Point de vue Noa Nianga,Juillet 2022, Paris
J'aurais pu me rendre en Hongrie pour rejoindre Charles dès le vendredi, mais la peste en moi en avait décidé autrement. l'opportunité était bien trop grande de rependre un peu de la dignité que Clément m'avait retirée la dernière fois que nous nous étions vus. Personne n'avait été d'accord avec mon plan, mais ce n'était pas comme si, qui que ce soit été en mesure de me dire ce que je devrais ou ne devrais pas faire.
Ce n'était pas qu'une question de dignité ou d'égo mal placé, je voulais tourner la page de cette partie de ma vie pour en commencer une nouvelle de manière propre. J'avais ruminé une bonne partie de la nuit, incapable de déterminer quel devait être mon plan d'action. Est-ce que je devais lui amener les papiers du divorce d'origines pour qu'il les signe, est-ce que je devais au contraire maintenir ma demande de divorce où j'exigeais la moitié des biens communs ? Je ne savais pas dans quelle direction je me rendais, mais je savais que j'avais besoin de m'y rendre. Une dernière confrontation avant que je ne dédie l'ensemble de mon temps libre à reconstruire ma relation avec Charles.
Je ne savais pas ce que les derniers jours signifiés pour notre couple. Est-ce que nous étions à nouveau ensemble, si oui, est-ce qu'il attendait de moi que je m'installe à nouveau à Monaco ? Il y avait plusieurs facteurs à prendre en compte. Me connaissant je savais que je ne pourrais pas faire abstraction de la situation avec Clément si je ne me rendais pas à son rendez-vous. Il était donc nécessaire pour que je puisse tourner définitivement la page Clément. C'était ce que je voulais, presque désespérément.
Avec une précision défiant toute concurrence, Clément m'avait adressé un sms juste après que Victor et Arthur aient quitté l'appartement. Dans son message, il me rappelait l'existence des vidéos, puis les termes du dilemme qu'il m'avait soumis la semaine précédente. C'est en réalité à la vue du message que j'avais décidé de me rendre au rendez-vous. Le mec avait un culot certain, et je voulais le faire descendre de quelques étages. Je ne négligeais pas le poids de ce fait dans ma prise de décision.
Cette fois encore, je mis un soin particulier dans ma tenue. J'avais conscience que pour beaucoup de personnes, mon amour pour le maquillage et la mode pouvait sembler futile. Je me trouvais futile les trois quarts du temps. Ça ne changeait rien, je tirais de la fierté dans mon apparence, et cette fierté me donnait confiance en moi. C'était ce dont j'avais besoin pour affronter Clément.
Comme les fois précédentes, il m'avait donné rendez-vous dans un restaurant, et je le retrouvais attablé dans un endroit un peu à l'abri des regards. Lui non plus ne laissait rien au hasard, me rappelant sans que j'en éprouve le besoin que nous avions des points communs. Ce constat était toujours aussi dur à digérer. J'aurais aimé me réveiller un matin et réaliser que je m'étais simplement fait avoir. Ce n'était pas le cas. Passé du temps avec Clément, me rappeler à chaque fois pourquoi j'étais tombée amoureuse de lui. Ce qui était bien, c'est que cela me permettait également de rappeler pourquoi j'avais cessé de l'aimer, et plus important, pourquoi, j'avais choisi de le fuir.
-Tu es magnifique comme toujours, il me complimenta en tirant ma chaise pour que je puisse m'y asseoir.
Clément n'était pas juste violent, il était également, charmant, poli, galant. Je pouvais le lui reconnaitre désormais, j'avais trop conscience de ces techniques de manipulation pour me laisser à nouveau prendre dans son emprise.
Ses mots n'eurent pas l'effet escompté, plutôt que de me faire plaisir ou simplement de me mettre à l'aise. Ils me renvoyaient à l'erreur que je venais de commettre. Je n'aurais jamais dû accepter de le rencontrer. Je réalisais en me retrouvant devant lui. Je devrais me trouver chez Nathan à préparer une valise pour me rendre en Hongrie à la première heure, demain matin. Retrouver Charles, c'était comme cela que j'allais avancer dans ma vie. En étant entouré des personnes que j'aimais et qui me voulaient du bien.
La réalisation faite, je décidais d'écourter au maximum cette rencontre. Je n'avais pas besoin d'une conclusion à mon histoire avec Clément. Cela faisait des années que nous n'étions plus ensemble, des années que j'avais cessé de l'aimer. La seule chose que je nourrissais à son égard, c'était de la colère et dans certaines circonstances de la peur.
-Clément, je lui répondis sans même lui adresser un sourire.
Non, je n'allais faire aucun effort, pas même celui d'être aimable. Il ne méritait pas mon amabilité.
-Tu as passé une bonne semaine ?
-On n'est pas obligé de faire semblant. J'ai un avion à prendre tôt demain, et je te déteste toi et ta compagnie. Donc j'ai aucune envie de savoir comme s'est passée ta semaine et aucune envie de te raconter la mienne.
-Ce n'est pas l'attitude que j'attendais. Je te pardonne, je sais que c'est dur pour toi, mais crois-moi, rentrer à la maison c'est ce qu'il y a de mieux pour toi.
Je levais les yeux au ciel et ne retins pas le soupir d'agacement qui m'échappa. Non vraiment, je n'avais pas envie, même pas d'être polie.
-Je ne rentre pas à la maison. En réalité, j'ai décidé de rejoindre Charles.
-Si tu fais ça, je vais leaker tes vidéos.
À l'entente de ces mots, une nouvelle réalisation me frappa. Je n'en avais rien à faire qu'il découvre qu'il n'avait plus les vidéos devant moi. J'en avais rien à faire de gagner. J'avais été très conne de croire que cet instant méritait que j'attende le lendemain pour retrouver mon pilote. Cet instant ne valait rien, car je le passais en présence de Clément. Et peut-être que finalement, j'avais eu besoin de le revoir physiquement une dernière fois pour acter dans ma conscience que le temps passé avec Clément était du temps perdu.
-Tu peux leaker les vidéos, j'enverrais les tiennes à ton père, j'haussais les épaules.
Une colère bouillante attaqua son visage. Je n'avais pas prévu de lui mentir de cette façon. Je n'étais pas une très bonne menteuse, généralement, je tirais plaisir dans le fait d'avoir raison, de conserver le contrôle. Quelque part, j'avais encore le contrôle, mais cela, Clément l'ignorait, car il ne savait pas encore qu'il n'avait plus les vidéos. Il ne savait pas que je n'enverrais jamais les vidéos à son Père. Je m'étais promis de bruler le sol sous ses pieds. De lui faire du mal autant qu'il m'en avait fait. Mais cela n'avait plus d'intérêt, car Clément n'avait pas d'importance.
-Comme tu as manqué de coopération quand je t'ai envoyé les premiers papiers, concernant un possible accord amiable entre nous, je vais poursuivre ma demande de divorce. Je veux la moitié de la communauté, depuis notre mariage, jusqu'à notre séparation.
-Si je leak les vidéos, il répondit d'une voix tremble signe de l'émotion qui le traversait. Tu ne pourras jamais être avec ton pilote.
-Ça, c'est uniquement, si Charles refuse. Et tu sais c'est quoi le plus drôle ? Il m'aime. Alors non, ce ne sera pas un moment agréable, mais on finira par s'en sortir.
Je n'excluais pas que la cousine dont m'avait parlé Arthur plutôt dans la journée n'ait pas été en mesure de supprimer l'ensemble des vidéos. J'allais peut-être effectivement retrouver des vidéos compromettantes de moi sur internet. Mais j'avais un nouveau regard sur la situation. Il n'y avait rien de pire que de retourner avec Clément. Même perdre ma carrière. Mon amour pour la musique dépassait de simple considération financière. Si je pouvais plus en vivre, cela ne signifiait pas que je ne pourrais plus chanter.
-Tu m'appartiens.
Je ne pus retenir un ricanement avant de lui répondre :
-Si c'est ce que tu penses, qui suis-je pour te détromper ? Surtout si ça t'aide à dormir la nuit, j'haussais à nouveau les épaules.
-Noa, ce n'est pas une blague, je leakerai les vidéos.
-Je sais que tu es ce genre de connard, j'en ai déjà fait les frais. J'ai fait mon choix, balance les vidéos et oublie mon numéro. Mieux oublie le fait que j'existe.
Je reculais ma chaise et attrapais mon sac alors qu'un serveur s'approchait de notre table avec deux plats dans les mains. Je le laissais déposer les assiettes et présenter les plats avant de me redresser.
-Au plaisir de ne jamais te revoir, je terminais en lui adressant une révérence mesquine.
Je quittais le restaurant avec un poids en moins sur les épaules. C'était fini. Clément et moi, mon mariage. C'était véritablement fini et j'en étais soulagée.
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La Prima Donna
FanfictionLa vie a sa propre manière de nous surprendre. On ne peut pas prédire quand elle s'apprête à changer du tout au tout, elle se contente de le faire. D'une seconde à l'autre. Je n'oublierais jamais cette seconde ni celles qui ont suivi, toutes celles...