20. Plan.

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Quartier général des Ghost
Deux jours après le bombardement.
César.

Les traumatismes, aussi discrets qu'un caméléon, laissent leurs empreintes dans notre cerveau, nous privant du calme et de la liberté. Ils sont comparables à une pluie battante, inondant nos pensées, nos souvenirs, nos heures perdues à réfléchir à une issue de sortie.

Tel un murmure inaudible, ils se glissent furtivement dans notre tête, ne nous laissant aucune seconde sans penser à eux. Ils déploient petit à petit leur mélancolie, leur poids oppressant, nous forçant à cohabiter avec eux. Comme des fils invisibles, ils se faufilent dans notre vie, remplaçant les rires et les sourires, par des pleurs et des sentiments de tristesse.

Les traumatismes, tels des ouragans dévastateurs, emportent tout avec eux ; la joie, le bonheur, le rire, le sentiment de bien-être, le sommeil. Il est difficile de voir un traumatisme à travers une personne. Le jour, ils disparaissent, et la nuit réapparaissent, ne laissant aucune place au sommeil.

Et si le sommeil parvient à nous envahir, les traumatismes n'hésiteront pas à s'incruster, transformant notre rêve en cauchemar. Comme des vieux albums photos, ils nous passent, en boucle, des images d'eux-mêmes. Aussi narcissique qu'ils soient, en peu de temps, ils deviennent le centre du monde de notre vie.

Ils brouillent notre cerveau, notre motivation et même notre envie de rester vivant. Et si l'envie d'en parler nous emporte subitement, un fil de barbelé imaginaire arrivera, étouffant nos mots dans notre gorge.

Les piques de ses barbelés s'enfoncent dans notre cou, laissant sortir notre sang, mais sans nos mots. Aucune issue n'est possible.

Ma vie est plus difficile depuis cette nuit-là. Revoir son reflet dans l'eau de mon bain, ou encore dans le miroir, me rend complètement dingue.

Avoir des flashbacks, des visions en revoyant sa personne, me tue à petit feu. Elle me brule, me consume, m'écrase.

Et quand le feu qui m'enflamme s'arrêtera, mon corps ne sera qu'un tas de cendre, un amas de poussière, que l'on jettera au bord d'une falaise.

Mes yeux s'ouvrent difficilement quand mon corps se réveilla enfin. Je grimace quand les rayons de la lampe arrivent à mes yeux.

Allongé sur ce lit, je me redresse sur mes coudes avant de passer ma main sur mes yeux. Dans ma bouche, un goût pâteux est présent.

Bordel, je suis ici depuis combien de temps ?

Je souffle bruyamment du nez avant de me gratter l'arrière de ma tête. Mon regard traverse toute la pièce, essayant de comprendre où je suis.

En regardant minutieusement, j'aperçois le logo des Ghost sur la porte. Sans plus attendre, je m'assieds sur le bord du lit, me laissant quelques secondes de calme avant d'ouvrir cette porte. Être un membre au cœur du cartel est un rôle compliqué et assez épuisant.

Le calme me vient très rarement à moi. Alors quand sa présence est à côté de moi, je prends le temps d'apprécier sa venue. Il est l'une des choses que je désire le plus, après Elia.

On est bientôt en décembre, et c'est seulement maintenant que je réalise que ce n'est pas elle qu'il faut que je déteste plus que tout au monde.

THE ATTRACTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant