08. DÉCOUVERTES

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PDV BIANCA

Mattéo commence à sourire avant de l'effacer en une fraction de seconde pendant que Juan s'étouffe avec sa salive.

— Eccellente ! Devo ancora occuparmene ! (Super ! Je vais encore devoir me la coltiner !) Maugré Juan entre ses dents.

— Non costringermi a dirti di chiudere quella fottuta boccaccia ! (Ne m'oblige pas à te demander une fois de plus de fermer ta putain de grande gueule !)

Encore une fois, l'ordre de Mattéo claque dans ce bureau. Juan souffle d'énervement, me regarde droit dans les yeux. Dedans, j'y lis pleins de menaces du genre : un pas de travers et t'y passes. Je me fais d'un coup toute petite. Lorsque la porte est fermée, ou plutôt claquée, par Juan. Mattéo reprend le fil de la discussion.

— Dans ce cas, bienvenue dans mon monde.

Son ton est solennel, comme si je venais de me marier. On aurait dit que j'étais redevenu une petite fille et que lui était le père heureux que sa fille ai réussi pour la première fois à faire du vélo sans petites roulettes. Mattéo regarde ce glock posé sur son bureau, le prend dans sa main, retire la recharge et range l'arme dans le même tiroir duquel il l'a sorti plus tôt.

— Je vais appeler Juan pour qu'il te fasse visiter et que tu puisses faire à manger. Je suis désolé de te demander de cuisiner mais le problème est que notre cuisinière est partie parce qu'elle est enceinte. Et aucun de nous ne sait suffisamment cuisiner pour 40 ou 50 personnes. Tu sauras réussir à faire ça ?

— Oui, je peux cuisiner mais je ne sais pas ce que je dois faire ni ce que vous aimez...

— Fais ce qui te semble juste et bon pour des gars complètement affamés qui pèsent près de 90 kilos de muscles et qui vont dans l'après-midi être amenés à tuer pour gérer mon business.

Outch, dure vie ! J'hoche la tête et me lève de la chaise. Mattéo suit de manière identique mon mouvement et marche en direction de la porte. Dès qu'il l'ouvre, je vois un Juan adossé sur le mur, les bras croisés, la tête baissée. Lorsqu'il entend le cliqueti de la porte qui s'ouvre, il relève la tête pour croiser le regard de son chef.

— Mi dispiace capo. Non so cosa mi abbia fatto parlare così. Non lo farò più. (Pardon patron. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de parler comme ça. Je ne recommencerai pas.)

— Lo spero se non vuoi averne uno in testa. (J'espère bien si tu ne veux pas t'en prendre une dans la tête.)

En une fraction de seconde, le regard rempli d'excuse de Juan change en celui d'un homme blagueur.

— Emmène Bianca a la cuisine, c'est elle qui va cuisiner pour ce midi. Après, tu lui feras visiter la maison. Elle gardera la même chambre que celle de ce matin.

Cool ! Je suis vraiment heureuse de ne plus avoir à retourner dans une quelconque cellule de Mattéo. Elles sont vraiment horribles avec une odeur particulière que je n'arrive pas encore à nommer.

Juan hoche la tête et me fait un signe de main pour que je le suive. Je pars en regardant une derrière fois Mattéo qui, lui, est déjà retourné dans son bureau. Je traverse quelques couloirs et arrive dans une grande salle remplie de baies vitrées. Au milieu trône un îlot avec pleins de chaises et à gauche est positionnée une immense cuisine tout équipée. En m'approchant, je remarque qu'il y a au moins 5 fours et 3 frigos ! C'est la plus grande cuisine que je n'ai jamais vue.

— Bon, ici tu as les frigos. Celui-ci est fermé à clé pour tes questions de sécurité. C'est la viande qui sert à nourrir les chiens. Les deux autres tu peux prendre tout ce que tu veux à l'intérieur. Par contre, si c'est dans une boite et qu'il y est écrit un prénom, un nom, un surnom ou même un numéro, c'est que ça appartient à quelqu'un. Dans ce cas, défense d'y toucher, m'explique-t-il.

COLOMBE NEROOù les histoires vivent. Découvrez maintenant