Prologue

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Je sors du travail tout en sortant mes écouteurs, je les visse dans mes oreilles, et je lance ma playlist tout en marchant pour me rendre à ma voiture. « Vivre » de Scylla sort dans mes oreilles. Les paroles font échos en moi, elles me prennent aux tripes comme jamais auparavant.

Je me rends compte que je n'ai pas envie de rentrer chez moi. Je me rends compte que je me sens à l'étroit dans ma maison, je ne me sens pas à ma place ici. Enfin, je ne me sens plus à ma place, car pourquoi être en vie, quand ma raison de vivre, n'en fait plus partie ?

Dans la voiture, je retire mes écouteurs, je remets la playlist en route, toujours Scylla. Lorsque je mets le contact, il y a « Ciel mauve » qui se met à résonner dans l'habitacle. Je décide de rouler sans destination, besoin d'avoir un semblant de liberté. Puis plus personne ne m'attend désormais, alors ce n'est pas dérangeant si je ne rentre pas immédiatement en sortant du travail. L'entièreté de mon logement me rappelle son absence, depuis trois mois.

Lorsque je décide de rentrer au petit matin, après avoir tourné toute la nuit dans les rues de ma ville, l'album « Masque de chair » de Scylla tourne. Après m'être garé devant mon garage, j'entre et je me dirige vers la cuisine pour manger quelque chose, je n'ai rien mangé depuis hier midi. Je ne sais toujours pas quoi faire pour me sentir mieux. Je me laisse la semaine, puisque je suis en vacances durant trois semaines, pour y réfléchir. En attendant, je continuerai de suivre ma routine, tel un robot.

Mardi soir, je me dis que j'ai besoin d'un changement radical dans ma vie. Je n'en peux plus de tout, je suis lassé, de vivre ici, je crois.

Partout où je vais, je la vois, elle qui est partie, il y a trois mois. J'aimerais, non pas l'oublier, mais réussir à vivre avec son absence, le vide et le silence qu'elle a laissé, elle, qui avait une place importante dans ma vie. Je n'en peux plus de vivre sans elle, je me demande même, si je ne devrais pas la rejoindre.

Je décide d'acheter un billet, pour partir, partir de ce pays, je me fiche un peu de la destination, j'ouvre un onglet et mets la carte du monde, je sélectionne un endroit au hasard. Je tombe sur l'Irlande, comme par hasard, là où sont ses origines, pourquoi tout me fait penser à elle ? Alors que je ne le souhaite pas, je ne veux plus penser à elle, ça me fait trop souffrir. Je relance la page, je clique à nouveau sur un endroit au hasard, et à nouveau l'Irlande. Je crois que je n'ai pas le choix, c'est un signe, je dois aller là-bas. Bon, je tente une troisième et dernière fois, et si je tombe à nouveau sur la même destination, je prendrais ce fichu billet, pour m'exiler. Sans grande surprise, c'est à nouveau l'Irlande.

Son pays de naissance, peut-être qu'il faut que j'y aille pour y renaître. Si la vie me met sur ce chemin, c'est qu'il y a une raison. Je ne peux pas me défiler, je lui ai promis de rester ici, de ne pas l'accompagner pour son dernier voyage. On ne voyagera plus tous les deux, on ne fera plus rien tous les deux désormais. Je pars dans une crise de larmes, parce que ça ne peut pas être possible, elle n'a pas pu quitter ce monde, m'abandonner aussi lâchement. Non, ce n'est pas vrai, je refuse d'y croire. Je ne peux pas vivre sans elle, non, je ne peux pas, je n'en suis pas capable, je lui ai fait une promesse que je ne peux tenir. Et je m'en rends compte maintenant seulement... mais quel con je fais ! Mais, si je dois aller en Irlande, c'est peut-être elle qui me dit de la rejoindre sur sa terre natale. Oui, c'est ça, c'est elle qui communique avec moi.

Je retourne sur le site de vente de billet d'avion et tape le nom du pays, je clique sur le premier nom de ville. Je regarde quand il y a un vol, il y en a un dans deux jours, ça me laisse le temps de préparer mes affaires. Dans deux jours, je change de vie, ça y est, c'est acté. À présent, je vais me coucher, demain, je prépare tout pour y aller.

Chienne de vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant