10. R.E

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PDV BIANCA

Nous venons juste de revenir à Chatoja. Je me suis réveillée lorsqu'on a failli mourir, tous les trois. Mattéo doublait un camion mais il n'a pas fait attention au véhicule qui venait d'en face. En effet, un autre camion fonçait droit sur nous. Mattéo a donc accéléré la voiture à fond pour essayer de doubler ce fameux camion sans nous tuer au passage. Bien sûr, il a réussi, de justesse. Chatoja est assez calme, ce qui est très étonnant. Je me demande quel jour on peut bien être. C'est très rare que cette ville soit comme cela. Elle qui est en même temps festive et dangereuse. Quand j'étais petite, je demandais souvent à mon père pourquoi est ce qu'il y a une telle différence de population ici. Il m'avait expliqué que ce n'est finalement qu'une histoire de colline. Les habitants du nord réunissent en tout : succès, argent, villa, fêtes. Ceux du sud réunissent : désespoir, pauvreté, habitations insalubres, solitude. Tous nous différencient, de A à Z. Aujourd'hui, j'ai la "chance" de vivre de l'autre côté de la colline, au nord de Chatoja. Forcément, Mattéo n'allait pas vivre dans une maison en dégradation. Il lui faut le meilleur pour lui, et ses soldats. Là-dessus, je n'ai rien à dire de péjoratif. Si il y a bien une seule chose que j'apprécie chez Mattéo, c'est son aide envers les autres, surtout ses hommes. C'est dingue de voir qu'entre eux, ils sont très loyaux, alors que ce sont des criminels mercenaires.

— On est déjà arrivé, baille Juan.

Mattéo ne prend pas la peine de lui répondre, mais, à la place, sert fortement son volant. La voiture s'arrête devant la demeure, qui est magnifique, comme toujours.

— On va voir Conrad. Tu viens avec nous Bianca.

J'hoche la tête et sort de la voiture en même temps que les garçons. Je les suis ne connaissant pas encore le chemin pour aller jusqu'à Conrad.

— Il est à la salle ? Demande Mattéo.

On s'engage dans un escalier après avoir passé la porte d'entrée.

Sûrement lui répond Juan.

On traverse un couloir et arrivons devant une pièce qui possède de grandes portes transparentes. Mattéo l'ouvre et passe en premier. Pour une fois, Juan devient Gentleman et me tient la porte.

— Grazie.

Je le remercie rapidement et suis Mattéo dans cette immense salle de sport. Elle doit faire au moins vingt mètres de long de chaque côté. Il y a pleins de machines de musculations dont je ne connais pas le nom. Elles sont même parfois en double ou en triple ! Cette salle est bondée, une trentaine d'hommes sont présents et courent, se musclent ou font des tests de cardio. Mattéo qui connait cet endroit comme sa poche zigzague entre ses soldats. Je remarque qu'ils baissent tous la tête et le regard en signe de respect. En arrivant au bout de cette pièce, je peux dorénavant admirer la vue imprenable qu'offre cette fenêtre panoramique. Elle est tellement belle et immense. Je ne peux m'empêcher de m'approcher d'elle et d'y poser délicatement ma main. De là où je suis, j'aperçois une piscine proportionnelle à la taille de la propriété, une serre remplie de diverses plantes à sa gauche. La zone de la piscine est délimitée par des grillages modernes.

C'est vrai que Mattéo a du goût ! Je me demande si quelqu'un l'a aidé pour tout décor. Si un jour on arrive à entretenir une relation stable, peut-être pourrais-je lui poser cette question...

— C'est beau hein ?

Je sursaute et me retourne brusquement. Mes sens, tout en éveils, se calment dès lors que je reconnais cette personne : Conrad. Il est torse nu, seulement vêtu d'un short noir et transpire de grandes goutes de sueur. Mattéo et Juan sont là aussi mais à un mètre ou deux plus loin que nous.

COLOMBE NEROOù les histoires vivent. Découvrez maintenant