quantité d'alcool à boire au quotidien, je pourrais être en permanence suffisamment faite pour supporter sa présence et suffisamment sobre pour continuer à chanter. Je devrais appeler Sissi, elle a peut-être des conseils à me donner.

-C'est pas drôle Noa, il dit en me rejoignant devant la télévision avant de déposer la canette de coca devant moi.

-C'est qui est drôle, c'est que ce n'est pas une blague.

En réponse, j'eus droit à une petite claque derrière la tête. Je ne réagis pas, non seulement parce que je l'avais méritée, mais aussi parce que le tour de formation venait de débuter. Regarder la Formule 1 me soulager d'un poids pour le remplacer par un autre.

Cela me permettait de ne pas penser à Clément, mais la saison de Charles était partie en sucette et il avait terriblement besoin de cette victoire pour maintenir ses espoirs de lutte pour le championnat. Et il avait toutes ses chances, puisqu'il partait en pole position.

L'espoir fut de courte durée.

-Non, non, non, je hurlais à la vue de la voiture rouge quittant les limites de la piste. C'est pas Charles, c'est pas Charles.

Je m'approchais de la télévision m'installant sur la table basse comme si cela pouvait changer ce qui venait de se passer. Le message radio qui s'afficha à droit de l'écran termina de me briser le cœur. C'était trop, à ce moment-là c'était juste trop. Mon cœur, mon esprit, je ne pouvais pas, je ne pouvais plus. Mais cette fois, mon corps trouva des ressources suffisantes pour que des larmes se mettent à couler sur mes joues.

-Va faire un sac tu descends à Monaco, dit Nathan en éteignant la télévision.

-Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

-Tu veux être avec lui là-bas, il a besoin de toi là-bas. Tu descends. Y'en a marre de ces conneries. Va faire ton sac, je te trouve un vol.

-Nathan...

-Maintenant.

Sonnée par son ton autoritaire si loin de sa personnalité habituelle, je me redressais et me dirigeais vers ma chambre. Je n'avais plus les ressources psychologiques pour m'opposer à quoi que ce soit et surtout pas à mon envie devenue besoin de retrouver Charles. Il devait être dans un état minable. Je fis mon sac à une rapidité hallucinante et retournée dans le salon.

-Ton vol est dans deux heures on a pile le temps de se rendre à l'aéroport. T'as tout ce qu'il te faut ?

-Attends.

Je passais rapidement dans la salle de bain, j'avais une tête de mort-vivant, aussi j'entrepris de me ramener réellement à la vie à l'aide d'une BB crème et d'un tube de mascara, et de rouge à lèvres. Je ne ressemblais à rien, il fallait simplement que je l'admette. Le point positif à toute cette histoire, si l'on pouvait parler de point positif c'est que j'avais conservé les clés de son appartement. En rentrant de Miami je m'y étais rendue pour récupérer mes affaires et je n'avais pas eu le réflexe de les lui rendre. Lui-même n'avait jamais pris le temps de me les demander.

J'ignorais si c'était une bonne idée, mais une fois arrivée à Monaco et   avant de me rendre chez Charles je fis un détour dans un supermarché pour acheter de quoi lui faire à manger. C'était sans doute ridicule, mais je ne savais pas quoi faire d'autre pour lui apporter un peu de confort. Dans le cas où il ne voudrait pas me voir ou me parler. C'était une option qu'il ne fallait pas négliger. Je n'avais pas été tendre avec lui, ces dernières semaines, il était parfaitement en droit d'en avoir assez de ramer. Je me rassurais en me disant que si ça avait été le cas, il n'aurait pas pris le temps de m'envoyer des fleurs et un cadeau dans ma chambre d'hôtel à Dublin.

Passer la porte de son appartement fut étrange, dans le bon sens. C'était étrange parce que cela faisait plusieurs mois que je n'étais pas venu ici et pourtant le lieu m'était encore familier. Ne voulant pas m'imposer dans son intimité sans son autorisation, je me rendis directement dans la cuisine sans plus m'aventurer dans le reste de l'appartement.  En revanche, je ne résistais à la tentation de me servir des enceintes, après tout je les lui avais offerts , avec l'argent de Lorenzo peut-être, mais cela m'avait pris du temps pour sélectionner à la fois les bonnes enceintes et les bons emplacements pour les installer.

Je ne m'étais pas contentée d'acheter de quoi lui faire à manger, mais de quoi réaliser ses plats préférés. On avait donc en plat principal des fettuccines Alfredo au poulet et en dessert une tarte au citron meringué en dessert.

Je commençais par la tarte pour laisser à la pâte le temps de reposer pendant que je lançais la sauce des pâtes. Ce n'était pas traditionnel de commencer par la cuisson de la sauce, mais j'aimais la cuisson des pâtes dans celle-ci. Cela rendait celle-ci plus savoureuse. Concentrée sur la tâche devant moi, je n'entendis pas la porte d'entrée claquer.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

La Prima DonnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant