Chapitre 1

1 0 0
                                    

Zoé.

J'avance vers la scène quand tout scande mon prénom. J'aime ça. Être aimé. On ne se connaît pas et pourtant ils m'apportent de l'amour. Je ne sais pas si c'est désespérant ou terriblement adorable. On va plutôt dire la deuxième option.

Une lumière se focalise sur ma personne. Qu'est-ce que je déteste ça, cela me détruit les yeux. Au moins je ne vois pas le monde qui m'entoure et ça m'aide à me détendre. Je souffle et c'est partit.

-Comment vous allez Paris ? je m'écris.

J'ai du mal à entendre la réponse qui m'est donnée mais elle doit être la même qu'à chacun de mes concerts.

Alors j'entame la première chanson sur une vingtaine d'autres.

Chanter c'est libérateur. Je dirais qu'il y a des centaines voire des milliers de personnes qui m'observent et qui me filment. Je me donne à 2000%, j'espère avoir donné des étoiles plein les yeux à toutes ces personnes. Je me doute que certains doivent venir d'assez loin alors je veux que ce soit inoubliable pour eux.

***

La sensation après un concert est toujours la même. C'est comme une sorte de vide après, plein de gens sont venus juste pour toi et maintenant tu te retrouves seule.

-Zoé ! m'appelle mon agent.

-J'arrive ! je réponds.

Je sais que je dois répondre aux questions d'un journaliste, je n'ai pas le cœur à ça, comme à chaque fois. C'est vraiment le point que je n'aime pas en tant que chanteuse. Je ne comprends pas l'intérêt, ce que je veux dire c'est que parfois on nous pose des questions qui sont soit dérangeantes et sont privées soit ce sont des questions vraiment débiles. Je me souviendrai toujours de ce journaliste qui m'a demandé si j'étais chanteuse. Même pas capable de se renseigner sur la personne qu'il interroge et c'est pas comme si j'étais en concert. Enfin bon.

Je sors de ma loge et suit mon agent pour me retrouver face au journaliste. Il n'a pas l'air bête mais comme on dit les apparences sont trompeuses. En tout cas, il sait recevoir ses invités, sur la table qui me sépare de lui se trouve tout un tas de sucreries. Les équipes se dépêchent de tout installer. Je pourrai les aider mais si je ne touche ne serait-ce qu'à une de ses nombreuses lumières je serai capable de mettre feu à tout le stade. On va éviter, je n'ai pas forcément envie de mettre mon argent dans la reconstruction d'un lieu, enfin pas ce lieu.

Finalement la mise en place se finit assez rapidement pour mon plus grand bonheur. Je n'aurais pas supporté de rester aussi longtemps à attendre pour une activité qui ne me plaît pas.

Je vois dans le fond ma mère qui me fait signe de sourire. Alors je m'exécute de suite, ce n'est pas comme si j'avais le choix de toute façon.

-Bonjour Zoé ! me salue un homme d'une quarantaine d'années.

-Bonjour à vous, je regarde son badge, Antoine !

-C'est un plaisir pour moi de te recevoir, énonce-t-il.

-Le plaisir est partagé. je réponds.

-J'aimerai que l'on parle un peu de toi, de tes chansons et de ton travail en général, il m'explique.

-Très bien.

Le programme me semble parfait cependant une merde peut arriver n'importe quand. Et mon instinct me dit que rien ne va se passer aussi bien que l'homme le prétend.

-Donc tu es née à Los Angeles et depuis toujours tu chantes.

-Exactement. J'ai un souvenir de moi quand j'avais dans les alentours de cinq ans, qui chante en plein milieu d'un magasin car j'avais perdu ma mère et elle m'a retrouvé ainsi, je raconte un véritable sourire aux lèvres.

Une bien belle histoire. Le moment où tout se passait à peu près bien.

-C'est incroyable d'avoir gardé cette passion autant de temps. Il n'y a jamais des moments où cela te lasse ? il m'interroge.

-Jamais. Je me sens toujours bien et hors de toute pression possible lorsque j'écris, je compose et chante mes musiques, je raconte.

-Tu as commencé à te faire connaître comment ?

-Tout simplement grâce à un genre de concours de mon agence actuelle, j'avais dix sept ans.

-Comment tu as fait pour gagner, il me demande.

Il le fait exprès ? Ca me paraît évident que j'ai juste chanté.

-Tu as juste chanté ? il semble surpris.

-Oui..., je souffle.

-Ça me surprend un peu, il avoue.

Il se fout de moi là ? Mon ego en prend un coup. Et puis même de quel droit il se permet de dire ça !

-Au début tes chansons n'étaient pas si bonnes, lâche-t-il.

D'accord. Je suis donc en train de me faire cracher dessus par quelqu'un qui n'y connaît rien à la musique. Génial. C'est tout ce que j'aime dis donc...

-En bref tu n'as pas dû passer sous le bureau pour te faire repérer ? ses yeux se baissent vers ma poitrine.

Il pense vraiment que j'ai dû donner mon corps pour en être là aujourd'hui. Et en plus il ose ne pas me regarder dans les yeux quand il lâche cette bombe. Enfoiré.

-Je pense que c'est irrespectueux, je lâche. Votre pensée vous est libre mais dire ça en interview qui va être public, que tout le monde va voir, ce n'est pas possible. Si j'en suis là c'est grâce à mon travail et non car je suis une femme avec des formes et qui apparemment donne mon corps. Ce n'est pas mon problème si vous prenez mal le fait que je gagne plus que vous.

-Je ne prends pas mal le fait que votre salaire soit supérieur au mien.

-Alors quel est le problème ? Pourquoi voulez-vous me faire passer pour une pute ? Et puis même si je l'ai fait, quel est le message derrière ? Si une femme veut coucher avec son supérieur et que tout le monde est d'accord pour, il ne devrait pas y avoir de problème. En l'occurrence si cela c'était fait les personnes à pointer du doigt seraient les directeurs de l'agence. Et malheureusement se sont des choses qui arrivent dans certaines agences, pas seulement pour les chanteurs mais pour tout type d'artistes, je commence à hausser le ton de ma voix.

-Je n'ai pas de problème... juste vous êtes une femme et..., il réfléchit à lui suite de sa phrase.

-Et ? je l'arrête de sa réflexion. Écoutez oui je suis une femme et je suis fière d'en être une. Mais je suis en colère d'être née dans ce corps quand je vois que des hommes, comme vous, en profitent pour nous rabaisser. Nous ne sommes pas moins que vous. Nous sommes autant. Maintenant je m'en vais. Je ne veux pas que vous gagnez de l'argent sur le dos d'une femme. Cela serait triste pour vous qui ne pouvez pas les voir pour ce qu'elles sont vraiment. je dis en me levant, réellement énervée.

Je n'avais jamais eu de journaliste autant sexiste depuis des années. Et dire que cette interview commençait très bien. Merde, ils les équipes avaient prévu des gateaux !

Je sors même du stade quand ma mère m'attrape le bras avec violence.

-Zoé, qu'est-ce qu'il t'a pris ! elle s'exclame.

-La vraie question est plutôt qu'est-ce qu'il lui a pris à lui. J'ai juste défendu ma cause et celle de milliers d'autres. Ni plus ni moins, je lui explique.

-Arrête d'agir comme ça. Ça pourrait tous nous ruiner, m'affirme-t-elle sur les nerfs.

Tu parles. Tu t'en fiches de ma carrière tant que tu touches une partie de l'argent.

Merci maman pour ton soutien permanent...

Sing with me || With Us Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant