COLOMBE NERO

11. OSE

PDV BIANCA

Le choc. C'est ce que j'ai ressenti lorsque j'ai vu ou plutôt, revu cette anneau. C'est le même. Oui, c'est cela. J'en suis sûre. Maintenant, plusieurs morceaux du puzzle commencent à s'assembler dans ma tête. Je commence à comprendre le pourquoi du comment je suis ici.

La question de Juan reste en suspens. Je ne lui ai pas encore répondu. Peut-être que c'est parce que je n'en ai pas la force ou juste par manque d'envie. Oui, c'est sûrement ça. Mais, en réalité, je le veux, qu'il sache la vérité. Celle que je suis, celle qui se morfond. Alors, oui, je prends ce courage à deux mains. Je relève fièrement ma tête parce que je n'ai pas à la baisser. J'ose, oh oui, j'ose regarder Mattéo dans les yeux pour lui annoncer ce que j'ai sur la conscience. Et je le dis. Pour une fois, je n'ai pas peur de sa colère, de ses démons. Pour une fois, j'ai confiance en moi. Pour une fois, j'avance vers une libération, ma libération.

— Il a le même. Adrian, il a le même. C'est exactement celui-là avec les mêmes initiales R.E.

— Et tu sais à qui appartiennent ces initiales ? S'enquiert Mattéo.

— Non, il n'a jamais voulu me le dire. Il disait que ça appartenait à son grand-père. Je ne l'ai jamais cru. L'anneau était quasi neuf. Il n'était pas vieux de cinquante ans !

— Donc ça veut dire... commence Juan.

— ... que Conrad connaît l'homme qui a mis le feu à ma cellule et qui l'a aidé à s'évader, je termine.

— Tout est lié souffle Mattéo dans un murmure.

On se regarde ne sachant pas réellement quoi ajouter.

— Conrad, je veux que tu me trouves tout ce qui est possible de trouver sur R.E. Mais surtout, à quoi correspondent ces initiales. Ok ?

— Si capo. C'est très clair. T'auras ça demain. Je vais me rattraper.

— T'as intérêt, fini froidement Mattéo.

Durant quelques secondes, j'ai cru voir passer la mort dans ses yeux. Mattéo est quelqu'un qui change de comportement d'une seconde à l'autre. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est aussi impénétrable. Personne ne peut savoir à quoi il pense.

Alors que nous sortons pour la énième fois de ce bureau, Mattéo m'adresse la parole.

— Je vais t'entrainer.

— Quoi ?! Je m'exclame. Hors de question.

Je suis sportive, il est vrai. Mais lorsque j'entends le mot "entraîner", je comprends que je ne vais pas seulement courir comme j'adore le faire à mon habitude. Non, je vais sûrement pratiquer la boxe ou un de ces sports barbares qui ne m'intéressent nullement. Je ne veux pas faire partie de ce genre de filles qui sont très énervées, sportivement parlant, au point de pouvoir tuer leur adversaire à coups de points. Je ne suis pas un Mattéo au féminin. Sûrement pas. Ca serait renoncer à ma raison d'être, à ma famille. Ce n'est pas l'éducation que j'ai eu, ni celle que, plus tard, si j'ai des enfants, j'aimerai donner.

Mattéo, comme à son habitude, pas d'accord avec moi, fronce les sourcils.

— Comment ça "hors de question" ? On dirait une fillette. Tu te prends qui ? Si je te dis quelque chose, tu le fais. Je t'ai dit que je te garderai en vie. N'est ce pas, je l'ai dit. Et tu ne vas pas rester en vie si tu restes ne sais pas battre. Donc maintenant tu vas arrêter de faire ta belle et tu vas faire ce que je dis. Il s'approche cruellement de mon oreille pour me balancer sa dernière phrase très glaçante. J'ai déjà tué pour moins que ça.