- T'es magnifique aujourd'hui, Arianne, sincèrement. Ce genre de coiffure te va très bien, je trouve ! Excuse-moi de te déranger à huit heure du matin mais est-ce que tu pourrais chanter mes louanges à Matthieu, s'il te plaît ? Il me semble que vous êtes amis et j'ai un petit béguin pour lui... Enfin, tu vois ce que je veux dire par béguin... Ce serait super sympa de ta part, vraiment !
Je me retournai pour voir qui m'avait fait cette demande particulière. Une inconnue. Une simple inconnue, étrangère de ma mémoire. Une fille que je ne connaissais pas, à qui je n'avais jamais parlé avant ce jour.
Et ça, ça m'arrivait tous les jours. Ces personnes venaient me parler et me demandaient des faveurs sans réellement me connaître, ils savaient à peine mon prénom et le fait que je sois riche. J'étais simplement Arianne Cooper, la fille parfaite du lycée. La fille que tout le monde appréciait, dont la vie était parfaite. Riche et populaire... Mon existence s'arrêtait à ça pour ce genre de personne. Ils se servaient de moi comme d'une vulgaire petite poupée et je ne pouvais pas faire pareil parce que c'était moi, la présumé « fille parfaite ». Mais j'en suis bien loin... Oh oui, très loin même...
Après tout, on ne sait pas ce qui se passe lorsqu'on ouvre une porte... Elle peut ne rien signifier mais aussi détruire une vie à tout jamais. Un battement de cils peut réduire une existence à néant. Ce qu'on a construit tout comme ce que l'on a rebattit. Une maison ou encore un empire.
- Arianne, on a besoin de tes services au réseau, me dit alors mon grand frère, Gabriel, qui était derrière moi.
- Maintenant ? Je regarde la télé, là et je viens à peine de me poser, je n'ai même pas encore rangé mon sac !
- Je n'en ai rien à foutre, p'tite sœur, papa et maman te demandent au QG donc tu y vas ! Et pour ton sac, prends-le avec toi, tu auras peut-être le temps de commencer tes devoirs, qui sait.
- Je peux toujours rêver... Papa va m'envoyer en mission et je vais encore devoir faire mes devoirs ce soir.
Je me levai en rouspétant, je ne pouvais jamais me reposer dans cette grande maison souvent très vide. Ici devrait vivre une grande famille pleine d'amour à donner. Mais l'amour s'est perdu quelque part. Il est allé dans ces dix-sept grands bâtiments qui sont les plus grandes fiertés de mes parents. Le QG...
J'entrai comme à mon habitude dans le bâtiment principal du QG, mon sac de cours encore à la main et en jogging. Les employés de mon père, souvent déformés par les blessures, me regardaient avec des visages fermes et impassibles. Je leur souriai de toutes mes dents pour me foutre de leur sale gueule. Un à un, je les regardai. Ils ne pouvaient pas me frapper, j'étais la fille de leur boss, Soan Cooper.
- Mademoiselle Arianne... Voulez-vous accéder aux bureaux de vos parents ? Ces hommes sont occupés, ils doivent partir en mission pour votre père et les retarder ne serait que peu conseillé, me dit un des nombreux secrétaires de mon père.
- J'y vais, merci... répondis-je en souriant faussement.
J'aimais me moquer d'eux. J'étais de nature joueuse avec les personnes que je connaissais mais très méfiante envers les inconnus. Il est tout à fait normal de devenir soucieuse face aux complots qui se trament dans les réseaux ennemis. Réseaux qui sont très nombreux. Je ne pourrais même pas les compter sur les vingt doigts de mains et de pieds que je possède. Mais il est facile de les contrer quand on a une taupe là-bas.
Mon monde est rouge. Le sang coule à flot... Je ne pourrais jamais m'en défaire, quoi que je fasse. C'est une affaire de famille. Et on ne peut pas fuir ce qu'on est. Pour moi, les meurtres que nous faisons sont atroces mais comment faire autrement ?
Comment fuir ceux qu'on aime et qui nous aiment en retour ? Si seulement je le savais.
Le réseau est ma famille. Cette mafia, c'est tout pour moi et jamais ça ne changera mais...
Je ne suis qu'une personne qui a peur à l'intérieur, une femme faible qui fait croire aux gens qu'elle est forte. Moi, je ne suis que ça. Pas la fille parfaite mais la fille pleine de défauts. Je me rabaisse chaque soir sous la douche. Je hurle tout haut ce que je pense tout bas. Et personne ne s'en rends compte parce que j'ai cette putain d'image de fille parfaite collé au visage. On peut très bien tout avoir pour être heureux et pourtant ne pas l'être. On finit par tellement se mentir, se méprendre à soi-même que le mensonge devient réalité. En l'occurrence, le fait que je sois heureuse et que la vie m'ai tout donné. Je suis sûrement ce genre de fille qui se plaint toujours pour un rien. Oui, sûrement... Mais c'est comme ça et personne ne pourra changer ça !
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𝐄𝐍𝐈𝐕𝐑𝐀𝐍𝐂𝐄.
RomanceBelle, riche et populaire, elle était la fille parfaite. Enfin, ça, c'était au lycée. Une fois rentrée à la maison, son monde rosé de désillusions devenait rouge, un rouge écarlate dont elle ne se réjouissait pas. L'étreinte de sa famille, qu'elle a...