Daylight

Chapitre 6

-3 ans et 10 mois plus tôt-

Un sourire scotché aux lèvres et sautillante, je guettais l'arrivée d'Abi avec impatience.
Il devait être cinq heures du matin comme il était convenue dans notre accord. J'ai même abandonné mes jolies robes pour lui faire plaisir. Je considérais ma tenue comme des vêtements d'aventuriers avec fierté.

-Quel est cet accoutrement ridicule ? Tu pars pour un safari avec des licornes ?

Je pourrais reconnaitre cette voix sarcastique entre mille. Je me suis retourner face à ma guide, Abi.

-Tu ne trouves pas ma tenue convenable pour notre voyage ?

-On va dire que le rose et le rouge ne sont pas des couleurs des plus discrètes.

-Pourquoi ? Il va nous falloir passer inaperçus ?

-Mis à part si tu préfères te faire dévorer par un dragon du désert améthyste, il serait plus sage que tu prennes un accoutrement plus convenable.

-C'est-à-dire ?

-Quelque chose de moins flashy et de moins pailleté.

Un peu surprise, je lui répondis :

-Mais je n'ai rien d'autre à me mettre. Je n'ai que des robes ou des habits de couleurs que tu appelles « flashy ».

Mes dernières paroles avaient été prononcé avec de grosses guillemets faites avec mes doigts tandis que mon visage imitait son expression agacée en levant les yeux au ciel.
Le mage de feu sembla irrité et se pinça l'arête du nez un instant avant de fouiller dans son sac à dos. Soudain un tas de tissus m'atterris sur le visage.

-T'as de la chance que je prévois toujours des fringues en rab en cas d'urgence.

Lesdites fringues étaient composées d'une chemise beige à jabots usés, un pantalon brun en toile et d'une paire de bottes et gants en cuire abimés.

❀

Ça doit faire environ deux jours que nous marchons inlassablement dans une forêt sombre et humide. Le soleil semble n'avoir jamais vu le jour sur ces terres tant les arbres y sont épais.
Mes pieds me font souffrir le martyr et j'ai l'estomac dans les talons.

-Abi ? On est bientôt arrivé ? Demandais-je dans un supplice.

-Le désert améthyste n'est plus qu'à quelques minutes de marche. La carte nous indique que la température frôle les trente degrés là-bas.

Abi a ensuite replié la carte et l'a rangé dans la poche arrière de son pantalon. Elle passa une main dans ses cheveux roux tout en poussant un soupir.

-Avant de pénétrer dans le désert, on fera une pause pour s'alimenter et se reposer. La journée de demain s'annonce rude sous le soleil de plomb qui nous attend.

J'ai acquiescé en silence tout en serrant les dents, mon œil gauche me brulant de plus en plus.

Peu de temps après le mage de feu a proposé de se poser à cent mètre de la sortie de la forêt. Elle me semblait tourmentée par quelque chose, mais par quoi ?
Nous avons alors largué nos sacs à dos par terre comme de vulgaire sac à patates. Je me suis presque instantanément vautré contre le tronc de l'arbre le plus proche.

-Hé, princesse ! Au lieu de te la couler douce et de te tourner les pouces, va me chercher du bois pendant que je monte le camp !

J'ai soufflé pour moi-même et me suis levé en trainant des pieds. C'est avec très peu t'enthousiasme que je me suis attelé à la tache de ramasser des bâtons et des branches. Il ne m'a fallu que quelques instants avant de récolter un bon paquet de bois, alors je suis retourné auprès de ma guide.