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Honnêtement, je n'ai aucun souvenir fiable de ce qu'il s'est passé ensuite. Un sortilège des démons tatoués, peut-être? Je ne suis même pas certain que ça ait de l'importance, au final.
Ils m'emportèrent sans que je me débatte, cruellement lucide quant à la merde noire dans laquelle je m'étais foutu. J'ai déjà fait des choix moisis, plein, mais là... Je ne savais pas à qui m'en prendre ni à qui en vouloir.
Ça a toujours été sécurisant pour moi de me désigner comme le grand coupable de mes malheurs. Je déteste éprouver de la rancœur envers d'autres personnes – appelez ça de la candeur si vous le souhaitez, mais je vous assure que ça n'a rien de comparable.
J'étais simplement trop occupé à me haïr pour me soucier des responsabilités d'autrui.
« Comment vas-tu aborder le sujet, Hitoshi? »
Le timbre grave de celui surnommé "le corbeau" par Himiko me tira de ma torpeur. Je pris peu à peu conscience de notre localisation et, effaré, découvris une...
Forêt.
Pas l'une de celles que l'on peut visiter dans notre monde, non : une de ces foutues étendues magiques que l'on ne peut imaginer qu'au travers de romans fantasy. La cime de ses arbres semblait à deux doigts de toucher les nuages, ne laissant passer que quelques rayons d'un soleil à son apogée. Nous étions encerclés par des fleurs plus grosses que mon crâne, bercées par une douce brise, et parées de couleurs vives. Elles agrémentaient la verdure alentour d'arcs-en-ciel terrestres, et de feuilles aussi diverses qu'inhabituelles.
J'étais un intrus, ici. Je n'avais pas le droit de fouler ces lieux de mes baskets usées, ni de poser les yeux sur leurs merveilles.
« Je dirai simplement la vérité, Fumikage. » répondit alors mon ravisseur. « Ça ne servirait à rien de la camoufler... Si ce n'est à agacer mon père et le Conseil. »
« On est où? » demandai-je soudain.
Je me fichais pas mal de les interrompre.
« À l'entrée d'une de nos cités. » m'apprit Hitoshi sans ciller.
Je remarquai que sa main me tenait fermement par le poignet, sans pour autant me faire mal. Il avait la trouille de ressentir ma douleur, à coup sûr! Si j'avais eu assez de courage, je me serais pété un doigt juste pour le voir brailler, ce connard.
« Avant que tu ne poses la question : nous y sommes arrivés grâce à un portail généré par ces sorciers. »
« Je rectifie : ces "enfoirés" de sorciers. » grinçai-je.
Le manque de répartie des quatre concernés me déçut.
Néanmoins, tandis que nous avancions sur un chemin balisé de pierres nacrées, j'en profitai pour les observer un peu plus sérieusement.
Fumikage et Kyoka étaient les bruns du quatuor. Le premier possédait un visage anguleux, ainsi qu'un nez aquilin très prononcé. Ses iris, d'un rouge sanglant assorti à sa tenue d'ado edgy, ressortaient grâce à sa peau d'un noir profond. Quant à la seconde, ce furent ses lobes étirés par d'immenses écarteurs qui attirèrent d'emblée mon attention. Ses traits, plus doux que ceux de son camarade, étaient cependant durcis par les arabesques opaques inidentifiables qui parcouraient ses joues et ses tempes. Ses pupilles dilatées achevaient de lui conférer une aura tribale.
« Tu veux mon portrait, débile? »
Le ton hargneux employé par Eijiro m'incita à le détailler à son tour, sans relever son insulte : ses mèches vermillon, attachées en chignon, ménageaient ainsi une vue imprenable sur l'allure implacable du personnage. La férocité de son expression, signifiée par ses sourcils froncés et l'étincelle mécontente de son œillade carmin, ne me fit pourtant ni chaud ni froid. Je n'étais pas assez stupide pour croire à sa prétendue sévérité.
« N'empêche, tu aurais pu tomber sur plus moche. » remarqua Himiko en marchant à notre hauteur. « Un joli blond doré, c'est si rare chez nous! »
Elle était justement la seule aux cheveux et yeux clairs du cirque. Sa bouille enfantine ne me disait rien qui vaille, rayonnante d'une sorte de sadisme propre aux tueurs en série des documentaires Netflix. Comme Hitoshi, des canines proéminentes dépassaient à peine de ses lèvres pleines.
Globalement, son apparence et ses mimiques me donnaient envie d'appeler les flics.
« Ça n'a aucune importance. » rétorqua le violet.
« C'est quand même plus agréable de faire l'amour à un garçon mignon, tu ne penses pas? »
« Tu as un message pour moi, peut-être? » intervins-je, piquant.
J'avais beau être peu expérimenté, je n'étais pas effarouché. Je savais pertinemment me servir de mes atouts.
« Reste tranquille, insolent. Contrairement à notre ami ici présent, je ne suis pas intéressée par les hommes. »
Je soupirai, déjà vaincu.
Je sentis alors la poigne de Hitoshi se resserrer imperceptiblement. Je ne compris pas d'où sortait cette soudaine jalousie (je n'étais pas non plus niais), mais la notai précieusement dans un coin. La magie nous ayant unis paraissait déclencher chez lui un genre d'instinct possessif qui, le moment venu, pourrait me servir...
« Trêve de bavardages. » lâcha-t-il. « Nous y sommes, donc un peu de tenue. »
« Rabat-joie. » souffla Himiko.
Je redevins vigilant et, estomaqué, découvris une arche gigantesque. Surveillée par des individus aux ailes quasi transparentes, elle croulait sous mille plantes qui, étonnamment, avaient crû dans un ensemble harmonieux. Le tout donnait l'impression de se trouver face à un mur végétal créé par les meilleurs jardiniers de Versailles.
Et au-delà...
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Encore désolée pour l'attente... 😣
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Shinmahō ✧ 信魔法 || 𝑆ℎ𝑖𝑛𝐾𝑎𝑚𝑖
Fanfic// 𝐄𝐍 𝐂𝐎𝐔𝐑𝐒 // « Ceux qui ne croient en rien sont voués à disparaître. » Denki Kaminari, étudiant blasé parmi tant d'autres, ne croit qu'en ce qu'il voit. Magie, créatures fantastiques ou livres enchantés : tout ça, il s'en moque allègrement...