04. LA VENDUE

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PDV BIANCA

La peur.

C'est la première sensation que je ressens quand je le vois.

Oh oui, il me fait peur.

Lui et son air assuré.

Lui et sa chemise noir.

Lui et ses foutus tatouages.

Je ne le connais pas. Je ne sais donc pas qui il est. Mais ce que je sais, mais ce que je pense, c'est qu'on ne peut lui dire "non". Il a l'air d'une bête, d'une bête féroce qui peut enlever l'âme de n'importe qui. Et cela, je l'ai compris dès la première seconde.

L'ambiance de cette pièce est glaciale. J'ai l'impression que mon corps peut se transformer en glaçon d'une seconde à l'autre. Ce qui contraste parfaitement avec la chaleur de mon être face à cette situation assez épique pour moi.

L'homme qui me tenait le bras me fait asseoir de force sur une chaise en face, à gauche du bureau et enlève ce qui me sert de menotte.

— Bien Conrad, tu peux t'en aller.

Le dénommé Conrad qui est en fait l'homme qui m'a emmené ici sort de la pièce sans un mot.

Personne ne parle. Le silence est gênant, lourd. Je n'ose regarder personne dans les yeux, que ce soit le "numéro 1", Juan ou même Adrian. En ce moment, mon amour pour lui me semble tellement loin.

Une voix terriblement grave et froide me fait sortir de mes pensées.

Ça y est, la réunion débute.

— Bene, les deux amants présents. J'espère que votre soirée cinéma ne s'est pas trop mal finie. Pardonnez mon intervention, il fallait que je me dépêche d'intervenir vu la situation dans laquelle tu m'as mis Adrian.

Adrian relève vivement la tête et s'apprête à répondre mais Juan le devance.

— Mais bon, heureusement pour nous que ma principessa a été plutôt bavarde si tu vois ce que je veux dire...

Les traits auparavant si doux d'Adrian se transforment en un homme horrible sans aucune raison ni sentiment. Ce nouvel homme me regarde avec dégoût, avec haine.

Comme si je ne suis plus rien.

Comme si je ne suis plus personne.

— Espèce de salope ! Comment t'as pu me trahir ! S'écrit-il en commençant à faire de grands gestes avec ses bras.

Quoi ? Je n'ai pourtant rien dit. Bien au contraire, je n'ai fait que le protéger. Pourquoi et comment peut-il me dire cela ? Comment ose-t-il ? Une fureur monte en moi. C'est à cause de lui si je suis coincée dans cette putain de galère et c'est moi la fautive ? Mais qu'il aille se faire foutre ! J'essaye de contrôler mes mots avant qu'ils ne traversent mes lèvres. J'essaye vraiment. Mais je crois, que cette fois-ci, c'est la goutte de trop.

— Non mais tu te fous de moi. C'est à cause de toi qu'on est coincé ici dans ce trou à rat. Tout ça c'est de ta faute et tu oses me dire que je suis une salope et que je t'ai trahie. Mais tu te prends pour qui putain !

Moi aussi, à ce moment précis, je commence à m'énerver face à lui. J'en viens presque à oublier où nous sommes et avec qui nous sommes. Mes bras viennent d'eux-mêmes faire de grands gestes. Mais pourtant, ma coquille interne reste intacte. Je l'ai aimé. Je l'ai tellement aimé.

Mais aujourd'hui, c'est comme si je venais de naître et qu'il faut que je réapprenne à marcher. Et tout cela me semble impossible.

Adrian, lui non plus, n'a pas dit son dernier mot puisqu'il se lève et s'avance vers moi. Un air menaçant prend maintenant place sur son visage. Je regarde Juan et le soi-disant "numéro 1" pour voir s'ils vont intervenir mais cela semble être le cadet de leur soucis. Bien au contraire, ils semblent se délecter du spectacle. Et quel spectacle, voir une femme en danger c'est sur que cela doit être incroyable à regarder. Ils me dégoûtent...

COLOMBE NEROOù les histoires vivent. Découvrez maintenant